Six millions d’étrangers en France: une diversité grandissante mais une intégration en panne

Six millions d’étrangers en France: une diversité grandissante mais une intégration en panne


Partager cet article

La population étrangère en France se diversifie, mais la politique migratoire reste floue entre accueil humanitaire et incapacité d’intégration réelle.

a group of construction workers standing on the side of a road
Photo by luca booth / Unsplash

Selon une étude menée par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), le nombre de personnes étrangères vivant en France s’élève à 6 millions en 2024. Leurs nationalités sont variées. Mais près de la moitié de ces étrangers résidant en France proviennent d’un pays africain. Une part des personnes immigrées disposent déjà d’une nationalité française.

L’Afrique en tête, l’Europe en recul

L’Insee vient de publier une étude sur les personnes étrangères vivant en France. Selon ce rapport, leur nombre s’élève à 6 millions en 2024. Ces étrangers représentent donc 8,8 % de la population française. 900.000 d’entre eux sont nés en France et la plupart d’entre eux, soit 700.000 individus, sont des mineurs âgés de moins de 13 ans. Ces jeunes étrangers représentent 10% de la population âgée de moins de 13 ans en France.

Notons qu’il existe une nuance entre les termes « personne étrangère » et « immigré ». Dans la statistique publique, les immigrés sont des étrangers nés hors de la France. Mais lorsqu’ils obtiennent la nationalité française, ils deviennent des Français.  Les personnes nées en France ne sont pas des immigrés. C’est le cas des 900.000 individus présentés dans cette étude de l’Insee. Ils peuvent obtenir la nationalité française lorsqu’ils atteignent la majorité, sous conditions de résidence. Il leur est aussi possible d’effectuer une demande de naturalisation anticipée à l’âge de 13 ans. Voilà pourquoi, la proportion des immigrés de 13 à 17 ans est plus faible par rapport à celle des individus de moins de 13 ans.

Selon ce rapport de l’Insee, les personnes étrangères représentent 8,8% de la population française en 2024. Leurs nationalités sont très variées. Mais d’après cette étude, la part des étrangers originaires d’un pays africain a fortement augmenté. En 1968, un sur 4 des étrangers vivant en France, soit 25%, possédait une nationalité africaine. Le reste était originaire d’un pays européen. En 2024, 46% des étrangers résidant en France sont des Africains de naissance. 35% de ces 6 millions de personnes étrangères possèdent la nationalité d’un pays européen.

L’étude de l’Insee a également révélé que la part des personnes étrangères dans la population française est inférieure à la moyenne européenne. En effet, selon les données d’Eurostat, les étrangers représentent 8,9% de la population en Italie, 13,4% en Espagne, 13,8% en Belgique, 14,5% en Allemagne, 27% en Suisse, et 47,2% en Luxembourg.

L’acquisition de nationalité reste un processus trop complexe


Les flux européens – Espagnols, Portugais, Italiens – se sont taris, remplacés par des arrivées du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne.

Cette diversification est inévitable dans un monde interconnecté. Mais elle met à l’épreuve un modèle républicain centralisé, fondé sur l’uniformité culturelle. Là où d’autres pays favorisent l’autonomie communautaire, la France continue d’imposer un moule unique.

Le nombre d'immigrés (nés à l'étranger) atteint 7,7 millions, dont 2,6 millions ont obtenu la nationalité française. Pourtant, le déclin des acquisitions parmi les Européens montre que le chemin vers l'intégration administrative est semé d’embûches, même pour des citoyens de l'UE.

Un État qui rend l'acquisition de papiers trop lourde entrave l'intégration et la pleine participation au tissu économique et social.


Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
Comment Musk et l'UE se tiennent par la barbichette pour censurer les réseaux, par Thibault de Varenne

Comment Musk et l'UE se tiennent par la barbichette pour censurer les réseaux, par Thibault de Varenne

L'amende que la Commission Européenne inflige à X fait du bruit. Elle nourrit le sentiment que le réseau d'Elon Musk est un paradis de liberté face à un Vieux Continent de moins en moins libéral. Pourtant, la réalité est différente. Très différente ! car il n'y en a pas un pour racheter l'autre. L'écosystème numérique mondial traverse actuellement une mutation structurelle profonde, catalysée par la collision frontale entre deux paradigmes normatifs antagonistes : l'expansionnisme réglemen


Rédaction

Rédaction

Comment l'Union Européenne organise la censure de la presse, par Thibault de Varenne

Comment l'Union Européenne organise la censure de la presse, par Thibault de Varenne

Emmanuel Macron a évoqué une labellisation de la presse (qui serait confiée à des acteurs privés) à plusieurs reprises. Les médias subventionnés expliquent peu qu'il ne s'agit pas d'une lubie présidentielle... mais d'une déclinaison pur eet simple d'un règlement européen de 2024, passé sous les radars. Nous vous expliquons aujourd'hui comment ce règlement va tordre le cou de la presse... dans un continent qui se proclame comme celui des libertés. L'adoption du Règlement (UE) 2024/1083, comm


Rédaction

Rédaction

Nutri-Score A, bedaine XXL : journal d’un bobo en perdition, par Veerle Daens

Nutri-Score A, bedaine XXL : journal d’un bobo en perdition, par Veerle Daens

Ah, quel drame hier soir à l’Assemblée ! Les députés ont osé dire non à l’obligation du Nutri-Score sur tous les emballages. On a frôlé la révolution quinoa-bio. Heureusement, les lobbies du camembert et de la saucisse de Morteau ont tenu bon. La République est sauvée. Mais pensons à lui. À ce pauvre Gaspard, 38 ans, chargé de mission « transition écologique et inclusion » à la Métropole de Lille, qui a vécu la pire soirée de sa vie depuis que son bar à poke a fermé pour cause de trop de g


CDS

CDS

Lecornu a tranché : on sauve la gamelle, on crève les entrepreneurs

Lecornu a tranché : on sauve la gamelle, on crève les entrepreneurs

Évidemment, Sébastien Lecornu a sauvé sa tête. Il fallait s’y attendre : le garçon n’a jamais eu à se lever à 5 h du matin pour ouvrir un rideau de fer, jamais eu à supplier un banquier, jamais eu à choisir entre payer l’Urssaf ou nourrir ses gosses. Sa seule expérience du « privé », c’est le badge d’accès au parking réservé des ministères. Mais pour conserver le volant de la limousine avec chauffeur, il excelle. Et là, il a été magistral. Le deal est simple, et délicieusement pourri : on au


Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe