SOS Républicains: Guillaume Peltier – le sniper qui visait ses cibles au bazooka

Guillaume Peltier, doté d'un indéniable sens politique, ronge son frein de voir son parti, Les Républicains, se tromper d'adversaire prioritaire combattre Marine le Pen plus qu'Emmanuel Macron. Mais il fait fausse route quand il pense pallier la faiblesse de LR par une surenchère de "propositions de droite". Le défi - quasi-insurmontable? - pour LR est de capter à son profit l'antimacronisme foncier d'une majorité de la population qui hésitera pourtant au moment de mettre un bulletin "Marine" dans l'urne. La France est à la recherche d'un candidat qui incarne non seulement le rejet complet d'Emmanuel Macron et la détermination à appliquer la loi mais aussi une libération des forces entrepreneuriales, dont le pays ne manque pas.

Guillaume Peltier est un des empêcheurs de tourner en rond de LR et de la droite. Avoir vu le RN de l’intérieur, avoir travaillé avec Philippe de Villiers, être aujourd’hui au coeur de la machine à perdre que sont devenus Les Républicains, ça aide pourvu qu’on ait du sens politique. Le quadragénaire n’en manque pas. Et il soulignait justement, la semaine dernière, dans Valeurs Actuelles, que la droite ne devrait avoir qu’un adversaire politique, c’est Emmanuel Macron. « »Emmanuel Macron est le pire président de la Ve République. Il est le président du record de la dette (2 500 milliards), des impôts (1 000 milliards par an), de la pauvreté (10 millions de pauvres), de l’immigration (2 millions de nouveaux étrangers depuis 2017), de l’insécurité (700 agressions par jour en France). Au fond, Emmanuel Macron incarne l’alliance entre le gauchisme culturel et la mondialisation financière. Il est tout sauf de droite. Il incarne le laxisme, la repentance, la bureaucratie ».
Est-il besoin d’en dire plus? Las, dimanche dernier, le vice-président de LR a changé de monture. S’affichant avec Robert Ménard, maire de Béziers, l’une des figures de la « droite hors les murs », il a fait une proposition, entre autres, de rétablir une « Cour de sûreté de la République ». aurait pour fonction de placer en détention des personnes fichées pour des soupçons de radicalisation terroriste, sur la base d’un « faisceau de soupçons avérés et concrets » et sans possibilité de faire appel. Aussitôt, la bien-pensance de se réveiller: au sein de la galaxie post-UMP, les protestations ont fusé pour rassurer les médias sur le fait que l’on réprouvait de tels propos et que l’on n’avait « rien à voir avec l’extrême-droite ». L’establishment politico-médiatique, qui constate avec terreur la possibilité d’une défaite d’Emmanuel Macron, s’est réjoui. Le Monde a publié un article mettant en cause le style de management de Guillaume Peltier. Rien que de très prévisible; mais qui pointe une occasion manquée de plus pour LR.
Paradoxalement Peltier tombe dans ce qu'il reproche à Macron
Dans les critiques qui ont fusé contre Guillaume Peltier, il y en a une seule qui fait mouche, portée par des personnalités aussi différentes que Bruno Retailleau et Michel Barnier: il est vice-président du parti et ses propos engagent plus que sa personne. L’entretien accordé à Valeurs Actuelles avait fait mouche. Il aurait fallu attendre que le parti s’empare du débat lancé. En l’occurrence, Emmanuel Macron qui commence aujourd’hui un nouveau tour de France pour tenter d’échapper au sort qu’avait connu son prédécesseur (ne pas pouvoir se représenter), va pouvoir souffler un peu.
En fait, Guillaume Peltier n’a pas vu, visiblement, qu’il tombait lui-même dans un défaut de la classe politique française en général et du macronisme en particulier. Le pays dispose de tout l’arsenal législatif qu’il faut pour faire respecter l’état de droit. Il ne sert à rien de multiplier les nouveaux dispositifs (tels la loi sur le séparatisme) pour pallier le manque de volonté politique. La proposition de rétablissement d’une « Cour de sûreté » relève paradoxalement de la logique de l’impuissance que Guillaume Peltier pointe si bien chez Emmanuel Macron. Et elle prend des libertés avec l’état de droit que ne renierait pas un Gérald Darmanin. Or la droite ne devrait avoir qu’un seul fil directeur: la défense des institutions et des organisations qui permettent à la liberté de se réaliser.
"Le combat pour la liberté reprend à chaque génération " (Margaret Thatcher)

Margaret Thatcher, dont la droite LR aurait tant intérêt à redécouvrir la vision et le courage politique alors que les dépenses publiques atteindront bientôt les deux tiers du PIB français, l’a dit en termes très simples: « Le combat pour la liberté reprend à chaque génération ». Or qui fait le plus mal à la liberté en France. aujourd’hui? Marine Le Pen ou Emmanuel Macron? La seule stratégie pour Les Républicains – à vrai dire une stratégie de survie car le parti ne se remettrait pas d’être absent une deuxième fois du second tour de l’élection présidentielle mais aussi une stratégie de fidélité à l’histoire du gaullisme, du pompidolisme et du giscardisme – est de prendre Emmanuel Macron pour adversaire. Et de le combattre sans concession. Trois considérations politiques devraient en outre les y pousser:
- Emmanuel Macron fait tout pour phagocyter LR et l’absorber. Les républicains veulent-ils connaître le sort du PS?
- L’anti-macronisme est la tendance de fond de l’opinion. Il est tellement puissant qu’une partie de l’opinion française a décidé, à gauche comme à droite, de ne plus faire barrage à Marine Le Pen. La France a en fait basculé, au fond d’elle-même, dans le « Tout sauf Macron ».
- Beaucoup de Français laisseront élire Marine Le Pen ou bien ne voteront pour elle que par défaut. Au fond d’eux, les Français ne sont pas convaincus, à tort ou à raison, qu’elle soit à la hauteur de la fonction. Il y a donc un boulevard pour un candidat qui combattrait Emmanuel Macron plus résolument que Marine Le Pen; marquerait du respect pour sa personne et son électorat; n’aurait pas peur de dire qu’il est aligné sur les propositions régaliennes de la présidente du RN mais est surtout déterminé à appliquer la législation existante; et proposerait un programme économique fondé sur la baisse de la fiscalité, l’engagement de supprimer au moins deux textes quand on en fait voter un nouveau, l’encouragement à la constitution d’un capital français et une liberté maximale pour les entrepreneurs.
Un candidat farouchement antimacronien, tranquillement identitaire et régalien et passionnément entrepreneurial: telle est la combinaison gagnante non seulement pour l’élection présidentielle de 2022 mais pour la Franc
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