L’UE lance son réseau satellite IRIS2 , mais ne rivalise pas Starlink

L’UE lance son réseau satellite IRIS2 , mais ne rivalise pas Starlink

L’Union européenne a décidé de se lancer sur le marché de la connectivité spatiale à haut débit dominé largement par Starlink en lançant le projet IRIS2. L’UE prévoit d’investir plus de 10 milliards pour sa réalisation. Bien que l’ambition européenne soit claire, les retards, les coûts et la domination actuelle de Starlink maintiennent Elon Musk loin de toute inquiétude immédiate. Pour autant, selon Bloomberg, l’UE a commencé à enquêter sur Musk et son réseau social X en 2023, après l’entrée en vigueur de sa nouvelle loi liberticide, que nous vous avons indiqué à plusieurs reprises, sur les services numériques (Digital Services Act, DSA). En juillet 2024, une commission européenne a constaté que X aurait trompé ses utilisateurs et violé la législation de l’UE. A cause de ses multiples prises de position anti guerre en Ukraine et en Israël, anti-migrants, anti-woke, pro-nataliste, et ses soutiens réitérés à Trump, Giorgia Meloni, Viktor Orban et Javier Milei.., Musk dérange.

Pour une autonomie stratégique de l’UE

La Commission européenne a franchi une étape majeure lundi en signant des contrats pour IRIS2 (Résilience, Interconnectivité et Sécurité par Satellite), une constellation de 290 satellites visant à concurrencer Starlink. Le projet de 10,6 milliards d’euros promet une connectivité Internet mondiale cryptée pour les gouvernements, les militaires et les zones rurales.

Le réseau composé de 290 satellites fournira un Internet à haut débit crypté aux gouvernements, aux espions, aux militaires, aux zones reculées et aux consommateurs. Les contrats pour le développement du réseau de satellites ont été signés lundi.

Si l’UE a décidé de se lancer sur le marché de la connectivité satellitaire, c’est pour éviter la dépendance aux entreprises privées étrangères comme le Starlink d’Elon Musk. « Nous ne pouvons pas nous permettre d’être dépendants » a déclaré Andrius Kubilius, le commissaire spatial du bloc. Cela constitue en effet une source de danger mis en évidence au cours de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Pour rappel, Elon Musk a décidé bloquer l’accès à Starlink en Ukraine lors d’une offensive en Crimée.

Un projet total de 10.6 milliards d’euros

Initialement prévu pour 2024, le projet IRIS2 ne devrait entrer en service qu’en 2031. Les responsables européens ont évoqué des retards dans la phase de conception et des dépassements budgétaires. De plus, alors que Starlink dispose déjà de plus de 5 000 satellites en orbite, l’UE prévoit de commencer le lancement d’IRIS2 seulement en 2029 via 13 missions de la fusée Ariane 6.

Le coût total est estimé à 10,6 milliards d’euros :

  • 6 milliards d’euros seront financés par l’Union européenne (soit de nos impôts).
  • 4,1 milliards d’euros seront couverts par le consortium SpaceRise (SES, Eutelsat et Hispasat), qui exploitera le réseau pendant 12 ans.
  • L’Agence spatiale européenne contribuera à hauteur de 550 millions d’euros.

Si ce financement massif est présenté comme un investissement dans la souveraineté européenne, certains critiques y voient une forme de subventions déguisées aux industriels du spatial, notamment Airbus et Thales.

Notons que le lanceur européen Ariane 6 assurera la mise en place des satellites dans l’espace. Le réseau devrait assurer une couverture générale en Europe. IRIS2 aura aussi deux vocations. L’une consiste à fournir des systèmes de communications sécurisées aux gouvernements et l’autre consiste à fournir une connexion Internet à haut débit aux simples consommateurs.

Les centres de contrôle seront situés au Luxembourg, en France (Toulouse) et en Italie (Fucino). Des collaborations commerciales sont également prévues avec des pays comme le Royaume-Uni, la Norvège, l’Australie, ainsi que plusieurs nations d’Asie et d’Afrique.

Certes, l’UE vise à se défaire de la dépendance aux méga-constellations de Starlink. Toutefois, IRIS2 est loin d’être une menace pour le fournisseur d’Internet par satellite à haut débit d’Elon Musk. Il faut dire que le projet mettra du temps avant de se concrétiser, car le lancement des satellites est prévu débuter en 2029. Il faudra donc attendre 2030 pour que la constellation soit opérationnelle.

Pourtant, Starlink est déjà en train de conquérir le marché mondial. Le fournisseur d’Internet par satellite de Space X vend le kit de démarrage à moins de 400 euros actuellement. De plus, le déploiement d’IRIS2 pourrait faire face à des blocages d’ordre financier. L’Allemagne a déjà critiqué le projet en raison de l’importance des coûts.

Selon les données du fournisseur de services informatiques Cloudfare, le trafic Internet mondial de Starlink a plus que triplé en 2024. Son service Internet par satellite est désormais utilisé dans plusieurs pays, et sera bientôt présent dans les avions et les navires de croisières. Musk envisage même de connecter ses satellites directement aux téléphones portables, couvrant les zones les plus reculées.