Malgré une dérive autoritaire, Macron contrôle de moins en moins le pays

Le paradoxe fondamental du macronisme réside dans cette dynamique contradictoire : plus le régime durcit son emprise coercitive sur la société, moins il semble maîtriser le destin du pays. Depuis 2017, la France vit sous le joug d'un pouvoir qui se rêve en modernisateur progressiste, mais qui agit en réalité comme une technocratie paniquée, multipliant les lois liberticides, la surveillance et la répression. Pourtant, cette inflation autoritaire masque mal l'effondrement de l'autorité réelle de l'État et la dissolution de la puissance française.

Le "nouveau monde" promis s'est avéré être un système hybride : une tyrannie managériale pour les affaires intérieures et une impuissance stratégique sur la scène internationale. Chronique d'un régime qui, à force de vouloir tout contrôler, ne maîtrise plus rien.

Acte I : la révolte des périphéries et le choix de la violence (2018-2019)

L'idylle entre Emmanuel Macron et sa "Start-up Nation" fut de courte durée. Le projet de dissolution de la France dans le grand bain de la globalisation managériale s'est heurté au mur du réel : le peuple. Le mouvement des Gilets Jaunes, insurrection viscérale des "gens qui ne sont rien", a révélé la fracture béante entre la caste dirigeante et la France périphérique. C'était le refus de la gouvernance par les chiffres, incarnée par la taxe carbone.

Face à cette contestation inattendue, le pouvoir, surpris que le peuple ne se comporte pas comme un tableur Excel, a réagi avec une brutalité sidérante. Le macronisme a abandonné son masque libéral pour endosser l'uniforme de l'État policier. LBD, grenades, mutilations : la doctrine du maintien de l'ordre est devenue une doctrine de guerre civile de basse intensité.

L'arsenal juridique a suivi le pas avec la loi "anti-casseurs", visant à criminaliser toute opposition sérieuse. Cette première séquence a établi le mode opératoire du régime : à chaque résistance de la société civile, la réponse sera la répression, jamais la remise en question.

Acte II : l'ingénierie de l'obéissance et l'État d'exception permanent (2020-2022)

La crise du Covid-19 fut une aubaine divine pour ce pouvoir obsédé par le contrôle. Elle a permis une expérimentation grandeur nature de l'asservissement volontaire. Sous couvert d'impératifs sanitaires, la Macronie a déployé un dispositif de dressage social inédit.

La gouvernance s'est bunkerisée au sein du Conseil de défense, instance opaque décidant de la suspension des libertés fondamentales. La bureaucratie s'est déchaînée : confinements absurdes, couvre-feux, et le retour de l'Ausweis sous forme d'attestation dérogatoire. L'État s'est arrogé le droit de vie et de mort sociale sur les commerces, décrétant ce qui était "essentiel" et ce qui ne l'était pas.

Le point culminant fut l'instauration du Passe Sanitaire, puis Vaccinal. C'était l'introduction du crédit social à la française, fracturant délibérément la nation entre citoyens dociles et parias. La violence d'État s'est exprimée dans toute sa cruauté avec la suspension des soignants non vaccinés, jetés sans ressources. L'aveu d'Emmanuel Macron – "j'ai très envie d'emmerder les non-vaccinés" – a consacré la transformation de l'État en machine punitive, ciblant une partie de sa propre population. Cette période a normalisé l'état d'exception et habitué les Français à un contrôle technologique permanent de leurs mouvements.

Acte III : la fuite en avant autoritaire et le déni démocratique (2023 à nos jours)

Privé de majorité absolue depuis 2022, le régime a choisi le passage en force systématique. La réforme des retraites de 2023 a illustré ce déni démocratique assumé. Contre la rue, contre les syndicats, contre l'opinion majoritaire, le pouvoir a imposé sa volonté via l'usage compulsif de l'article 49.3. Le Parlement est devenu une fiction, et la gouvernance, un coup d'État permanent.

Anticipant une résistance croissante face à l'échec de ses politiques, le régime prépare désormais les outils de la répression future. C'est le sens de l'offensive menée par Emmanuel Macron au niveau européen pour imposer le "Chat Control" (CSAM). Sous le prétexte moralisateur de la protection de l'enfance, ce projet vise à scanner tous les messages privés avant leur chiffrement. C'est la fin du secret de la correspondance et l'installation d'un mouchard universel. L'objectif est clair : construire le Panoptique numérique pour tuer dans l'œuf toute contestation organisée.

Le paradoxe du Léviathan impuissant : Tout contrôler, ne rien maîtriser

C'est ici que le bât blesse. Ce déploiement d'autoritarisme, cette surveillance généralisée, cette bureaucratisation forcenée de la vie quotidienne ne sont pas des signes de force, mais les symptômes d'une faiblesse abyssale. Le macronisme confond la coercition et l'autorité. L'autorité suppose la légitimité et l'efficacité ; la coercition n'est que la violence froide de l'appareil d'État.

Sur le terrain, l'État macroniste est un Léviathan obèse et impotent. Obsédé par les procédures, les normes et les KPI (indicateurs de performance), il est incapable d'assurer ses missions régaliennes les plus élémentaires.

L'effondrement des services publics en est la preuve flagrante. Malgré des dépenses publiques record, l'hôpital public est en ruine, les urgences ferment, les déserts médicaux s'étendent. L'Éducation nationale, gangrenée par la pénurie de professeurs et la perte de sens, ne transmet plus les savoirs fondamentaux. La sécurité quotidienne des Français n'est plus assurée, laissant des pans entiers du territoire soumis à une violence endémique.

Un incident récent, apparemment anecdotique, symbolise parfaitement cette déliquescence : le cambriolage d'œuvres d'art au Musée du Louvre. Que le musée le plus célèbre et théoriquement le mieux surveillé du monde puisse être pénétré aussi facilement révèle l'incurie d'un système pourtant surdoté en moyens financiers et technologiques. C'est l'échec de la gouvernance managériale appliquée au réel. On imagine les couches de bureaucratie, les plans de sécurité validés en comité, les budgets alloués aux consultants en "optimisation des flux"... pour aboutir à une passoire sécuritaire.

C'est l'image même de la France de Macron : une façade high-tech, des discours martiaux sur le contrôle, mais une réalité opérationnelle proche du néant. L'État sait tout de vous, mais il ne peut plus protéger ses propres trésors. Il veut scanner vos messages privés, mais il est incapable de sécuriser ses frontières. L'intendance ne suit pas, parce que le système privilégie le reporting à l'action.

La disparition de la France sur la scène internationale

Si l'État est impuissant à l'intérieur, il est devenu inaudible à l'extérieur. La promesse "jupitérienne" d'une France influente et respectée s'est fracassée sur l'arrogance et l'amateurisme diplomatique du président. Depuis 2017, la France n'a cessé de reculer sur tous les fronts.

L'affaiblissement international est spectaculaire. En Afrique, notamment au Sahel, la France a été chassée sans ménagement (Mali, Burkina Faso, Niger), remplacée par la Russie ou la Chine. C'est une débâcle historique, fruit d'une politique postcoloniale illisible et méprisante. La diplomatie française elle-même, autrefois l'une des meilleures au monde, a été méthodiquement démantelée, notamment par la suppression du corps diplomatique, signe ultime du mépris de la technocratie pour l'expertise de terrain.

Mais le dossier ukrainien est emblématique de cette disparition stratégique. Emmanuel Macron a multiplié les postures théâtrales, les coups de téléphone médiatisés à Vladimir Poutine, puis les déclarations martiales sur l'envoi de troupes, sans jamais peser sur le cours des événements. Pire, la France est ostensiblement tenue à l'écart des véritables négociations.

Lorsque les choses sérieuses se discutent entre les États-Unis, la Russie, et de plus en plus la Chine, la France n'est pas invitée. Elle est réduite au rôle de supplétif zélé de l'OTAN ou de commentateur impuissant. Cette vassalisation volontaire et cette soumission aveugle à la bureaucratie bruxelloise ont annihilé la voix singulière de la France.

Le contrôle sans la puissance

Le règne d'Emmanuel Macron illustre la distinction fondamentale entre le contrôle et la puissance. La puissance est la capacité de faire advenir le réel, de protéger la nation, de garantir les services essentiels et de peser sur le cours du monde. Le contrôle est l'obsession de la surveillance, de la norme, de la contrainte sur l'individu pour maintenir une illusion d'ordre.

Le macronisme a choisi le contrôle parce qu'il a renoncé à la puissance. Face à la résistance du peuple, il a choisi la fuite en avant autoritaire. Mais cet autoritarisme est vain. Il permet de réprimer les Gilets Jaunes, de contrôler les non-vaccinés, de contourner le Parlement, mais il ne permet pas de sécuriser le Louvre, de soigner les Français, d'éduquer les enfants, ni de faire respecter la France dans le monde.

Le régime est omniprésent dans la surveillance et la coercition, mais impotent dans la gouvernance et l'influence. C'est la définition même d'un pouvoir en fin de cycle. La caste dirigeante, bunkerisée dans ses certitudes, ne contrôle plus qu'un appareil d'État défaillant, assis sur un pays en voie de dissolution. Plus la dérive autoritaire s'accentue, plus elle révèle la panique d'une oligarchie qui sent le sol se dérober sous ses pieds.