Narcotrafiquants : comment la France  propulse la cocaïne au sommet des marchés noirs

Narcotrafiquants : comment la France propulse la cocaïne au sommet des marchés noirs


Partager cet article

En France, la consommation de cocaïne est de plus en plus banalisée. Sa consommation a triplé depuis 2010, générant 3,1 milliards d'euros en 2023, surpassant le cannabis en valeur. Cette explosion, alimentée par la prohibition étatique, illustre l'inefficacité des politiques répressives.

Une note de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives, publiée lundi, révèle une explosion de la consommation des stupéfiants et une croissance fulgurante du narcotrafic. En effet, le volume de drogues vendues a augmenté et le chiffre d’affaires a presque triplé. Selon cette étude, la cocaïne s’impose également sur le marché. Elle a dépassé le cannabis.

L’évolution du marché des drogues en France

L’étude publiée par l’OFDT le lundi 8 décembre 2025 a révélé une forte croissance du marché des drogues illicites en France, hors territoires d’outre-mer. Selon les estimations, le chiffre d’affaires a atteint 6,8 milliards d’euros en moyenne, contre 2,3 milliards d’euros en 2010. Il a presque triplé. Un rapport du Sénat en 2024 a révélé une fourchette entre 3 milliards et 6 milliards d’euros par an.

Cette évaluation de l’OFDT confirme la déclaration du ministre de la Justice, Gérald Darmanin, concernant l’expansion du trafic des stupéfiants. Selon le garde des Sceaux, le réseau de narcotrafiquants originaire des quartiers nord de Marseille connu sous le nom de DZ Mafia a réalisé « sans doute entre 5 et 6 milliards d’euros d’argent liquide ».

Crise du fentanyl : mise en place d’un système d’alerte précoce au Royaume-Uni
La montée en puissance des opioïdes synthétiques, notamment du fentanyl, constitue une préoccupation croissante au Royaume-Uni. Pour contrer cette menace

Pour la première fois, la cocaïne est devenue le stupéfiant qui génère le plus gros chiffre d’affaires. Cependant, le cannabis reste le leader en volume, avec 397,4 tonnes consommées en 2023 contre 224,5 en 2010, générant 2,7 milliards d'euros. Son marché stagne relativement, représentant avec la cocaïne 90 % du chiffre d'affaires total des drogues illicites. Cette "stabilisation" contraste avec l'essor fulgurant de la cocaïne, dont les quantités ont triplé. Les auteurs de l'étude alertent sur une substance "de plus en plus bon marché", accessible à un public élargi.

Selon l’Office antistupéfiants (Ofast), le coût de la coke a baissé à 58 euros en 2024, ce qui explique une hausse de la quantité vendue.

« Le produit est devenu accessible à des organisations »

a indiqué le commissaire divisionnaire et patron du service interdépartemental de la police judiciaire (SIPJ) de Bordeaux, Jean-René Personnic.  

Ce rapport de l’OFDT est basé sur des enquêtes épidémiologiques menées auprès de la population. Les fréquences d’usage, les prix locaux et les quantités consommées sont les principaux paramètres pris en compte.

Selon les enquêteurs, les narcotrafiquants ont mis en place des stratégies commerciales et ont adopté un nouveau mode opératoire, rendant les contrôles plus difficiles.

Inquiétante croissance des autres psychostimulants

Cocaïne et cannabis représentent près de 90 % du marché total. Au-delà de la cocaïne, l'étude pointe une hausse alarmante des amphétamines et de l'ecstasy/MDMA:

  • +637 % pour l’ecstasy/MDMA en valeur depuis 2010,
  • +470 % pour les amphétamines,
  • Retour marqué de l’héroïne après 2017,
  • Progression rapide du crack.

En volume total, les consommations ont augmenté de 87,5 % depuis 2010.
La cocaïne suit une trajectoire spectaculaire : de 15 tonnes en 2010 à 47 tonnes en 2023.

Sur le plan mondial, la production de cocaïne atteint un record de 3 700 tonnes en 2023, presque quatre fois plus qu’au début des années 2010. La France n’échappe pas à cette dynamique internationale, mais elle y ajoute sa propre inefficacité structurelle : politiques publiques incohérentes, criminalisation massive des petits consommateurs, et incapacité à perturber durablement les flux.

En focalisant les ressources publiques sur la répression, l'État gaspille des milliards en poursuites judiciaires et sécuritaires, sans réduire la demande.

Accro à l’étatisme, Macron pénalise toutes les autres drogues, par Modeste Schwartz
Dans le cadre de sa droitisation de com’, Macron parle de « responsabilité collective » pour justifier son refus de cette dépénalisation

Plus la répression se durcit, plus le marché se diversifie, se professionnalise et s’adapte. En général, les ports restent le principal accès de la cocaïne. Mais depuis quelque temps, les réseaux criminels ont choisi une autre voie d’acheminement en raison des « mesures de sécurité renforcées ». Désormais, la cocaïne est transportée par la route en provenance d’Espagne. La « guerre contre la drogue » devient une formidable incitation à l’innovation criminelle.

L'étude de l'OFDT confirme une France de plus en plus accro à la cocaïne, non par fatalisme culturel, mais par les effets pervers d'une prohibition liberticide. Avec un marché global triplé en treize ans, il est temps de repenser l'approche étatique : une libéralisation encadrée, inspirée des succès du cannabis médical aux États-Unis, pourrait démanteler les cartels, générer des taxes légitimes et prioriser la prévention sur la punition. Sans cela, les Français paieront le prix fort d'une politique qui enrichit les criminels.


Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
Protection de l’enfance ou camp de redressement ? L’horreur ordinaire du service public

Protection de l’enfance ou camp de redressement ? L’horreur ordinaire du service public

À Paris, des éducateurs de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) ont rasé le crâne d’un garçon de 8 ans placé, l’ont filmé et moqué sur WhatsApp. Une « sanction » décidée sans accord parental ni judiciaire : l’État éducateur dans toute sa splendeur. Février 2025, foyer Jean-Cotxet (13e arrondissement). Eliott *, 8 ans, placé par décision judiciaire, est assis torse nu sur une chaise. Une éducatrice lui passe la tondeuse sur la tête tandis qu’un collègue filme et commente : « On va t’appeler Double F


Lalaina Andriamparany

Lalaina Andriamparany

Transparence : pourquoi le CDS s'apprête à exclure Edouard Husson

Transparence : pourquoi le CDS s'apprête à exclure Edouard Husson

Dans notre souci de transparence vis-à-vis de nos lecteurs, nous publions aujourd'hui le rapport moral du président de la société éditrice du Courrier des Stratèges demandant l'exclusion du capital d'Edouard Husson pour manquement à l'affectio societatis de l'entreprise. Ce rapport a été adopté à l'unanimité lors de l'Assemblée Générale exceptionnelle du 8 décembre 2025, à laquelle Edouard Husson n'a pas voulu participer quoi qu'il détienne 35% des parts du Courrier des Stratèges.


Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

La responsabilité du Titanic (ou comment Lecornu a nationalisé le dictionnaire), par Veerle Daens

La responsabilité du Titanic (ou comment Lecornu a nationalisé le dictionnaire), par Veerle Daens

Il faut parfois rendre hommage à l’audace. Pas celle de l’entrepreneur qui hypothèque sa maison pour créer de la valeur – cette audace-là est morte depuis longtemps sous les coups de boutoir de l’URSSAF. Non, je parle de l’audace sémantique de nos maîtres. Cette capacité fascinante à vous regarder dans le blanc des yeux, la main profondément enfoncée dans votre poche, pour vous expliquer que s’ils vous la font (la poche...), c’est par pure grandeur d’âme. Les trois parties du Projet de loi de f


CDS

CDS

Comment stopper l’incroyable braquage de la « rente d’Etat » indexée sur l’inflation ?

Comment stopper l’incroyable braquage de la « rente d’Etat » indexée sur l’inflation ?

Les obligations assimilables du Trésor indexées sur l'inflation ne sont pas de simples instruments financiers : elles sont devenues le symbole d'une progressive capitulation budgétaire, au point d’apparaître aujourd’hui comme un véritable « braquage légal » organisé au profit d’une minorité d'investisseurs, sous le regard complaisant – ou ignorant – de l'État. Il est cependant grand temps d’appeler un chat un chat : ce montage, présenté fin 1998 lors de sa création par Dominique Strauss-Kahn com


FLORENT MACHABERT

FLORENT MACHABERT