Draghi et Macron, meilleurs élèves du nouvel ordre mondial et du Great Reset

Draghi et Macron, meilleurs élèves du nouvel ordre mondial et du Great Reset


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Il faut lire les conclusions du dernier G20, réécouter le discours d’Emmanuel Macron à la COP 26 de Glasgow, pour comprendre que l’Europe porte en elle aujourd’hui deux élèves zélés du Great Reset et du nouvel ordre mondial dont il est porteur, à travers la cascade d’instances multilatérales qui « coordonnent » la riposte internationale à la crise du COVID. On n’est pas sûr que ces ripostes soient efficaces, mais on découvre peu à peu combien elles sont concertées sans aucune consultation des peuples qui les subissent. C’est ça, le Great Reset : la détermination des politiques nationales par une caste mondialisée qui se réunit régulièrement pour créer et décliner des « agendas » de plus en plus contraignants, au mépris du suffrage universel.

Draghi et Macron sont aujourd’hui les meilleurs élèves du Great Reset et de son multilatéralisme qui se mue progressivement en Nouvel Ordre Mondial. Jusqu’ici, le multilatéralisme se bornait à exercer une sorte de soft power international ciblé sur des sujets très précis. Désormais, il a l’ambition de coordonner toutes les politiques nationales, sous couvert de relance après la crise du COVID et de transition écologique. Peu à peu, les cadres nationaux sont remplacés par une logique mondiale fondée sur la coordination des grandes décisions lors de sommets réguliers, enchassés les uns dans les autres comme des poupées gigognes.

Draghi et Macron, chantres d’un Nouvel Ordre Mondial

Il est assez frappant de voir comment deux dirigeants européens font montre d’empressement pour être le plus zélé dans la construction d’un Nouvel Ordre Mondial. Nous avons récemment détaillé la mise en place du Great Reset par Macron, en France, et des différentes propositions de Klaus Schwab. Nous exposons en détail les avancées pilotées par Mario Draghi au niveau du G20 qu’il présidait. Macron a répondu à ces propositions par une intervention enflammée à la COP26 en faveur d’une ambition multilatérale renouvelée.

L’empressement des deux hommes à servir cet ordre, fondé sur des sommets multilatéraux enchâssés les uns dans les autres (ONU, G7, G20, UE, COP, OTAN, etc.) où toutes les politiques publiques sont passées en revue, pose d’ailleurs la question de leur rivalité pour un éventuel « poste de débouché » après leur mandat.

Dans tous les cas, la France et l’Italie sont aujourd’hui à la manoeuvre pour animer une bascule brutale, à la faveur de la « reprise » ou de la « relance » après l’épidémie, vers un nouvel ordre mondial où les décisions ne seront plus concertées avec les peuples, mais où elles seront directement examinées par une caste mondialisée qui verrouille le pouvoir.

Comment le Great Reset a « mainstreamé » le Nouvel Ordre Mondial

Il faut lire les conclusions du G20 pour saisir les contours du Nouvel Ordre Mondial et son étroite parenté avec le Great Reset de Schwab. Dans la pratique, toutes les décisions du G20 ont été formulées dans le livre du fondateur de Davos l’an dernier.

Ce n’est pas que Schwab soit un grand Manitou qui tire les ficelles de la planète. C’est plutôt qu’il a joué le rôle de scribe pour une élite mondialisée qui « mainstreame » patiemment ses projets, secteur par secteur, axes politiques par axes politiques. Ce lent travail de maturation dont le Forum de Davos est l’un des théâtres, porte aujourd’hui ses fruits.

Il débouche sur un plan d’action homogène, dont les grands piliers sont connus : digitalisation, vaccination, transition écologique, avec, pour toile de fond, défense du libre échange et recentrage de la gouvernance mondiale vers les instances multilatérales plutôt que vers les Etats nations et leur suffrage universel. Dans cet ensemble, le pouvoir est détenu par une sorte de technostructure qui pilote les peuples et les nations comme on pilote une entreprise : avec une série d’agendas et d’objectifs à atteindre dans la durée, validés par des revues collectives de processus.

La bénédiction Biden

Dans cet ensemble, un élément-clé explique la précipitation avec laquelle la bascule se met en place. Il est fourni par l’éviction de Donald Trump et l’élection de Joe Biden, qui se comporte lui-même en élève docile du multilatéralisme et du Great Reset. Tant que Donald Trump occupait la Maison Blanche, une menace planait sur la domination durable de la caste mondialisée. L’arrivée de Joe Biden est autant une bénédiction qu’une course contre-la-montre : il faut désormais se presser pour établir des jalons irréversibles dans la construction d’un ordre qui ne doit plus dépendre du suffrage universel.

Dès son arrivée au pouvoir, Biden s’est pressé de déployer la politique économique du « Big Government » préconisée par Schwab. Mais il faut désormais cranter cette stratégie dans la construction de l’ordre mondial lui-même. C’est à cette mission que se consacrent un Draghi, un Macron, celle d’avancer le plus vite, le plus loin possible, en partant du principe que le bras de fer avec les peuples n’est pas gagné, et que tout ce qui est pris n’est plus à prendre.

Cette précipitation témoigne de la gêne qu’un Trump a pu causer au développement des projets ourdis par la caste mondialisée. L’épidémie de COVID 19 fournit l’occasion inespérée de rattraper le temps perdu et de gagner du temps pour l’avenir.

L’émergence de nouveaux Rogue States

Dans l’ancienne Pax Americana, certains Etats (la Libye, la Syrie, l’Iran, la Corée du Nord) étaient décrétés « rogue states », c’est-à-dire Etats voyous à combattre. La mise en place d’un nouvel ordre mondial suscite l’émergence de nouveaux Rogue States. On y mettra la Russie, qui était déjà en délicatesse avec ce système, en y ajoutant le Brésil, devenu infréquentable avec Bolsonaro, et la Turquie, où Erdogan déploie un projet entre Orient et Occident qui devrait tôt ou tard, déboucher sur une impasse.

Dans tous les cas, il n’est plus guère possible pour un Etat de s’abstraire de l’ordre international qui se met en place. Un état de fait se crée, qui laisse peu de place à la contestation…

La démocratie libérale a désormais dépassé son optimum historique. Comme le dit Michel Maffesoli vient le temps des soulèvements des peuples contre une caste qui a décidé de les maltraiter.


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