Ah, la magie de la politique spectacle ! Vous vous souvenez de janvier 2025 ? L’époque bénie où Donald Trump, le messie orange de l’immobilier, nous jurait la main sur le cœur (et l’autre sur son compte X) qu’il réglerait la guerre en Ukraine en 24 heures. Chrono en main. Pas 25, pas 48. Vingt-quatre.

Nous sommes le 3 décembre 2025. Si mes calculs sont bons — et contrairement aux budgets de l’État, les miens tombent juste —, cela fait environ 8 000 heures que le compteur tourne. Et devinez quoi ? Le "Deal" du siècle ressemble de plus en plus à une arnaque en multipropriété.
Ce lundi 2 décembre, l’administration Trump a tenté un coup de poker digne d’une fin de soirée au casino d’Atlantic City. Ils ont envoyé Steve Witkoff à Moscou. Oui, vous avez bien lu. Pas un diplomate de carrière (Dieu nous en garde, ce sont des fonctionnaires), mais un magnat de l’immobilier et copain de golf du Président, flanqué de l’inévitable gendre, Jared Kushner.

L’idée était brillante sur le papier : envoyer deux types qui savent vendre des condos de luxe à Miami pour expliquer à Vladimir Poutine, un ex-KGBiste obsédé par la reconstruction de l'Empire tsariste, qu'il est temps de faire une "bonne affaire".
Résultat ? Cinq heures de réunion au Kremlin. Cinq heures. C’est long pour se dire non.

D'après les échos qui nous parviennent (entre deux sanglots des contribuables américains et européens qui financent ce joyeux bazar), la rencontre a été un fiasco retentissant. Witkoff est arrivé avec un plan de paix "révisé" de 28 points — probablement imprimé en police dorée. Poutine l’a regardé, a souri, et a rappelé que tant que ses chars roulaient sur Pokrovsk, les clauses de résiliation du contrat, c'était lui qui les écrivait.
Le Kremlin a qualifié l’échange de "constructif". En langage diplomatique, cela signifie : "Nous avons bu du thé, nous avons mangé des petits gâteaux, et nous leur avons gentiment indiqué la porte de sortie sans rien céder."
L’ironie libertarienne est ici savoureuse. Trump, l’homme qui déteste l’administration, découvre la lourdeur inamovible de la réalité géopolitique. Il pensait que la diplomatie internationale fonctionnait comme une négociation avec un sous-traitant en béton armé dans le Queens : un peu de pression, une menace de procès, et on tape dans la main.
Mais Poutine n'est pas un syndicat de charpentiers new-yorkais. Il ne veut pas une augmentation de salaire ; il veut des terres. Et Witkoff, le pauvre, s'est retrouvé à essayer de vendre une multipropriété en Crimée à quelqu'un qui a déjà changé les serrures et installé ses meubles.
Le clou du spectacle ? Poutine a profité de l’occasion pour blâmer les Européens. Selon lui, c’est la faute de l’Europe si la paix n’est pas signée. C’est merveilleux. On a donc deux super-états qui s'affrontent par procuration, et c’est la vieille tante Europe, bureaucratique et désarmée, qui joue le rôle du méchant.

En résumé, la "méthode Trump" se fracasse sur le mur de la réalité. La guerre continue, l’inflation de guerre aussi, et les promesses électorales de janvier s’évaporent comme la liberté individuelle devant un inspecteur du fisc.
La prochaine fois, peut-être que Donald devrait envoyer Elon Musk pour proposer à Poutine un ticket pour Mars ? Au point où nous en sommes, c'est peut-être la seule solution territoriale viable.
En attendant, le compteur tourne toujours. 24 heures, disait-il ?
P.S. : Si vous cherchez Steve Witkoff, il est probablement en train de vérifier si on peut construire un terrain de golf dans la zone démilitarisée. On ne sait jamais, sur un malentendu...


