DOGE : Elon Musk en croisade contre les juges

DOGE : Elon Musk en croisade contre les juges

Le DOGE, ou ministère de l’efficacité du gouvernement (DOGE), missionné par Donald Trump pour sabrer les dépenses publiques de l’administration fédérale, est au centre de tempête juridique. Ce département dirigé par le milliardaire Elon Musk, PDG de Tesla, a procédé à des licenciements massifs et a accédé à des données gouvernementales sensibles, fait face à près de deux douzaines de procès. Plusieurs juges ont déjà ordonné plus de transparence dans les actions du DOGE, voire annulé certaines des décisions de Musk. Dans une série de messages publiés sur X, le réseau social qu’il possède, Musk a qualifié les juges de « militants de gauche » et a accusé le système judiciaire de mener un « coup d’État ». Il a même appelé le Congrès à destituer ces juges, qu’il considère comme des obstacles à ses ambitions de réforme gouvernementale. « Il s’agit d’un coup d’État judiciaire », a-t-il écrit, exhortant les législateurs à agir contre ces magistrats.

Elon Musk, l’entrepreneur milliardaire PDG de Tesla, continue à se  retrouver au cœur de polémiques judiciaires. Après qu’un juge fédéral a statué contre son rôle à la tête du Département de l’efficacité du gouvernement (DOGE), estimant que sa nomination pourrait enfreindre la clause de nomination de la Constitution américaine. Cette décision, fait suite à une plainte déposée par des employés de l’USAID licenciés. Elon Musk a lancé une série d’attaques contre les juges américains ayant statué contre le DOGE et l’administration Trump sur son réseau social X. Le milliardaire les a qualifiés de « juges activistes » et a demandé au Congrès de les destituer. Ces revers judiciaires représentent un défi majeur pour Musk, qui a jusqu’à présent opéré avec peu de contrôle et des pouvoirs étendus.

Musk contre-attaque sur X

Ces poursuites judiciaires commencent à faire obstacle aux projets du DOGE. Mardi, le juge fédéral Theodore Chuang a statué contre l’administration en qualifiant le démantèlement de l’USAID de violation de la Constitution. Il a ordonné la suspension des licenciements d’employés. Chuang a également déclaré que les actions d’Elon Musk au sein du DOGE sont anticonstitutionnelles, car seul un conseiller élu peut prendre de telles décisions. Jeudi, un autre juge du tribunal de district du Maryland a bloqué l’accès de l’équipe du DOGE aux systèmes de la Sécurité sociale.

Fidèle à son style provocateur, Elon Musk a vivement réagi sur X, son propre réseau social. Dans une série de plus de 20 publications en 48 heures, il a accusé les juges de mener un « coup d’État judiciaire » et les a qualifiés de « militants radicaux de gauche ». Il a même appelé le Congrès à « impeacher les juges » qui s’opposent à lui.

Musk veut la destitution des juges

Elon a demandé aux législateurs de « destituer les juges » ayant statué contre l’administration Trump. Il estime que ce sont des « activistes voyous ».  Le milliardaire a aussi lancé une pétition contre eux via son groupe d’action politique America Pac.

Selon le New York Times, Musk a mis sa fortune au service de cette bataille.il a fait des dons importants à plusieurs membres républicains du Congrès qui ont appelé à destituer des juges.  De plus, il a lancé une pétition via son groupe d’action politique, America Pac, offrant 100 dollars aux électeurs inscrits signant cette pétition. Le Pac d’Elon Musk a également investi des millions de dollars dans la course à la Cour suprême de l’Etat prévue pour le 1er avril prochain. Le milliardaire soutient un ancien procureur général républicain. Son objectif, c’est d’apporter aussi des changements majeurs au sein du système judiciaire américain.

Une bataille judiciaire qui s’inscrit dans un affrontement plus large

L’opposition de Musk aux juges s’inscrit dans un contexte plus large d’affrontement entre l’administration Trump et le système judiciaire. Récemment, plusieurs décisions ont freiné les déportations massives d’immigrants prévues par l’administration, provoquant la colère du milliardaire et de ses alliés politiques.

Face à ces attaques, le juge en chef de la Cour suprême, John Roberts, a publié su X: « Pendant plus de deux siècles, il a été établi que la destitution n’est pas une réponse appropriée à un désaccord concernant une décision judiciaire. » Ce à quoi Musk a rétorqué sur X : « Depuis plus de deux siècles, il n’y a jamais eu d’abus extrême du système juridique par des activistes prétendant être des juges. »

Selon la Constitution américaine, un juge fédéral peut être destitué en cas de « trahison, corruption ou autres crimes et délits graves ». Cette procédure nécessite d’abord une mise en accusation par un vote à la majorité simple à la Chambre des représentants, suivie d’une condamnation par une majorité des deux tiers au Sénat. Depuis la création de la République américaine, huit juges fédéraux ont fait l’objet d’une telle destitution.

John Yoo, professeur de droit à l’Université de Californie à Berkeley, s’inquiète de la concentration de pouvoir entre les mains de Musk, un « non élu » dont les actions manquent de transparence. Désormais, le DOGE devra opérer sous un contrôle plus strict, garantissant que ses actions répondent à l’intérêt public et non à des ambitions personnelles.