Quand la BCE fait croire à la liberté des banques alors qu’elle les a totalement sous contrôle.

Quand la BCE fait croire à la liberté des banques alors qu’elle les a totalement sous contrôle.


Partager cet article

La BCE vient de publier son rapport 2020 sur les banques de l'eurozone. Elle y pointe des fragilités inattendues. En fait, le risque d'une crise systémique est quasi-nul.  Pilotées par Francfort, les banques centrales nationales inondent en effet les systèmes bancaires nationaux de liquidités. Au détriment du rendement de l'épargne et de la libre concurrence. beaucoup de gesticulation donc pour faire croire que nous sommes encore en "économie de marché".

Les établissements bancaires de l’UE « nationalisés » par la BCE

La patronne de la Banque Centrale Européenne (BCE), Christine Lagarde, déclarait, il y a un an : « les banques [européennes] sont plus solides que lors de la crise de 2008 ». Et c’est logique, puisqu’elles ne prennent plus aucun risque.

Les contraintes réglementaires nées de la crise de 2008, ont rendu les banques dépendantes des liquidités distribuées gratuitement par la BCE. Ainsi, les banques françaises sont-elles devenues de simples distributeurs de produits et de crédits avec pour maison mère l’institution de  Francfort-sur-le-Main (Allemagne). Elles n’ont plus qu’un rôle : recycler l’argent de la BCE.

La crise actuelle du coronavirus a démontré cet adoubement. Dès le début de la crise, toutes les banques se sont précipitées dans les jupons de la BCE. Puis, cadrées par l’institution monétaire, elles ont distribué des crédits, alimentés par la BCE et garantis à hauteur de 90% par l’Etat (via la Banque Publique d’Investissement – BPI).

Alors, que signifie l’alerte de la BCE sur la solvabilité des banques ? En effet, en moyenne, les 65 banques visitées par le superviseur ont vu leur ratio de fonds propres durs « CET1 », indicateur-clé qui mesure la capacité à surmonter une éventuelle crise, baisser de près 70 points de base à la suite de l’examen ciblé mené par la BCE sur la période de 2018 à 2021, selon le rapport 2020 de la BCE consacré à la supervision bancaire.

Eh bien, il s’agit de dire au bon public : rassurez-vous, tout va bien, nous surveillons les banques comme il se doit. On fait attention à l’argent créé à partir de rien.

Préparer le terrain au futur bras de fer au sujet des PGE allègrement accordés qui ne seront jamais remboursés. Les banques disant : c’est pas nous, c’est l’État qui nous a forcé, aux contribuables de payer la casse. L’État rétorquant : oui mais vous n’avez pas fait votre boulot de due diligence en accordant tous ces prêts.

Ainsi, l’ensemble des établissements bancaires européens auront-ils été nationalisés dans les faits entre 2008 et 2020.

Faut-il s’en réjouir ?

Oui, pour les déposants, car la Banque Centrale Européenne ne peut faire faillite (normalement). Oui, pour les entreprises qui y trouveront une source de crédits inépuisables garantis par l’Etat.

Non pour tous les épargnants car la manipulation des taux de crédit par la BCE est en contradiction avec le jeu de la libre concurrence. Non, pour tous les citoyens qui « vendent » leur liberté à un monstre étatique.

Bref, la crise de la Covid-19 aura fait une nouvelle victime en achevant définitivement l’économie libérale.


Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
Le nouveau « fonds Défense » lancé par BPI peut-il remplacer votre livret A ?

Le nouveau « fonds Défense » lancé par BPI peut-il remplacer votre livret A ?

Depuis sa réélection, Donald Trump a annoncé réévaluer l'engagement des États-Unis au sein de l’OTAN, expliquant que son pays ne garantirait plus automatiquement la sécurité de l’Europe. Cette incertitude croissante a poussé les pays européens à reprendre en main leur propre défense et à renforcer leur indépendance stratégique. L’UE a ainsi lancé le plan ReArm, doté de plus de 800 Mds €, pour moderniser ses capacités de défense et réduire sa dépendance militaire envers les USA. Les budgets m


FLORENT MACHABERT

FLORENT MACHABERT

Les drones et ChatGPT : le monde libertarien en devenir, par Eric Lemaire
Photo by Emiliano Vittoriosi / Unsplash

Les drones et ChatGPT : le monde libertarien en devenir, par Eric Lemaire

L’époque a ceci d’étonnant qu’elle avance masquée. On annonce partout l’avènement d’un monde dystopique dominé par l’intelligence artificielle, la surveillance totale, les oligarchies numériques et le contrôle algorithmique des populations. Pourtant, à y regarder de près, un autre phénomène se produit en parallèle, comme une évolution inattendue et presque subversive : l’IA agentique donne à chaque individu des moyens d’action qui, hier encore, n’appartenaient qu’aux États souverains. Le monde


Rédaction

Rédaction

Hôpital public : quand l'État planifie la pénurie

Hôpital public : quand l'État planifie la pénurie

En 2024, 2 000 lits supplémentaires ont été fermés, l’État présente cette contraction comme un « virage ambulatoire ». Derrière cette novlangue sanitaire, l’hospitalisation complète devient une exception coûteuse, victime d’une bureaucratie incapable d’assurer sa propre mission première : soigner. Tandis que la Drees annonce la fermeture de 2 000 lits d’hospitalisation complète en 2024, le soi-disant "ralentissement" de la baisse masque une décennie de désengagement . Ce recul des capacités hos


Lalaina Andriamparany

Lalaina Andriamparany

Avez-vous forcément besoin d'une mutuelle ?

Avez-vous forcément besoin d'une mutuelle ?

Bien qu'elle ne soit pas obligatoire (sauf pour les salariés du secteur privé), souscrire à une complémentaire santé (souvent appelée "mutuelle") est considéré comme quasi indispensable. Est-ce bien raisonnable ? La France bénéficie d'un système de santé de plus en plus contesté via l'Assurance Maladie (la Sécurité Sociale), qui est obligatoire pour tous les résidents. Elle couvre une part importante des frais médicaux. Cependant, l'Assurance Maladie ne rembourse que très rarement 100 %


Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe