DOGE: Elon Musk a-t-il échoué à réformer Washington ?

DOGE: Elon Musk a-t-il échoué à réformer Washington ?


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Nommé par Donald Trump pour « réformer » l’administration fédérale, Elon Musk a dirigé pendant 130 jours l’initiative DOGE (Department of Government Efficiency). Objectif : sabrer les dépenses publiques, en réduisant considérablement les coûts et les lourdeurs bureaucratiques. Résultat : chaos, rétropédalage et remise en cause de sa méthode de choc. En effet pour beaucoup, la mission du DOGE a échoué à cause d’Elon Musk , qui ne visait pas l’efficacité, mais qui reposait sur l’improvisation, l’idéologie et le mépris des fonctionnaires.

Ayant fortement contribué au succès électoral de Donald Trump, Elon Musk a dirigé le DOGE ou Département de l’efficacité gouvernementale. En occupant ce nouveau poste, le magnat de la technologie avait un grand projet : réduire les dépenses gouvernementales. En septembre 2024, il a affirmé qu’il pourrait réduire les coûts de l’administration fédérale à hauteur de 2.000 milliards $. Au bout de 130 jours, il a quitté l’administration Trump. Qu’adviendra-t-il alors du DOGE sans Elon Musk.

Qu’a fait le DOGE ?

Elon Musk a soutenu avec ferveur le retour de Donald Trump au pouvoir. Il a fortement contribué au succès de ce dernier lors des élections présidentielles. Les deux hommes sont devenus de plus en plus proches et Trump a promis au magnat de la technologie un poste au sein de son administration. « Chose promise, chose due », le président élu a désigné Elon Musk pour diriger le Département de l’efficacité gouvernementale (DOGE). Il a pris très au cœur sa mission. Son objectif était de réduire les dépenses gouvernementales.

Le patron de Tesla a récemment annoncé son départ de l’administration Trump.  Il a donc quitté son poste de dirigeant du DOGE au bout de 130 jours. Sa relation avec le président Donald Trump reste également incertaine. Mais Musk a laissé son empreinte lors de son passage au sein de l’administration Trump. Au cours de ses 130 jours de mandat, le magnat de la technologie aurait supprimé environ 260.000 postes d’employés fédéraux et a procédé à la dissolution ou au remaniement de plusieurs agences fédérales, notamment celles érigées pour soutenir la recherche scientifique et l’aide humanitaire.

Par ailleurs, seulement 180 milliards de dollars ont été « économisés », l’objectif ambitieux du milliardaire n’a pas été atteint. Il visait à réduire d’au moins 2.000 milliards de dollars les dépenses fédérales.

Pour Elaine Kamarck, experte de la Brookings Institution et ancienne architecte du programme « Reinventing Government » sous Clinton, cette approche brutale n’avait aucune vision stratégique. Les réductions budgétaires ont été faites sans plan global, plongeant les services publics dans le désarroi.

Tout laisse à penser que pour atteindre ses objectifs, l’homme le plus riche du monde , Elon Musk a mobilisé toutes les techniques de réductions de coût qu’il a déjà utilisées dans ses entreprises, ce qui a considérablement secoué l’administration fédérale.

Un retour de boomerang judiciaire et politique

Plusieurs décisions prises par Elon Musk en tant que dirigeant du DOGE ont été annulé par les tribunaux, obligeant l’État à recontacter d’anciens fonctionnaires. Les secrétaires ministériels récemment nommés ont également rejeté les décisions du DOGE, dénonçant leur impact sur leurs missions essentielles. Les coupes imposées ont compromis le fonctionnement d’agences comme la FDA, l’IRS ou encore l’USAID.

Après le départ du patron de Tesla, le gouvernement fédéral tente de réembaucher les employés fédéraux licenciés ou qui ont démissionné selon un rapport du Washington Post. Mais le gouvernement peine aujourd’hui à réembaucher les profils qu’il a perdus. Les scientifiques, ingénieurs et spécialistes qualifiés ne veulent plus revenir, ayant trouvé mieux ailleurs – y compris à l’étranger, dans un climat professionnel plus stable.

Pour beaucoup, l‘héritage de Musk au DOGE n’est pas une réforme. La désorganisation, la perte de talents et l’ambiance délétère instaurée risquent de laisser des séquelles durables. Cela rappelle les effets nocifs observés dans certaines universités américaines, où des chercheurs de haut niveau préfèrent désormais s’exiler. DOGE, qui devait être le fer de lance d’une nouvelle efficacité publique, est désormais dilué dans les départements classiques, et placé sous l’autorité de secrétaires peu enthousiastes, comme Sean Duffy au Transport, en conflit ouvert avec Musk.

Qu’en est-il du projet de réduction des dépenses fédérales ? Donald Trump, essaie de faire passer un projet de loi qu’il qualifié de « grandiose et beau » mais critiqué par Elon Musk. Il est censé permettre d’éliminer les dépenses inutiles et de renforcer la sécurité nationale. Mais en réalité, il pourrait provoquer un déficit encore plus grave. De plus, il pourrait priver plusieurs Américains d’une aide sociale qui leur est indispensable.

Elaine Kamarck, a rappelé au co-animateur de Today, Explained, Sean Rameswaram, que « le DOGE a mis en place des coupes budgétaires drastiques, sans aucun plan ».Elle estime qu’à travers son ambition et ses efforts d’atteindre son objectif de réduire les dépenses fédérales, Elon Musk a tout simplement semé le chaos, la peur et le dégoût au sein de la fonction publique.

Tout porte à croire que le rêve de Musk s’est heurté à la réalité du service public : complexe, humain… et indispensable.



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