Ruée vers l’or : la « FOMO dorée » fait flamber les cours

L’or s’envole de plus de 50 % en 2025, porté par une « FOMO dorée » et la perte de confiance dans les monnaies. Une ruée qui révèle un basculement structurel du capital mondial. L’or, jadis symbole d’épargne prudente et de stabilité, connaît aujourd’hui sa plus forte envolée depuis les années 1970.

gold and silver round coins
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Lundi, le prix de l’or a atteint un niveau record de 3.940 dollars l’once. Il a donc grimpé de plus de 50% cette année. Comment expliquer cette ruée vers le métal jaune ? Les experts évoquent une « sorte de Fomo plaqué or », un phénomène qui se traduit par l’attirance des investisseurs pour l’or. Cela s’explique par de nombreux facteurs pour ne citer que les incertitudes liées à la guerre commerciale du président Donald Trump.

L’or a atteint une valeur record

Selon Financial Times, l'or connaît une envolée spectaculaire, alimentée par la « FOMO dorée » (fear of missing out), un sentiment d'urgence chez les investisseurs craignant de manquer des rendements juteux et cherchant à se prémunir contre l'inflation.

Le prix de l’or se rapproche des 4.000 dollars l’once. Lundi, il était de 3.949 dollars. C’est pour la première fois qu’il a atteint un niveau aussi élevé. Les experts ont estimé une hausse de 50 % cette année.

Les investisseurs ont décidé de se tourner vers le métal jaune après la guerre commerciale lancée par le président américain Donald Trump, qui a provoqué la chute du dollar et la ruée vers des actifs refuges.

Certes, les répercussions des droits de douane élevés sur les marchés financiers se sont estompées au cours de l’été. Mais le prix de l’or a continué à grimper. Le pic ou la plus forte haute mensuelle a été enregistré en septembre. La valeur du métal précieux a augmenté de 12 %.

Les gestionnaires d’actifs considèrent l’augmentation du nombre d’investisseurs ayant profité de la montée des prix après des années d’achat massif par les banques centrales comme facteur déclencheur de cette hausse du prix de l’or.

Ce moteur principal, baptisé « FOMO dorée » par Luca Paolini de Pictet Asset Management, attire un éventail plus large d'investisseurs. Selon les analystes, l'or est devenu un actif « impossible à ignorer », au point où il devient impensable de ne pas en détenir.

Le marché est jugé « un peu fou », la véritable accélération étant portée par les flux massifs vers les fonds indiciels cotés (ETF) adossés à l'or. Ces véhicules d'investissement populaires et bon marché ont vu des entrées nettes grimper à 13,6 milliards de dollars sur les quatre dernières semaines, portant le total annuel à un record de plus de 60 milliards de dollars en 2025. La quantité d'or détenue par ces fonds dépasse désormais les 3 800 tonnes.

L’or, troisième pilier des portefeuilles

L’un des moteurs sous-jacents de cette ruée réside dans la défiance envers le dollar américain. Beaucoup d’investisseurs choisissent désormais de « shorter » la devise, sans savoir quelle alternative adopter.

Les grandes banques d’investissement commencent à intégrer durablement l’or dans leurs modèles. Morgan Stanley propose désormais une répartition 60 % actions / 20 % obligations / 20 % or, rompant avec la tradition du 60/40.

Selon la Bank of America, ce simple ajustement pourrait canaliser des milliers de milliards de dollars vers les métaux précieux, bouleversant les équilibres de la finance mondiale.Cette évolution marque la transformation de l’or : d’un actif de panique à un instrument stratégique de diversification.

Pour Michael Widmer (BofA),

« les clients voient enfin dans l’or un placement de long terme, pas une simple couverture contre la peur ».

Autrement dit, la logique refuge devient la norme — signe d’un affaiblissement de la confiance dans les monnaies fiduciaires et les politiques budgétaires.

Quand les banques centrales manipulent les taux, quand les États creusent les déficits, et quand les devises vacillent, l’or devient le dernier repère de valeur.

L’époque où les investisseurs ne juraient que par les valeurs technologiques semble révolue. Face aux bulles numériques et à la dette exponentielle, l’or offre une valeur physique, universelle et indépendante des banques.

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