La France, si généreuse avec l’argent qu’elle n’a pas !

La France, si généreuse avec l’argent qu’elle n’a pas !


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Emmanuel Macron a décidé de remettre la dette du Soudan, soit 4,1 Mds€ afin, officiellement, d’aider ce pays à poursuivre dans la voie de la démocratie et à sortir de la crise économique. La France offre aussi un prêt-relais de 1,23 Mds€ pour l’aider à rembourser le Fonds monétaire international. Le président ignore-t-il que notre propre dette publique est devenue hors de contrôle ? À qui profitent vraiment ces largesses ?

Le Soudan est un pays riche en pétrole et minerais qui a contracté 60 Mds$ de dettes dont 23 Mds$ entre les mains du «Club de Paris ». Cette instance est un groupe informel de créanciers porteurs de dettes publiques qui se retrouvent pour négocier conjointement le rééchelonnement des dettes de pays en difficulté. Le club s’est d’abord formé en 1956 pour traiter le cas de l’Argentine.

La dictature islamiste qui gouvernait le Soudan depuis trente ans a été renversée par un coup d’État militaire en 2019. Abdallah Hamdock – docteur en économie de l’université de Manchester, passé par Deloitte au Zimbabwe, l’Organisation internationale du travail et la Banque africaine de développement – est un premier ministre dit de transition. Le « conseil de souveraineté » se compose de 5 militaires, 5 civils et d’un 11ème membre coopté. La tenue d’élections est programmée pour 2022.Le Soudan  n’a officiellement renoncé au droit de la charia qu’en juillet 2020sous la pression de manifestations. Le moins qu’on puisse dire est que « la voie de la démocratie » est un sentier à peine tracé…

Le bilan semble un peu maigre pour s’asseoir allégrement sur 5 Mds€ en ces temps de vaches maigres post-Covid.

Le capitalisme de copinage s’autocongratule

Évidemment, ce n’est pas l’avis du président du Medef, le syndicat patronal français subventionné, organisateur du forum des affaires France-Soudan : « Nous sommes très impressionnés par ce que vous avez fait ». Geoffroy Roux de Bézieux a aussi promis la visite de patrons français dans les 12 à 18 mois à venir. Les secteurs prometteurs soudanais seraient les infrastructures, l’agriculture, l’énergie, les minéraux, les communications.

Notre ministre de l ‘Économie y est aussi allé de son petit couplet : « nous nous occupons de la dette. Vous pouvez investir dans ce pays. Il n’y a pas de raison de ne pas investir au Soudan maintenant » a indiqué Bruno Le Maire. On aimerait bien que les deux premières phrases s’appliquent à la France selon le bon vieil adage « charité bien ordonnée commence par soi-même ». Mais ne rêvons pas. À qui profite réellement ces largesses ? Le Soudan, auparavant sous domination anglo-égyptienne, ne fait pas partie de ce qu’il est convenu d’appeler la « Françafrique ».

Avec 30 000 Soudanais installés en France, cela fait cher le vote acheté

La dictature islamique a déclenché une immigration que la France a accueilli avec son laxisme habituel alors même que le Soudan était sur la liste noire des pays soutenant le terrorisme islamique jusqu’en 2017. En 2015 et 2016, les Soudanais étaient en tête des demandeurs d’asile. Le Monde estime la communauté installée en France à 30 000 personnes. En admettant que ces gens aient aujourd’hui la nationalité française, cela fait 166 000 € le vote acheté.

BNP Paribas sera-t-elle sauvée d’une étrange galère ?

Dans le club de Paris, on trouve la banque BNP-Paribas. Or ce fleuron de notre industrie bancaire est sous le coup d’une information judiciaire pour « complicité de crimes contre l’humanité, de génocide, d’actes de torture et de barbarie » du fait de ses opérations au Soudan à l’époque d’Omar Al-Bachir entre 2002 et 2008, selon Le Monde. Au moment du génocide du Darfour, BNP aidait le Soudan figurant sur la liste noire des pays terroristes, à contourner les embargos.

Dans ce métier, les opérations bancaires ne se limitent pas seulement à des circuits de transferts alambiqués pour faire passer des fonds sous les radars. On peut supposer qu’au bilan de BNP-Paribas traîne aussi quelques créances soudanaises parmi les quelques 113 Mds€ de créances souveraines (page 444 du bilan) …

Les donateurs ne sont pas les payeurs

Quoiqu’il en soit, cette remise de dettes de la part d’un pays surendetté comme le nôtre pour des motifs très douteux (peut-on réellement croire qu’un pays anciennement communiste, à dictature islamiste, bascule en mode démocratie laïque vertueuse en moins de deux ans ?) laisse songeur.

Comme d’habitude, ce ne sont pas ceux qui ont prêté à la légère qui supportent les nuisances de leurs mauvaises décisions mais les contribuables. Pour mémoire, 5 Mds€ représentent presque 7% des recettes de l’impôt sur le revenu ( 73 Mds€ en 2020).


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