Le COVID, ou comment les « découpleurs » du Deep State US ont imposé leur vision du monde, par Eric Verhaeghe

Le COVID, ou comment les « découpleurs » du Deep State US ont imposé leur vision du monde, par Eric Verhaeghe


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L’histoire du COVID reste à écrire, tant le « narratif » officiel d’un virus né de nulle part qui aurait envie un monde vierge de toute préparation du terrain par les laboratoires pharmaceutiques diverge des évidences les plus élémentaires que plus aucun covidiste forcené ne nie. Progressivement, le fait que des coronavirus aient été mis en culture et trafiqués dans le laboratoire P4 de Wuhan, dans des opérations conjointes entre des services américains et des services chinois n’est plus guère contesté, même si aucun lien entre ces recherches et la pandémie n’a été clairement établi à ce stade. Toute la question est de savoir comment la suite des opérations (jusqu’à l’invasion en Ukraine) s’est déroulée. Les premiers éléments dont nous disposons montrent que les « découpleurs » du Deep State américain ont su tirer parti des événements.

Il y a, bien entendu, les supputations diverses et variées sur l’origine de la pandémie, qui vont de la morsure d’un pangolin par une chauve-souris jusqu’à l’action concertée et préméditée, en passant par l’accident de laboratoire. Sur ce sujet, la vérification historique n’a pas encore fait son oeuvre, c’est pourquoi je me tiendrai à l’écart de ce débat.

En revanche, ce qui commence à apparaître, c’est le sens des réactions internationales et diplomatiques à la crise du coronavirus. Sur ce point, les langues peu à peu se délient, et les « figures » prennent forme au fur et à mesure que le brouillard de l’actualité se dissipe. Et, peu à peu, nous comprenons que, depuis près de trois ans, la doctrine du « découplage », portée par une partie du Deep State US, est en train de s’imposer au monde.

Le découplage, de quoi s’agit-il ?

Le découplage est assez simple à comprendre : il s’agit de réduire la dépendance des économies chinoises et américaines l’une à l’autre.

Cette idée était sous-jacente à la politique de Trump résumée dans le « Make America Great Again », qui se rattache à l’isolationnisme historique de l’America First ».

Comme le soulignait la Harvard Business Review de mai 2021, les Etats-Unis ne sont pas les seuls à compter des partisans du découplage. En Chine, le plan de 2015 « MIC2025 Initiatives » tendait à l’autonomie chinoise en matière technologique à l’horizon 2025. Autrement dit, dans la stratégie de découplage, il y a un intérêt commun de part et d’autre à rebattre les cartes de la dépendance économique.

Le COVID, un tournant décisif

Il est encore trop tôt, j’insiste sur ce point, pour dire de façon assertive comment l’histoire s’est déroulée, et, selon toute vraisemblance, le récit qui s’écrira dans les années à venir sera très différent de ce que nous en savons aujourd’hui. Mais en l’état, on peut comprendre que la survenue du COVID est contemporaine d’un débat entre « découpleurs » et « mondialistes ».

Ainsi, dès le mois d’avril 2020, le site de la Carnegie Endowment a posé la problématique de la riposte américaine au virus. Pour ce site mondialiste proche de la CIA que j’ai présenté cette semaine (chargé par le G7 de mener la lutte contre la propagande russe), l’arrivée du coronavirus ouvrait toutes les portes :

For hardliners and China hawks in the United States, these shortages only further justify the need for economic decoupling and reduced reliance on global supply chains.

Ce débat sur le « découplage » était dans le même temps évoqué par la presse chinoise.

Rétrospectivement, il n’est pas absurde de considérer que le COVID fut une opération qui donnait aux découpleurs chinois et américains l’opportunité de faire avancer leur cause. D’un côté, le Deep State américain favorable à une réduction de la dépendance américaine à la Chine pouvait épingler l’incapacité des USA à fabriquer des masques chirurgicaux pour plaider en faveur d’une réindustrialisation américaine. D’un autre côté, les découpleurs chinois pouvaient mettre en évidence les limites désormais atteintes dans la politique de rapprochement avec les USA.

Great Reset et questions logistiques

Cette hypothèse de travail, selon laquelle le COVID marquerait un tournant dans la stratégie mondialiste de la caste et du Deep State US pour réduire sa dépendance à la Chine (en parfaite entente avec Xi Jin Ping qui poursuit de son côté une volonté de découplage avec l’Occident), éclaire d’un jour nouveau les longues hypothèses de travail discutées dans le Great Reset de Klaus Schwab.

Dans son ouvrage, le fondateur du World Economic Forum affirme en effet :

Dans l’ère post-pandémique, la COVID-19 pourrait être considéré
comme le tournant qui a inauguré un « nouveau type de guerre froide » entre la Chine et les États-Unis (les deux mots « nouveau type » sont d’une importance considérable : contrairement à l’Union soviétique, la Chine ne cherche pas à imposer son idéologie au monde entier). Avant la pandémie, les tensions entre les deux puissances dominantes s’accumulaient déjà dans de nombreux domaines divers (commerce, droits de propriété, bases militaires dans la mer de Chine méridionale, et technologie et investissement dans les industries stratégiques en particulier), mais après 40 ans d’engagement stratégique, les États-Unis et la Chine semblent maintenant incapables de combler les fossés idéologiques et politiques qui les séparent. Loin de réunir les deux géants géopolitiques, la pandémie a fait exactement le contraire en exacerbant leur rivalité et en intensifiant la
concurrence entre eux.

Une partie non négligeable du Great Reset est consacrée aux investissements nécessaires à ce découplage, notamment pour permettre à l’Occident de ne plus dépendre de l’approvisionnement chinois. Si Schwab n’est pas un admirateur du découplage, on comprend aujourd’hui que, dès l’été 2020, il nous l’annonçait, en ajoutant que l’on pouvait vivre en paix avec la Chine, mais pas avec la Russie qui, selon lui, voudrait « imposer son idéologie au monde entier ».

Et soudain, nous comprenons que l’histoire du COVID est d’abord celle d’une rupture consommée entre les USA et la Chine, et le début d’une stratégie que nous n’avions pas vue clairement venir.

Biden, le roi des découpleurs

Il est assez intéressant de voir que l’élection de Biden, loin d’infirmer cette tendance, l’a confirmée et accélérée, selon une stratégie que l’on pourrait qualifier de machiavélique.

Ainsi, la mise en place d’une politique d’helicopter money dès son arrivée au pouvoir a permis de mettre en évidence les faiblesses de la chaîne logistique. Et, comme par hasard, c’est l’un des Young Global Leaders américains que Biden a choisi pour piloter la rénovation de la chaîne logistique américaine, afin de préparer le découplage.

La suite des événements a montré que tout était prêt pour faire pivoter le monde dans une logique bipolaire découplée. Les provocations vis-à-vis de l’Ukraine, notamment l’annonce de sa nucléarisation, le durcissement sur la question de Taïwan, confirment une logique qui balbutiait sous Trump. Là encore, rétrospectivement, on peut penser qu’un Trump aurait freiné l’affrontement avec la Russie, là où Biden a sauté les deux pieds dedans.

Quelle suite pour cette stratégie ?

On commence à comprendre les éléments de cette stratégie.

D’une part, le Deep State américain a repris sa politique centrée sur (et contre) l’influence russe, traditionnelle depuis 1917, pourrait-on dire. Cette stratégie permet d’inféoder encore un peu plus les Européens.

D’autre part, les USA cherchent un grand équilibre avec la Chine en marchant sur un fil de funambule au-dessus du vide sur la question de Taïwan.

On comprend incidemment les risques de cette politique de va-t’en-guerre. Sa réussite suppose qu’une série de paris soit gagnée, notamment celui de l’affaiblissement de la Russie, de l’obéissance éternelle de l’Europe, et de la modération chinoise sur la question de Taïwan.

Plus que jamais, le sort de l’Europe se joue aux dés. Notre continent qui fut grand est devenu le jouet de quelques illuminés remplis d’hybris.

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