
Il existe un paradoxe apparent qui devrait faire imploser les logiciels de pensée de nos élites étatistes et de nos moralistes de salon. Comment se fait-il que la Hongrie de Viktor Orbán et la République Tchèque, en pleine mutation conservatrice, soient les championnes incontestées, les reines hors catégorie de la production pornographique européenne par habitant ? Comment ces nations, qui brandissent la famille traditionnelle et les valeurs chrétiennes comme un bouclier contre la décadence occidentale, peuvent-elles être simultanément les usines à fantasmes du continent?

Pour l'observateur superficiel, c'est une contradiction insoluble. Pour le libertarien, c'est une démonstration éclatante, presque caricaturale, d'un axiome fondamental : le marché se moque éperdument de vos sermons. Il ne répond qu'à une seule loi, celle de l'offre et de la demande, façonnée par la plus puissante des forces : l'incitation économique. Ce que nous observons à Prague et à Budapest n'est pas un paradoxe ; c'est la conséquence logique et prévisible de décennies d'étatisme à l'Ouest et d'un pragmatisme économique brutal à l'Est.
La Main Invisible du différentiel de rémunération
Le premier moteur de ce phénomène n'a rien de culturel ou de moral. Il est purement, et magnifiquement, économique. Oubliez les discours sur la "libération des mœurs" ou la "dignité humaine". Regardons les chiffres, ces arbitres froids et impartiaux de la réalité. Le salaire annuel moyen en Hongrie est d'environ 24 500 euros, contre près de 50 000 euros en France. L'écart est abyssal. Pour une jeune femme ou un jeune homme à Budapest, le calcul est d'une simplicité cruelle. Quelques jours de tournage dans une production destinée au marché allemand ou américain peuvent rapporter l'équivalent de plusieurs mois, voire d'une année entière de travail dans un café ou un bureau.