Sans géopolitique, toute analyse économique devient vaine en 2022, par Florent Machabert

Sans géopolitique, toute analyse économique devient vaine en 2022, par Florent Machabert


Partager cet article

Dans le jeu belliqueux de la multiplication tous azimuts des alliances, nous souhaitons revenir sur l’une des nombreuses bombes tombées cette semaine : après un séjour officiel en Arabie Saoudite où il a rencontré les plus hautes autorités du Royaume, le président d’Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa, a déclaré que l’Arabie Saoudite, par la voix du prince héritier Mohammed ben Salmane Al Saoud (alias MBS) a exprimé son souhait de rejoindre le groupe des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud). Une révélation qui intervient après que l’Arabie Saoudite a mis de l’eau dans le gaz dans sa relation avec les Etats-Unis en optant, avec Moscou, pour une réduction de la production pétrolière de l’OPEP+ (nous vous en parlions dans notre 14ème Hebdo de l’épargnant samedi dernier).

Il convient de noter que l’Arabie Saoudite n’est pas le seul pays à vouloir devenir membre des BRICS, plusieurs autres Etats ayant également exprimé ce souhait : la Colombie, l’Indonésie ou encore l’Argentine. Si cette annonce est de nature à accélerer la logique d’une dédollarisation du monde encore largement semée d’embûches, elle pourrait aussi contribuer à conforter celle d’un basculement vers une Troisième guerre mondiale à bas bruit. Si cette semaine a en effet été le théâtre de rumeurs persistantes en la matière (intervention de troupes US à Haïti, démenti d’un soutien militaire de Tel-Aviv à Kiev et de Téhéran à Moscou, voir ci-dessous « Le chiffre de la semaine »), une autre information a, pour sa part, été bel et bien confirmée : nous avons appris que la Chine a décidé de cesser d’exporter vers l’Europe le gaz russe qu’elle liquéfiait pour nous pour se constituer ses propres réserves stratégiques. Encore une excellente nouvelle pour cet hiver !

Le chiffre de la semaine

223 drones

223, c’est le nombre de drones iraniens que l’armée ukrainienne aurait détruits depuis mi-septembre. L’Ukraine a fait état ces dernières semaines d’une multiplication des attaques russes utilisant des drones Shahed-136 de fabrication iranienne. D’après Kiev, l’armée russe utilise ces drones « kamikazes », d’une portée de 2 500 kms, depuis début septembre. La Russie et l’Iran ont, quant à eux, fermement démenti à l’ONU toute fourniture iranienne de drones armés dans le cadre de la guerre en Ukraine. Pour Moscou, les drones « utilisés par l’armée russe en Ukraine sont de fabrication russe ».

Il n’en fallait cependant pas davantage pour que l’UE décide de nouvelles mesures contre l’Iran (on se demandera au passage si l’UE sait désormais faire autre chose que surveiller, sanctionner, faire chanter, subventionner et taxer). Une nouvelle liste de sanctions est donc à l’étude, notamment contre la compagnie iranienne Shahed Aviation Industries (qui a pourtant affirmé qu’elle avait ou allait prochainement avoir des clients dans 22 pays), liée aux puissants Gardiens de la révolution, et contre trois responsables militaires, dont le général Mohammed Hossein Bagheri, chef d’état-major des forces armées iraniennes. Sûrement pour faire oublier le conseil déplacé qu’il a prodigué à une jeune américaine en marge d’un déplacement dans une école californienne, Biden a embrayé en affirmant avoir des preuves concrètes de la provenance de ces drones kamikazes. Ouf ! le feuilleton va pouvoir continuer…

La déclaration de la semaine

« Nous appelons à la suppression de tous les obstacles artificiels et illégitimes et au fonctionnement normal des chaînes d’approvisionnement mondiales ». V Poutine

S’exprimant lors d’un sommet à Astana, au Kazakhstan, Poutine a proposé de réviser les principes du système financier international (SMI), qui, pendant des décennies, aurait permis au « milliard doré autoproclamé » (l’Occident) de vivre aux dépens des autres, en refermant « sur lui-même tous les flux de capitaux et de technologie » ; point de vue visiblement partagé par plusieurs partenaires asiatiques. Lors du 6ème sommet de la CICA (Conférence pour l’interaction et les mesures de confiance en Asie), le président russe, visiblement remis du cancer qui le dévorerait de toutes parts, a ainsi estimé qu’il faudrait revoir de fond en comble le SMI. Il a notamment plaidé pour une stratégie qui passe par une utilisation plus active des monnaies nationales dans les règlements mutuels des futures parties prenantes, ce qui contribuerait à renforcer la souveraineté financière des Etats et à résoudre plus rapidement les problèmes urgents en matière de sécurité alimentaire.

L’actif de la semaine

Des actions françaises, envers et contre tout : dossier 8 disponible ce dimanche 23/10

Oui l’indice CAC40 a perdu 17% de sa valeur depuis le début de l’année. Oui les incertitudes économiques et financières sont grandes et la volatilité en bourse inévitable. Et pourtant, dans le parcours de sécession patrimoniale construit patiemment par Samarie & Cie en partenariat avec Le Courrier des Stratèges, il nous apparaît indispensable de vous équiper d’un viatique pour vous constituer un portefeuille d’actions françaises tout-terrain. Surtout que les derniers chiffres de la collecte du Livret A sont effarants : 2,7 Mds € collectés en septembre 2022, rémunérés, rappelons-le, à seulement 2%, ce qui fait un rendement réel (déduction faite d’une inflation de 6%) de -4%. Si l’inflation persistait à ce rythme, plus du quart de votre capital fondrait en 5 ans ! Stop donc avec les dépôts « sans risque » ! Place aux actions, moyennant les précautions que nous vous donnons dans ce dossier complet de 21 pages.  

Retrouvez nos dossiers bimensuels de sécession patrimoniale dans la boutique :

  • le N°1 consacré aux différentes classes d’actifs pour traverser la stagflation ;
  • le N°2 sur l’or-investissement ;
  • le N°3 sur les métaux blancs ;
  • le N°4 sur les matières premières ;
  • le N°5 sur l’art-investissement
  • le N°6 sur le non coté ;
  • le N°7 sur les devises étrangères ;

le N°8, à paraître dimanche 23/10, traitera de la constitution d’un portefeuille d’actions françaises.


Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
Libérons le capitalisme de l’Etat pour sauver la liberté!

Libérons le capitalisme de l’Etat pour sauver la liberté!

Le diagnostic dressé en février 2023 par Martin Wolf, célèbre éditorialiste au Financial Times,dans The Crisis of Democratic Capitalism, est d’une lucidité brutale, mais il se trompe de coupable : oui, le mariage entre capitalisme et démocratie bat de l'aile ; oui, les classes moyennes se sentent trahies par la mondialisation ; mais non, le capitalisme n’est pas intrinsèquement responsable de cette dérive vers l’autoritarisme. Ce qui tue la démocratie libérale aujourd'hui, ce n'est pas l'excès


FLORENT MACHABERT

FLORENT MACHABERT

Patrick Cohen vire complotiste devant les députés, par Veerle Daens

Patrick Cohen vire complotiste devant les députés, par Veerle Daens

C’était un moment de télévision d’une pureté soviétique, un instant suspendu où la réalité a fait une pirouette avant de s’écraser sur le marbre froid de l’Assemblée nationale. Nous avons assisté, émus aux larmes (payées par nos impôts), au calvaire de Patrick Cohen. Imaginez la scène : un employé de l’État, payé par la puissance publique, assis au cœur d'une institution publique, expliquant avec le plus grand sérieux que l'indépendance, la vraie, la seule, c'est celle qui est subventionnée. Et


CDS

CDS

La loi spéciale ou l'autopsie du "cadavre exquis" gaulliste

La loi spéciale ou l'autopsie du "cadavre exquis" gaulliste

Il aura fallu attendre l'hiver 2025 pour que la fiction juridique de la Ve République s'effondre enfin sous le poids de sa propre obsolescence. Le spectacle tragi-comique auquel nous assistons — ce rejet du budget, cette valse des Premiers ministres (Barnier, Bayrou, Lecornu) et ce recours humiliant à la "loi spéciale" — n'est pas une crise. C'est une clarification. C'est la preuve définitive que le logiciel du "parlementarisme rationalisé", conçu en 1958 pour museler la représentation natio


Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Ukraine, Mercosur, fédéralisme : l'UE revient à la case départ, par Elise Rochefort

Ukraine, Mercosur, fédéralisme : l'UE revient à la case départ, par Elise Rochefort

Si les sommets de décembre sont traditionnellement ceux des bilans, celui qui vient de s'achever sous la houlette d'António Costa (son premier "vrai" grand oral d'hiver) a surtout ressemblé à une veillée d'armes budgétaire et géopolitique. Le document final, sobrement intitulé « Conclusions », se lit moins comme une liste de cadeaux de Noël que comme un inventaire lucide des défis qui attendent l'Union en 2026. Attention aux 3 sujets mortifères du Conseil européen, par Thibault de VarenneAutou


Rédaction

Rédaction