Italie: le"miracle Meloni" a-t-il vraiment redressé les comptes ?
En Italie, depuis deux ans et demi, le gouvernement Meloni affiche une stabilité politique rare. Résultat : le déficit public a fondu, les marchés s’apaisent, et Rome retrouve une crédibilité budgétaire longtemps perdue. Pour autant, le poids de la dette et la démographie restent des défis majeurs.

Alors que l’Italie était l’un des plus endettés de l’Union européenne, elle a réussi à réduire nettement son déficit public depuis l’arrivée de Gieorgia Meloni au pouvoir. Sur le marché, l’écart entre la dette française et la dette italienne a disparu. Comment le gouvernement de Meloni a-t-il obtenu un tel résultat ?
L’effet du "miracle Meloni" sur l’économie
Autrefois, l’Italie était le pays le plus endetté de l’Union européenne, après la Grèce. En 2022, le déficit atteignait 8,6 % du PIB. En 2024, il est redescendu à 3,4 %, un niveau inférieur à celui de la France (5,8 %).
En 2022, l’Italie payait ses emprunts à 10 ans 160 points de base plus chers que la France. Aujourd’hui, l’écart est tombé à 10 points seulement.
Une évolution spectaculaire, qui s’explique autant par la rigueur italienne que par les difficultés budgétaires françaises.
L’arrivée de Giorgia Meloni au palazzo Chigi, le Matignon italien, a permis de redresser la pente sur le plan économique.
Au printemps, Giorgia Meloni a annoncé devant le Parlement que les titres d’Etat italiens sont aussi sûrs que les titres allemands et ce, même si la dette italienne est encore importante.
Les principales causes de cette évolution
Comment expliquer cette croissance économique de l’Italie ? Qu’a fait Giorgia Meloni pour obtenir de tels résultats ? Tout d’abord la stabilité politique.
Depuis l’après-guerre, la durée de vie moyenne d’un gouvernement italien n’excédait guère un an. L’arrivée de Giorgia Meloni a changé la donne : sa coalition de droite et d’extrême droite tient depuis près de trois ans.
Ensuite, la forte inflation en 2023 a garanti des recettes fiscales assez conséquentes au pays. Mais on peut aussi expliquer cette évolution par la suppression de deux mesures très couteuses mises en place par les prédécesseurs de Giorgia Meloni. Il s’agit du revenu de citoyenneté et du bonus à la rénovation énergétique.
Par ailleurs, le gouvernement de Meloni doit son succès sur le plan économique à l’assouplissement du système des retraites, à la suppression des taxes sur le carburant, à la réduction du taux de chômage ainsi qu’à la stabilité politique qui a séduit les investisseurs.
Toutefois, la tâche s’annonce encore lourde pour Giorgia Meloni, car elle doit faire face à un défi important, à savoir la crise démographique. Le pays vieillit, la natalité s’effondre, et la main-d’œuvre se contracte.
Malgré 500 000 actifs supplémentaires depuis 2023, la tendance structurelle reste négative et menace la soutenabilité des finances publiques à moyen terme.
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