Ne nous y trompons pas. Ce qui s'est joué à Londres ce 8 décembre 2025, entre un Emmanuel Macron en quête de leadership, un Chancelier Merz fraîchement installé et un Keir Starmer jouant les hôtes de marque, n'est pas une simple réunion de soutien. C'est le sommet de la peur. La peur du vide stratégique laissé par Washington, la peur d'un retournement de l'histoire, et surtout, la peur de devoir présenter la facture aux contribuables européens.

Pour comprendre cette fuite en avant, il faut plonger les mains dans le cambouis de la mécanique financière bruxelloise. Oubliez les grands discours sur la "Justice" et le "Droit International". Ici, on parle d'ingénierie, de "plomberie" financière, et d'un pari risqué sur l'avenir de l'Euro.
Le "casse" légal : l'usine à gaz des avoirs russes
L'Union Européenne s'est trouvée face à un mur juridique. Peut-on saisir les 200 milliards d'euros de la Banque Centrale de Russie qui dorment, pour l'essentiel, dans les coffres d'Euroclear en Belgique? La réponse du droit international est cinglante : non. L'immunité souveraine est un principe sacré. Y toucher, c'est scier la branche sur laquelle l'Euro est assis et dire au reste du monde (Chine, Arabie Saoudite) : "Vos avoirs chez nous ne sont plus en sécurité".

Alors, nos technocrates ont eu une idée de génie, ou de prestidigitateur. Puisqu'on ne peut pas toucher au capital (l'arbre), on va saisir les fruits (les intérêts). C'est la fameuse théorie des "profits exceptionnels" (windfall profits).
L'argent russe gelé génère du cash. Ce cash, réinvesti, génère des intérêts. L'UE a décidé que ces intérêts n'appartenaient à personne, et donc qu'elle pouvait se les approprier. C'est le premier tour de passe-passe : la Contribution Financière. Une taxe déguisée à près de 100% sur les profits d'Euroclear, reversée à Kiev pour acheter des armes.

Mais comme 3 milliards par an ne suffisent pas à financer une guerre de haute intensité, ils sont passés à la vitesse supérieure : la Titrisation.
Le mécanisme, baptisé "Prêt ERA" par le G7, est une merveille de cynisme financier. On prête 50 milliards tout de suite à l'Ukraine (dont 35 milliards levés par l'UE), et on dit à Zelensky : "Ne vous inquiétez pas pour le remboursement, on paiera avec les intérêts russes futurs sur 40 ans".
C'est magique. Sauf pour un détail : qui paie si la guerre s'arrête? Qui paie si Donald Trump ou Viktor Orbán décident de lever les sanctions l'année prochaine? Si les avoirs sont dégelés, la source de remboursement se tarit. Et là, c'est le garant qui passe à la caisse. C'est-à-dire le budget européen. C'est-à-dire vous.
Londres, 8 décembre 2025 : la course contre la montre
C'est dans ce contexte que s'est tenue la rencontre de Londres. Pourquoi cette date? Parce que l'ombre de Donald Trump planait sur Downing Street.


