À Gaza, la malnutrition des femmes enceintes, provoquée par les restrictions de Tsahal, déclenche un effondrement démographique. Les bébés naissent trop faibles pour survivre. C’est l’utilisation de la faim comme tactique de guerre, détruisant l’avenir d’une population.

Le rapport de l’UNICEF publié mardi dresse un constat qui dépasse l’horreur humanitaire pour atteindre la dimension d’un crime stratégique. À Gaza, la malnutrition aiguë des femmes enceintes et allaitantes n’est pas une conséquence collatérale malheureuse, mais le résultat d’un siège et de restrictions qui font sciemment de la faim une arme. Les victimes directes sont les mères. Les victimes collatérales, par un effet domino implacable, sont leurs nouveau-nés, dont les chances de survie et de santé sont anéanties avant même la naissance. Ce mécanisme représente une attaque contre le capital humain fondamental et la capacité même d’une société à se perpétuer.
Le calvaire des mères enceintes et allaitantes à Gaza
Quelques semaines après le cessez-le-feu, la situation ne s’est guère améliorée. Certes, la population palestinienne a retrouvé un peu de sécurité. Mais elle est toujours confrontée à un problème majeur : le manque d’eau, de nourriture et de soins de santé.
L’UNICEF a diagnostiqué une malnutrition aiguë chez près de 38 % des femmes enceintes entre juillet et septembre. Un chiffre inédit dans une population qui, avant octobre 2023, ne présentait aucun signe généralisé de carence alimentaire.
Mardi, l’agence onusienne a déclaré que les cas de naissance prématurée ou de faible poids se multiplient.

Les chiffres sont implacables. Avant la guerre, environ 250 bébés par mois naissaient avec un poids inférieur à 2,5 kg (5 % des naissances). En 2025, ce taux a doublé. Entre juillet et septembre, près de 460 nouveau-nés par mois, soit une quinzaine par jour, présentaient une insuffisance pondérale.
Dans les hôpitaux dévastés, des bébés pesant parfois moins d’un kilo luttent pour survivre. Un nourrisson de faible poids a 20 fois plus de risques de mourir durant ses premiers jours. Cette mortalité a bondi de 75 % par rapport à 2022, passant de 27 décès néonatals par mois à 47 en 2025.
Les causes sont connues : mères affamées, stress extrême, absence de soins prénataux, et surtout un système hospitalier proche de l’effondrement. Les destructions, les déplacements massifs du personnel médical et les restrictions imposées à l’entrée d’équipements essentiels ont rendu l’accès aux soins quasi impossible.
Un système de santé délibérément anéanti
Cette catastrophe sanitaire n’aurait pas cette ampleur sans la destruction systématique de l’infrastructure médicale. Les hôpitaux, quand ils ne sont pas bombardés, manquent de tout : équipements, électricité, personnel, fournitures essentielles. L’UNICEF note que les autorités israéliennes ont bloqué l’entrée de matériel médical critique.

Malgré le cessez-le-feu, la crise s'aggrave : en octobre 2025, 8 300 femmes ont été traitées pour malnutrition aiguë, soit 270 par jour. L'UNICEF a fourni des ventilateurs, incubateurs et compléments
Près de 150 000 femmes sont diagnostiquées comme souffrant de malnutrition aiguë, mais seules 14 000 ont pu être prises en charge par l'UNICEF.
Plus de 70 enfants ont été tués depuis le cessez-le-feu, soulignant l'échec des accords imposés par les États. Ces interventions onusiennes, bien qu'utiles, masquent le vrai problème : la dépendance à l'aide étatique plutôt qu'à des échanges volontaires.



