Le spectacle de l’État français cherchant désespérément à combler les gouffres qu’il a lui-même creusés ne cesse jamais. La dernière invention fiscale en date – une taxe d'un milliard d'euros sur les complémentaires santé pour financer le report de l'âge de la retraite – est un cas d’école de l’immoralité fondamentale de l'interventionnisme étatique.

Eric Verhaeghe me pose la question de la morale. Du point de vue libertarien, la réponse est limpide : cette taxe n'est pas seulement économiquement absurde, elle est profondément immorale. Elle repose sur la coercition, la tromperie et la violation des droits de propriété.
Le principe de non-agression violé
Au cœur de la philosophie libertarienne se trouve le droit naturel de chaque individu à sa personne et à sa propriété, c'est-à-dire le fruit de son travail. L'impôt, par nature, est une spoliation légale, une prise forcée de la richesse créée par les individus. Lorsque l’État impose aux mutuelles cette nouvelle charge, il sait pertinemment que ces organismes n’ont d’autre choix que de répercuter le coût sur les primes de leurs assurés (j'en profite pour dire que, si vous voulez approfondir les aspects théoriques de ces notions libertariennes comme la spoliation légale, n'hésitez pas à fréquenter la Liberty Academy, d'Eric Verhaeghe, qui fonctionne très bien).

C’est donc l’assuré – le travailleur, le retraité, l’entrepreneur – qui paiera. Il est contraint de financer une réforme des retraites dont il ne veut peut-être pas, via un mécanisme (sa couverture santé) qui n’a strictement aucun rapport avec l'objet financé. C'est une violation directe du principe de non-agression. L'individu n'a pas consenti à cet échange ; il lui est imposé sous la menace de la loi.
La lâcheté fiscale et la tromperie
Cette taxe est également immorale par sa duplicité. Le gouvernement, incapable d'assumer le coût politique d'une augmentation directe des cotisations retraite ou d'une réduction drastique des dépenses publiques, choisit la voie de la dissimulation. Taxer la santé pour financer la retraite est une manœuvre d'obscurcissement comptable.
Elle vise à rendre le coût de l’État-providence moins visible, plus diffus. L’assuré verra sa prime augmenter et blâmera peut-être sa mutuelle, ignorant que le véritable responsable est un État boulimique qui refuse de se réformer. Cette méthode brouille la responsabilité et infantilise le citoyen, le rendant incapable de juger lucidement le coût réel des politiques publiques.
Punir la responsabilité individuelle
Enfin, cette mesure punit ceux qui font preuve de responsabilité. Dans un système de santé déjà largement socialisé, souscrire à une complémentaire est un acte de prévoyance, une volonté de se protéger contre les aléas de la vie. En renchérissant l'accès à ces services, l'État pénalise ce comportement vertueux. Il rend la santé plus chère pour financer un système de retraite par répartition à bout de souffle, structurellement condamné.

La prétendue "solidarité" invoquée pour justifier de telles taxes n'est qu'un masque pour la coercition. La vraie solidarité est volontaire, contractuelle. Ce que l'État propose ici, c'est une solidarité forcée où Pierre est dépouillé pour financer la retraite de Paul, le tout maquillé en facture de santé.
Non, cette taxe n'est pas morale. C'est un symptôme supplémentaire d'un système qui considère les individus non pas comme des êtres souverains, mais comme du bétail fiscal, taillable et corvéable à merci pour perpétuer l'illusion d'un modèle social qui s'effondre sous son propre poids.
Commentaires ()