Le macronisme est nu : la grande braderie de Lecornu

Le macronisme est nu : la grande braderie de Lecornu


Partager cet article

Lecornu ou la capitulation en rase campagne déguisée en acte de bravoure! La déclaration de politique générale de Sébastien Lecornu n’était pas un discours de refondation, mais l’inventaire d’une liquidation. Pour conserver son poste de Premier ministre, cet homme issu de la droite a décidé de brader les quelques bijoux de famille qui restaient de la promesse macroniste initiale, démontrant par l’absurde la nature profonde de ce régime : le pouvoir n’est pas un moyen, c’est une fin en soi. Et pour le garder, tous les reniements sont permis.  

Le premier axe de cette grande braderie est fiscal. Souvenons-nous du mantra de la droite, dont M. Lecornu est issu : le refus d’augmenter les impôts, la gestion rigoureuse, la récompense du travail et de la prise de risque. Tout cela a été jeté par-dessus bord en une seule allocution. Pour apaiser une gauche socialiste qui tenait son destin entre ses mains, le Premier ministre a non seulement suspendu la réforme des retraites – reniement majeur d’un projet présenté comme vital pour l’équilibre des comptes – mais il a surtout ouvert la boîte de Pandore fiscale. En proposant une « contribution exceptionnelle des grandes fortunes », il a fait voler en éclats le tabou de la taxation du capital, qui était pourtant le socle de la politique de l’offre de 2017.  

Ne nous y trompons pas : ce n’est qu’un début. Cette brèche ouverte mènera inévitablement à la remise en cause du Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU), cette « flat tax » qui constituait le dernier rempart pour les entrepreneurs et les épargnants. En acceptant de taxer à nouveau la fortune, on achève la confiance et on prépare le terrain pour matraquer ceux qui investissent, ceux qui créent, ceux qui prennent des risques. Le message envoyé aux forces vives du pays est d’une clarté terrifiante : votre capital n’est plus en sécurité, il est devenu la variable d’ajustement des crises politiques d’un pouvoir aux abois.

C’est ici que le second axe, celui du macronisme « profond », se révèle dans toute sa nudité. L’enjeu, pour la caste qui nous gouverne, n’a jamais été de libérer les énergies ou de moderniser le pays. L’enjeu est, et a toujours été, de garder le pouvoir, coûte que coûte, et même quoiqu’il en coûte. Sébastien Lecornu, pur produit de cette technocratie qui navigue entre les étiquettes sans jamais changer de logiciel étatiste, en est l’incarnation parfaite. Il peut, dans la même phrase, jurer qu’il ne sera pas « le Premier ministre d’un dérapage des comptes publics »et annoncer des mesures dont le coût se chiffre en milliards, tout cela pour acheter la survie de son gouvernement.  

Cette mascarade dévoile la vérité d’un régime qui, depuis le début, n’a fait que poursuivre l’étatisme de ses prédécesseurs sous un vernis de modernité. La politique menée n’est qu’une gestion à court terme des crises, une distribution de chèques et de concessions catégorielles pour éteindre les incendies qu’il a lui-même allumés. La protection des forces vives du pays, des entrepreneurs, des artisans, des salariés qui créent la richesse nationale, est le cadet de ses soucis. La seule chose qui compte est la préservation du « système », de cette bulle où l’on décide de tout sans jamais avoir à rendre de comptes, sauf à l’arithmétique parlementaire du moment.

Recevez ce Guide gratuitement pour tout abonnement annuel souscrit avant le 4 novembre au soir...

Je m'abonne maintenant

Face à cette faillite, il est temps de le dire : le macronisme est nu. Son discours de rupture est éventé, ses promesses de liberté sont mortes. Le temps est venu de tourner la page. La France n’a pas besoin de ces manœuvres politiciennes qui l’affaiblissent, mais d’une véritable politique de modernisation et de relèvement. Une politique courageuse, qui ose enfin expliquer à la Nation une vérité simple, presque triviale, que nos élites feignent d’ignorer : il n’y aura pas de redistribution des richesses s’il n’y a plus de production de richesses. Continuer à punir ceux qui la créent pour acheter la paix sociale est le plus sûr chemin vers le déclin collectif.


Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
Stop à la Stasi numérique: l'UE recule sur "ChatControl"
Photo by Christian Wiediger / Unsplash

Stop à la Stasi numérique: l'UE recule sur "ChatControl"

Le projet de surveillance généralisée de nos messageries privées, Chat Control, vient d'être retiré. Cette victoire pour les libertés numériques reste cependant précaire: : le ChatControl pourrait bien revenir par la fenêtre dès décembre 2025. La nouvelle est tombée jeudi 30 octobre, et elle est à marquer d'une pierre blanche : l'Union européenne a décidé d'écarter la disposition la plus controversée d'un texte censé endiguer la pédocriminalité en ligne. Cette mesure, honnie sous le nom de "Cha


Rédaction

Rédaction

Bruxelles, la république des copains : la Médiatrice promeut son bras droit

Bruxelles, la république des copains : la Médiatrice promeut son bras droit

La nouvelle Médiatrice de l’Union européenne, Teresa Anjinho, a promu son propre chef de cabinet au poste le plus prestigieux de son administration. Une nomination qui soulève la question : l’UE défend-elle encore l’éthique ou protège-t-elle sa caste ? L'Union Européenne, censée incarner l'éthique et la bonne administration, vient de signer un nouvel épisode de « République des copains ». La Médiatrice européenne Teresa Anjinho a propulsé Lampros Papadias, son propre chef de cabinet au poste st


Rédaction

Rédaction

PLFSS 2026 : Lecornu curiace-t-il les soignants pour leur imposer le vaccin ARN ? par Elise Rochefort

PLFSS 2026 : Lecornu curiace-t-il les soignants pour leur imposer le vaccin ARN ? par Elise Rochefort

L'article 20 du projet de loi de financement de la sécurité sociale prévoit une vaccination obligatoire de nombreux personnels hospitaliers contre la grippe. Certains y ont vu une façon habile, un "curiaçage" des personnels soignants pour imposer le vaccin à l'ARN, après les moments douloureux du COVID. Qu'en est-il exactement ? L'interrogation porte sur le fait de savoir si l'article 20 du Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) pour 2026 constitue un "curiaçage" (terme sou


courrier-strateges

courrier-strateges

Bobigny: quand la police viole la loi et la République se tait

Bobigny: quand la police viole la loi et la République se tait

Deux policiers, accusés de viol sur une femme retenue au dépôt du tribunal de Bobigny, ont été mis en examen après la découverte d’une vidéo accablante. Ce scandale illustre une fois encore l’impunité d’une institution policière en roue libre, couverte par le pouvoir politique. Les faits sont d’une gravité inouïe. Deux policiers, âgés de 35 et 23 ans, sont soupçonnés d’avoir violé une femme de 26 ans dans une geôle du tribunal de Bobigny. L’affaire aurait pu être étouffée, comme tant d’autres,


Lalaina Andriamparany

Lalaina Andriamparany