La marque américaine Ford, pilier de l’industrie automobile européenne, est en crise. Ford Europe a enregistré 447 millions de dollars de dépréciations au dernier trimestre. Le PDG mondial, Jim Farley, pointe un responsable majeur : Bruxelles et sa politique coercitive de transition électrique.

Nommé le 1er novembre, Jim Baumbick, nouveau président de Ford Europe, hérite d’une filiale en crise. La marque a supprimé des milliers d’emplois, abandonné des modèles emblématiques comme la Fiesta et la Focus, et peine à s’imposer sur le marché électrique. Les Explorer et Capri, issus de la base Volkswagen, ne séduisent pas. La situation est telle que Ford a enregistré 447 millions de dollars de dépréciations au seul troisième trimestre, conséquence directe de la restructuration de ses activités européennes. Une implantation devenue coûteuse, minée par des obligations écologiques incohérentes et un marché peu réceptif à l’électrique pur.
Le PDG de Ford alerte, Bruxelles vit hors-sol
Jim Farley, PDG de Ford Motor Company, appelle ouvertement l’Europe à « remettre à zéro » une politique devenue délirante. Selon lui, l’Union impose « les mandats carbone les plus agressifs au monde », totalement déconnectés de la demande réelle.
Les chiffres lui donnent raison :
- 16 % de parts de marché pour les véhicules électriques, loin des 25 % exigés dès 2025 ;
- une production européenne en recul de 3 millions de véhicules par rapport à l’avant-Covid ;
- 90 000 emplois supprimés dans l’automobile rien qu’en 2024.
Pendant ce temps, les constructeurs chinois subventionnés, surcapacitaires, ultra-compétitifs gagnent du terrain. Leur part de marché a doublé en douze mois pour atteindre 5,5 %, une percée fulgurante qui menace directement les usines européennes.

Une politique écologique punitive et contradictoire
L’Europe multiplie les injonctions contradictoires : elle exige des investissements gigantesques dans l’électrique, tout en modifiant chaque année les objectifs, les taxes et les incitations.
L’Union européenne impose les mandats carbone les plus agressifs au monde, exigeant un rythme d’électrification qui ignore superbement les préférences des consommateurs. Comme le dénonce Farley, « fixer des réglementations irréalistes […] pour les ajuster lorsque les consommateurs ne se présentent pas est une recette pour la tourmente ».
Cette instabilité normative, couplée à des signaux contradictoires comme la taxe kilométrique britannique sur les VE, paralyse les investissements à long terme, détruit la visibilité et rend toute stratégie industrielle cohérente impossible.
Cette instabilité réglementaire détruit la visibilité des industriels, pourtant engagés dans des cycles d’investissement de dix ans.
2035 : l’interdiction des thermiques déjà en lambeaux ?
Les faits sont têtus. Ni le marché, ni les consommateurs, ni les entreprises ne suivent le rythme imposé par Bruxelles. Les fourgons, essentiels aux PME, affichent seulement 8 % de ventes électriques, mais sont soumis aux mêmes objectifs que les berlines haut de gamme. Une absurdité qui pénalise directement les artisans, les commerçants et la moitié du PIB européen.

La pression politique change aussi : le retour de Donald Trump renforce les forces pro-industrie et anti-Green Deal en Europe. Les États savent désormais que l’Agenda 2030 ne bénéficiera plus d’un soutien automatique de Washington.
L'Europe est face à un choix binaire : soit elle s'accroche à des cibles irréalisables et voit son industrie automobile devenir un "musée de la fabrication du XXe siècle" dominé par les importations, soit elle opère une remise à zéro réglementaire pour un cadre fiable, réaliste, et respectueux du libre-choix du marché.La survie de l’automobile européenne devra passer par moins d’État, et plus de marché.



