Notre jeune chroniqueuse Elise Rochefort dresse un tableau de la semaine géopolitique sans rien oublier. Y compris les sommets européens où s'étale l'incompétence des dirigeants occidentaux.

Elise Rochefort est docteur en géopolitique.
Le mois d'octobre s'est ouvert sur un monde fracturé, rappelant les heures les plus sombres des livres d'histoire. Loin des illusions d'un ordre international pacifié et régi par le droit, la realpolitik a repris ses droits avec une brutalité qui semble surprendre une Europe vieillissante et engluée dans ses propres contradictions. Le voile post-guerre froide, qui promettait la "fin de l'histoire" et la convergence des modèles, s'est définitivement déchiré. Aux portes du continent, deux guerres majeures consument les dernières bribes de stabilité, tandis qu'à Bruxelles, le cœur politique de l'Union vacille sous les coups de boutoir de ses propres divisions. La synthèse de l'actualité depuis le 1er octobre n'est pas une simple succession d'événements ; elle est le tableau clinique d'un déclassement stratégique qui s'accélère. Entre le bourbier de Gaza, le front gelé d'Ukraine et la crise de légitimité de ses institutions, l'Europe navigue à vue dans la tempête, sans cap ni boussole.

Gaza : le cynisme pour seule issue
À Gaza, le fracas des armes a cédé la place à une phase plus insidieuse, celle d'une crise humanitaire systémique et d'un imbroglio diplomatique total. Les opérations militaires israéliennes de grande envergure, bien que réduites en intensité, se poursuivent avec une logique de pression maximale. Mais l'objectif proclamé d'éradication totale du Hamas s'est heurté au mur du réel : la guérilla urbaine, l'imbrication des combattants dans la population civile et l'impossibilité de contrôler durablement un territoire de plus de deux millions d'âmes sans un plan politique clair. Le territoire est un champ de ruines où la famine et les épidémies, notamment le choléra, menacent désormais plus sûrement que les bombes, avec un système de santé et d'assainissement totalement effondré.