Depuis sa réélection, Donald Trump a annoncé réévaluer l'engagement des États-Unis au sein de l’OTAN, expliquant que son pays ne garantirait plus automatiquement la sécurité de l’Europe. Cette incertitude croissante a poussé les pays européens à reprendre en main leur propre défense et à renforcer leur indépendance stratégique. L’UE a ainsi lancé le plan ReArm, doté de plus de 800 Mds €, pour moderniser ses capacités de défense et réduire sa dépendance militaire envers les USA.
Les budgets militaires des pays-membres devraient ainsi progressivement converger vers, voire dépasser, le seuil de 3,5% du PIB, contre moins de 2% pour la majorité des pays européens. Cette nouvelle ère marque un tournant structurel : un effort de réarmement massif, des investissements technologiques (en cybersécurité, dans le spatial et l’IA militaire) et une demande accrue pour les entreprises du secteur de la défense et de l’aéronautique.
En parallèle, les marchés boursiers se trouvent à des niveaux historiquement élevés. Dans ce contexte, rechercher de la performance avec une protection partielle du capital devient une stratégie de bon sens pour sécuriser une partie de votre patrimoine. Mais le nouveau « fonds Défense » lancé par BPI constitue-t-il pour autant une bonne affaire ?
L'État s'invite dans votre allocation d’actifs : opportunité ou entrave ?
Face à ce réarmement massif, la Banque Publique d’Investissement propose aux épargnants français depuis un mois un nouveau fonds « Bpifrance Défense S.L.P. », reposant sur une idée simple : mobiliser l'épargne privée pour financer des entreprises françaises non cotées, souvent des PME ou des ETI stratégiques de la Base Industrielle et Technologique de Défense (BITD). L'objectif affiché est un rendement « indicatif » de 5% net (de frais).
La première question à se poser est : pourquoi l'État, via BPI, incite-t-il les particuliers à investir dans un secteur qu'il considère comme stratégique ? La réponse tombe d’elle-même : parce que ce produit n'est pas né d'une pure logique de marché ou de la demande spontanée des investisseurs. Première alerte ! Il n’est que la traduction financière d'une politique publique, qui prend la forme d'une incitation « dirigiste ».

Livret A contre fonds BPI : le mythe des 5%
L'argument de vente massue, c’est un rendement annuel de « 5% ». Est-ce réaliste de comparer cet objectif non garanti à votre fidèle livret A, qui produit 1,7% d’intérêts annuels, nets de frais… et de fiscalité ? Absolument pas.
1) La garantie et la fiscalité : le livret A, en effet, offre un taux garanti, une liquidité totale et une exonération d'impôts et de prélèvements sociaux. C'est le socle de votre épargne de précaution, sans risque de perte en capital et il constitue un % non négligeable dans notre stratégie Barbell. Le fonds BPI Défense, lui, est un produit de capital-investissement : l'objectif de 5% est non garanti et s'accompagne d'un risque de perte en capital totale ou partielle. De plus, il est soumis à la fiscalité classique des placements financiers (sauf s'il est logé en PEA-PME), ce qui réduit la performance réelle à environ 3,5% annuels si le produit est logé dans un compte-titre.