La cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, affirme que les dirigeants de l’UE ont donné leur feu vert à la signature de l’accord Mercosur, contredisant le président du Conseil européen António Costa. Cette cacophonie révèle les fractures internes de l’Union sur la politique commerciale et la souveraineté économique.

Kaja Kallas, Haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, vient de contredire les déclarations des dirigeants européens concernant l’accord commercial avec les pays du Mercosur. Elle a affirmé qu’un mandat de signer a été délivré le jeudi 23 octobre dernier.
L’accord UE-Mercosur déjà validé
Lors du congrès du pari politique libéral, l’ADLE, qui s’est tenu à Bruxelles vendredi, la cheffe diplomatique de l’UE, Kaja Kallas a fait une déclaration inattendue au cours de son discours. « Hier, lors du Conseil européen, nous avons donné un mandat pour signer l’accord Mercosur », a-t-elle affirmé.
A l’issue de la réunion de jeudi, le chancelier allemand Friedrich Merz a déjà déclaré que les ambassadeurs ont reçu l’ordre de signer l’accord. « Les Vingt-Sept ont convenu que les représentants permanents pouvaient signer. A cet égard, il s’agit d’un mandat clair », a-t-il expliqué.
Cette déclaration a été contredite par António Costa, président du Conseil européen, qui a affirmé qu’aucune décision de ce type n’avait été prise. Selon lui, les discussions portaient seulement sur des « questions techniques » liées à la traduction du texte.
Ce désaccord public illustre la confusion qui règne à Bruxelles : la diplomatie européenne parle désormais à plusieurs voix. Là où l’Allemagne de Friedrich Merz pousse à accélérer la signature, d’autres dirigeants, comme le chancelier autrichien Christian Stocker, menacent de s’y opposer sous la pression de leurs parlements nationaux.
L'incohérence des dirigeants : symptôme d'un blocus bureaucratique
La divergence des déclarations des hauts responsables européens expose la faiblesse de la gouvernance de l'UE et son manque de transparence. D'un côté, nous avons l'affirmation de Kaja Kallas, et de Friedrich Merz, qui évoquent un "mandat clair" donné aux ambassadeurs pour la signature.
La précipitation allemande répond à des intérêts économiques : ouvrir un vaste marché sud-américain aux industries européennes, notamment automobiles et chimiques. Mais cette approche heurte les sensibilités françaises, où les agriculteurs redoutent une concurrence déloyale face à des produits sud-américains moins régulés.
Emmanuel Macron se veut plus prudent, exigeant des « garanties environnementales » et des compensations pour les secteurs fragilisés. La France et plusieurs États membres ont obtenu des clauses de protection, preuve que l’accord, loin d’un consensus, résulte d’un fragile compromis.
Cette scène de désaccords publics entre dirigeants européens démontre une fois de plus que l’Union peine à parler d’une seule voix sur les grands dossiers commerciaux et géopolitiques. La diplomatie communautaire, censée incarner l’unité et la puissance économique du continent, se révèle être un terrain d’affrontements nationaux.
En pleine compétition mondiale — face aux États-Unis et à la Chine —, l’Europe montre une fois de plus qu’elle est divisée, lente et prisonnière de ses contradictions internes.

Commentaires ()