Immigration : méditations sur le référendum qui vient, par Thibaut de Varenne

Immigration : méditations sur le référendum qui vient, par Thibaut de Varenne

Philippe de Villiers a lancé une pétition en faveur d'un referendum sur l'immigration, vieux serpent de mer qui évite soigneusement le tabou de la dénatalité de Français, de ses causes, de ses conséquences et de ses remèdes.

La France, fille aînée de l'Église et des révolutions, semble aujourd'hui frappée d'une maladie de l'âme qui la consume en silence. Elle n'est plus, comme au temps des grands desseins, un peuple qui se lève pour accomplir sa destinée, mais une foule agitée de fièvres, dont la plus brûlante est celle de la souveraineté égarée. C'est dans ce climat de doute et d'incertitude qu'un cri s'est fait entendre, un cri ancien qui revêt la forme moderne d'une pétition : le référendum sur l'immigration, porté par l'infatigable Philippe de Villiers. Ce n'est point là un simple débat de politique publique, mais un symptôme d'une affliction plus profonde, d'un peuple qui a perdu le sens de son propre corps et qui, dans un effort pour le retrouver, exige de se regarder dans le miroir de son propre suffrage.

Le succès foudroyant de cette initiative, qui a recueilli plus de 700 000 signatures en moins d'une semaine et a depuis dépassé le million, révèle l'intensité d'une demande que la caste a trop longtemps reléguée au rang de tabou. On ne peut cependant passer sous silence, avec une pointe de mélancolie, le caractère contestable de ces chiffres, l'identité des signataires n'étant pas vérifiée, ouvrant la possibilité de signatures multiples.

Qu'importe, pourrait-on dire, la validité statistique d'une telle démarche, si elle exprime une vérité d'ordre moral et spirituel ? L'essentiel n'est pas la rigueur du dénombrement, mais le signe d'une soif ardente de se prononcer, de trancher un nœud gordien que le corps législatif semble avoir renoncé à défaire. Ce désir ardent de consultation directe trahit une suspicion profonde à l'égard des gouvernants, une conviction, pour reprendre la formule de ses promoteurs, que "la gauche a peur du peuple" et "peur de la souveraineté populaire".

Dans ce grand drame, le référendum apparaît comme la seule voie pour libérer la volonté nationale. Les partisans de cette consultation ne s'y trompent pas : ils dénoncent une France qui serait "corsetée par les juridictions et les conventions internationales" et par une jurisprudence constitutionnelle qui a censuré de grandes parties de lois votées. Cet argument fait du référendum l'ultime instrument de la souveraineté retrouvée, un moyen de transcender les contraintes juridiques et institutionnelles qui enserrent la nation.