Sondage sur l'Islam : l'impartialité de Frédéric Dabi mise en cause

Sondage sur l'Islam : l'impartialité de Frédéric Dabi mise en cause


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L’Ifop est sous le feu des accusations d'« islamophobie » après la publication d'un sondage de l'institut sur l'état des lieux du rapport à l'islam en France. Deux députés LFI et des associations musulmanes portent plainte. Cette offensive révèle la difficile pesée des âmes dès qu'il s'agit d'Islam. L'impartialité de Frédéric Dabi est mise en cause, mais par qui, et dans quel but ? Et Frédéric Dabi a-t-il prouvé son impartialité sur la question de l'Islam ?

La publication par l'Ifop de son enquête sur le « rapport à l'islam et à l'islamisme des musulmans de France » a déclenché une tempête politique et médiatique. Accusé d’alimenter l'« islamophobie » par La France insoumise (LFI) et plusieurs associations, l'institut, par la voix de son directeur général Opinion, Frédéric Dabi, riposte en portant plainte.

LFI désigne un ennemi : les chiffres

Les députés LFI Bastien Lachaud et Paul Vannier ont accusé publiquement l’Ifop de manipulation. Pour eux, l’étude serait “islamophobe”. L’accusation est lourde. Elle pose une nouvelle fois la question de l'impartialité réelle des instituts de sondage, dont le fonctionnement (notamment celui de l'IFOP) est opaque. Qui décide des questions posées au public ? Qui vérifie la façon dont elles sont effectivement posées au public ? S'agissant du sondage de l'IFOP sur l'Islam, l'opacité du processus pose d'autant plus question que l'impartialité de Frédéric Dabi est parfois interrogée dans le petit milieu parisien qui le connaît.

Plusieurs conseils départementaux du culte musulman ont déposé plainte contre X pour dénoncer le manque d’objectivité du sondage. Là encore, on criminalise les données plutôt que de débattre de leur contenu. La plainte devient un outil politique, non un instrument de vérité.

En qualifiant l’étude d'« islamophobe », ils cherchent évidemment à détruire la réputation de l'Ifop et de M. Dabi, en posant sur la place publique des questions qui tournent en boucle parmi les initiés, à tort d'ailleurs. Frédéric Dabi ne cache rien de ses engagements personnels, ce qui clôt le débat.

Dans le même temps, quatre conseils départementaux du culte musulman (CDCM) ont déposé une plainte contre X, estimant que le sondage « viole le principe d'objectivité » et distille « le poison de la haine dans l'espace public ». Ils reprochent à l'étude de se « fonder sur des questions orientées » et de se « focaliser sur des résultats minoritaires mis en avant à des fins polémiques ».

L’Ifop revendique une méthodologie “solide”

Si les deux élus LFI ont qualifié l'étude de « supercherie islamophobe » et d'« amalgame puant », Bastien Lachaud accusant même l'Ifop d'avoir construit « un récit anxiogène qui flatte l'idéologie d’extrême droite ».

L'Ifop, sans surprise, et selon une rhétorique rôdée, se défend en affirmant que son enquête respecte une « méthodologie extrêmement solide ». Frédéric Dabi rappelle que l’enquête de l’Ifop repose sur 1 005 répondants musulmans issus d’un panel de 14 000 personnes (d’où le 7 % de musulmans). L’enquête s’inscrit, affirme-t-il, dans une longue tradition de travaux sur les croyances et pratiques religieuses. L'enquête a été commandée par le média confidentiel « Ecran de veille », se présentant comme « le mensuel pour résister aux fanatismes ».

Selon Dabi, dont les positions personnelles sur le sujet font parfois l'objet de commentaires désobligeants dans les milieux parisiens, les réactions politiques dépassent largement le cadre scientifique. Le débat n’est plus méthodologique : il est idéologique. Et il met en lumière un phénomène préoccupant : la volonté de mettre sous tutelle la recherche qui se déclare indépendante.

Chacun ira bien entendu de son commetaire sur l'inversion accusatoire, à laquelle on recourt lorsqu'on est à court d'argument.

L’affaire Ifop dépasse un simple débat de sondage. L’exigence d'« impartialité » devient ici un chantage pour obtenir la conformité idéologique, qu'on appartienne à un camp ou à l'autre. Il faut défendre M. Dabi, non pas pour le contenu spécifique du sondage, mais pour le principe fondamental qui est attaqué : le droit de savoir, de mesurer et de publier des faits qui dérangent le statu quo idéologique. Mais, il est vrai, qu'un peu de transparence de l'IFOP sur ses postures affinitaires contribuerait à apaiser le débat.


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Rédaction

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