L’UNRWA ciblée par des frappes israéliennes: Gaza au bord de la famine

L’UNRWA ciblée par des frappes israéliennes: Gaza au bord de la famine

Dans le camp de réfugiés de Jabaliya, une frappe israélienne a détruit un centre de distribution de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), tuant quatre civils, dont un enfant, et privant des milliers de Palestiniens d’accès à la nourriture. Alors que les bombardements s’intensifient et que le blocus israélien entre dans son troisième mois, Gaza sombre dans une catastrophe humanitaire sans précédent, marquée par la famine, la pénurie d’eau et l’effondrement des infrastructures sanitaires.

Tala Ghassan Al-Masri, 13 ans, est assis sur les décombres d’un bâtiment de l’UNRWA dans le camp de réfugiés de Jabaliya qui a été bombardé par l’armée israélienne. 10 mai 2025. (Photo de Hamza Salha)

Vendredi dernier, après le coucher du soleil, un missile israélien a frappé le camp de réfugiés de Jabaliya à Gaza. Cette fois, la cible était un bâtiment de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). Alors que la famine règne à Gaza, l’Etat hébreu a décidé de supprimer les faibles moyens d’accès à la nourriture dans la ville.

Un centre de distribution de vivres de l’UNRWA bombardé

Le vendredi 10 mai 2025, un missile israélien a frappé un bâtiment de l’UNRWA dans le camp de réfugiés de Jabaliya, tuant quatre personnes, dont un enfant, et détruisant un centre de distribution alimentaire, un entrepôt et un centre de santé.Selon Al Moatassem Shalayel, un témoin de 20 ans, la zone a été « transformée en givre ». Parmi les victimes figure son oncle, Ehab Abu Hussein, dont le corps déchiqueté laisse derrière lui des souvenirs douloureux. « Toute la zone a été détruite », a-t-il déclaré, dénonçant une stratégie israélienne visant à « affamer et étouffer le peuple ».

Notons que depuis le 2 mars, Israël a imposé un blocus complet à Gaza, interdisant ainsi l’arrivée des vivres, des médicaments, de carburant et d’autres approvisionnements de base dans la ville. Cette politique de famine forcée et de punition collective est en vigueur depuis trois mois déjà. Les organisations humanitaires ont dû mettre fin à la distribution de nourriture et la plupart des cuisines communautaires soutenues par l’ONU ont été obligées de fermer leurs portes en raison du manque de réserves alimentaires. Des milliers de Palestiniens, notamment des enfants, souffrent désormais de malnutrition aiguë.

Après un bref cessez-le-feu, Israël a également décidé de lancer une campagne de bombardements baptisée « terre brûlée » depuis le 18 mars. Les offensives se sont intensifiées et l’Etat hébreu a choisi pour cibles les cantines caritatives, les écoles, les camps de déplacés, les hôpitaux, les lieux de rassemblement des civils ainsi que les « zones humanitaires ».

Tala Ghassan Al-Masri, une jeune fille de 13 ans ayant survécu au bombardement à Jabaliya, a déclaré que sa famille vit des cuisines caritatives. « Chaque jour, ils nous apportent des lentilles, ils nous épuisent avec », a-t-elle déclaré à Drop Site. « J’aimerais pouvoir manger du pain, des frites, des tomates et tout ce que ma sœur et ma mère nous préparaient », a ajouté Tala. Mais malheureusement pour elle, les marchés sont presque vides à Gaza. Les bombardements israéliens ont également détruit les réseaux d’eau à Gaza, rendant difficile l’accès des Palestiniens à l’eau potable.

« Mon message au monde est que nous voulons que cette guerre cesse, que la vie reprenne son cours normal », a déclaré Shalayel. C’est sûrement le souhait de tous les habitants de Gaza qui meurent de faim et qui vivent sous la peur au quotidien. Selon Shalayel, son oncle âgé de 45 ans, Ehab Abu Hussein, a été tué lors de cette attaque. Il a déjà perdu plusieurs membres de sa famille à cause de cette guerre. Il ne lui reste plus que sa grand-mère selon sa déclaration. Le bilan officiel annonce environ 53.000 décès et plusieurs milliers de disparus depuis le début de l’offensive génocidaire israélienne.

Un nouveau plan pour acheminer des vivres à Gaza

Israël compte intensifier son offensive militaire contre Gaza. Le cabinet de sécurité israélien a récemment approuvé un plan visant à limiter l’aide humanitaire à Gaza, en la distribuant via des zones militarisées contrôlées par des entrepreneurs privés, y compris une société américaine. Ce projet, dénoncé par 15 agences de l’ONU et plus de 200 ONG, est jugé « inopérable » par Tamara Alrifai, porte-parole de l’UNRWA. « Il mettra les civils en danger en les forçant à se rendre dans des zones de combat pour obtenir de l’aide », a-t-elle averti. Avec seulement 60 camions d’approvisionnement autorisés par jour contre un minimum requis de 500, ce plan compromet davantage l’accès aux ressources vitales.

Les bombardements ont également détruit les infrastructures hydrauliques, aggravant la pénurie d’eau potable. Selon l’Autorité palestinienne de l’eau, l’arrêt des services d’approvisionnement, dû à la destruction et au manque de carburant, a transformé Gaza en « une région qui meurt de soif ». L’UNICEF rapporte que 75 % des ménages ont un accès réduit à l’eau, avec une augmentation des maladies comme la diarrhée. À Jabaliya, les réseaux d’égouts endommagés provoquent des inondations d’eaux usées, exacerbant les risques sanitaires.

L’administration Trump a également élaboré un plan de distribution d’aide qui serait piloté par une « fondation » non gouvernementale ».  Elle est composée de sociétés de sécurité privées, de responsables de l’aide humanitaire et d’anciens officiers de l’armée américaine. Le président américain prévoit de se rendre dans la région la semaine prochaine.

Alors que la famine, la soif et les maladies s’intensifient, les habitants de Gaza appellent à la fin de la guerre et à un retour à une vie digne. Face à un blocus implacable et des plans d’aide inadéquats, la communauté internationale doit agir urgemment pour mettre fin à cette catastrophe humanitaire.