Grogne paysanne : pourquoi la FNSEA verse ses larmes de crocodile sur le Mercosur

Grogne paysanne : pourquoi la FNSEA verse ses larmes de crocodile sur le Mercosur


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Ce n’est un mystère pour personne : Ursula von der Leyen va tordre le bras à Macron en signant très rapidement le traité de libre-échange dit Mercosur. D’où l’annonce de mouvements de protestation savamment négociés par la FNSEA avec le gouvernement, pour occuper le terrain. Pourtant, la FNSEA, contrôlée par les grands producteurs et les coopératives, n’a guère de souci à se faire avec ce traité, qui profitera largement à ses adhérents. Nous vous donnons ici la clé qui explique cette posture de crocodile.

Allez ! c’est reparti pour un tour… Les paysans se mobilisent et bloquent les routes, mais selon un protocole « modéré », négocié minutieusement avec Retailleau. Le ministre de l’Intérieur vient d’expliquer au syndicat majoritaire, la FNSEA, qu’ils avaient le droit de faire mumuse sur les routes pour occuper la galerie, à condition de ne pas créer de « kystes », c’est-à-dire de points de blocage qui gêneraient trop l’ordre public et seraient de nature à peser réellement sur le gouvernement.

C’est la vieille entente entre copains de coulisse : d’un côté, le gouvernement laisse faire tant qu’il s’agit de divertir les esprits et donner bonne conscience (« on aura fait tout ce qu’on pouvait contre le Mercosur ! »). D’un autre côté, le syndicat majoritaire fait son job, celui de garder le troupeau à la place des gardiens officiels.

Vu les événements de l’an dernier, il y a effectivement un peu de souci à se faire. La Coordination rurale, syndicat combattif, a en effet troublé le jeu de l’agriculture l’an dernier, et a marqué des points. Pour le gouvernement, il s’agit d’une menace, tout autant que pour la FNSEA.

Et, comme par hasard… les élections professionnelles dans l’agriculture ont lieu en janvier 2025, quelques jours, probablement, après la signature du MERCOSUR, qui devrait jeter de l’huile sur le feu dans le monde paysan. Ces élections décident notamment de la gouvernance des chambres d’agriculture, maillon indispensable dans la distribution des subventions. Lors des dernières élections, la FNSEA avait constaté la montée de la Coordination Rurale en nombre de voix.

Pour couper les pattes de ses mauvais coucheurs, rien de tel qu’une fausse grève parfaitement négociée avec le gouvernement. On sait par avance qu’elle ne servira à rien d’autre qu’à protéger la compétitivité de la FNSEA face aux nouveaux entrants sur le marché syndical. Et une fois les élections passées, tout reviendra comme avant.

Rappelons que, pour notre part, notre position sur le Mercosur est mesurée, mais nous préconisons un travail d’explication sur le trilemme de l’agriculture.


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