Bruxelles veut croire en une renaissance technologique. Avec un plan d’un milliard d’euros destiné à stimuler l’adoption de l’intelligence artificielle (IA) dans l’industrie et la recherche, l’Union européenne (UE) entend combler le gouffre qui la sépare des États-Unis et de la Chine. Mais à l’heure où OpenAI, Google ou Baidu dictent les standards mondiaux, la question persiste : l’Europe a-t-elle encore les moyens de peser dans la révolution de l’IA?
L’Union européenne (UE) compte bel et bien rattraper son retard. Dans le domaine de l'IA, le Vieux Continent est largement dépassé par les Etats-Unis et la Chine. La Commission vient d’annoncer un plan de développement d’un milliard d’euros visant à faire de l’Europe un leader mondial en IA et technologie numérique.
Un projet d’un milliard d’euros pour améliorer l’avenir de l’IA en Europe
L’Europe accuse un énorme retard en matière d’intelligence artificielle et technologie numérique. Le Vieux Continent se retrouve loin derrière les Etats-Unis et la Chine sur le classement.
Lors d’une conférence de presse au Parlement européen, la commissaire chargée de la Souveraineté technologique, Henna Virkkunen, n’a pas manqué de souligner ce problème. « L’an dernier, seulement 13% des entreprises européennes utilisaient l’IA, avec de fortes disparités selon les Etats membres », pourtant, elle peut leur garantir « d’énormes gains de productivité », a-t-elle déclaré.
La Commission européenne compte bien rattraper ce retard. Deux plans stratégiques visant à accélérer l’adoption de l’IA dans l’industrie et la science ont été présentés mercredi. L’objectif de la Commission, est d’accroître le taux d’utilisation de cette technologie à 75% d’ici 2030.
Afin d’inciter les entreprises et les organisations à recourir à l’IA, l’UE prévoit d’investir environ un milliard d’euros par le biais de l’Horizon Europe, son programme de soutien à la recherche et à l’innovation.
À titre d'exemple, Microsoft a investi 13 milliards de dollars dans la seule startup OpenAI. Les géants chinois alignent des dizaines de milliards dans leurs programmes d'IA soutenus par l'État.
Alors que le marché mondial de l'IA est projeté à 256 milliards de dollars en 2024, le milliard européen apparait plus comme un capital d'amorçage pour des initiatives ciblées (détection des cancers, modèles spécialisés) que comme un véritable choc d'investissement capable de rivaliser avec la masse financière des États-Unis et de la Chine.

Le paradoxe régulatoire : l'IA Act, atout ou frein ?
C'est le point névralgique du projet européen. En pionnier, l'UE a adopté un Règlement sur l'IA (AI Act), cadre légal fondé sur une approche par le risque. Si cette régulation est présentée comme un gage de confiance, d'éthique et de respect des droits fondamentaux – un label de qualité « Made in Europe » –, elle est perçue par de nombreux observateurs comme un frein potentiel à l'innovation.
La crainte est que les lourdeurs administratives et les restrictions, notamment sur les usages considérés comme « à haut risque », brident la recherche et découragent les investisseurs face à des écosystèmes américain et chinois bien moins contraignants. L'Europe pourra-t-elle innover rapidement tout en érigeant la barrière réglementaire la plus haute ? C'est le grand dilemme de sa stratégie.
Certains acteurs, à l’image de Xavier Niel, veulent croire à une Europe capable de devenir un pôle d’innovation majeur. L’entrepreneur mise sur la montée en puissance de l’IA open source et la qualité des chercheurs européens.
De plus, la diversification sectorielle — santé, énergie, automobile — pourrait offrir à l’Europe des niches d’excellence.
Cependant, les infrastructures de calcul, le cloud et les semi-conducteurs restent dominés par les États-Unis et l’Asie. Sans indépendance matérielle, la souveraineté numérique reste un mirage.

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