Déficit commercial, dettes et partage de la future misère

Déficit commercial, dettes et partage de la future misère


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Avec la mise à l’arrêt de l’économie, le déficit commercial se creuse. Mauvaise nouvelle pour les finances publiques, la dette et la pression fiscale. Incapables de créer les conditions de la prospérité, nos politiciens regorgent d’idées idiotes sur le partage de la misère.

Ce n’est pas surprenant, le déficit commercial de notre pays se creuse depuis la crise sanitaire.

Pour le tourisme à Paris, les chiffres sont déjà accablants : – 15 milliards de recette. Le tourisme est en quelque sorte de l’export puisque des étrangers viennent dépenser de l’argent chez nous.

Le bilan général et définitif 2020 n’est pas encore tombé : 62 milliards pour la Banque de France, 65 milliards selon les douanes mais 82,5 milliards pour Eurostats (sources).

La crise sanitaire a évidemment frappé des secteurs industriels encore traditionnellement exportateurs tels que l’aéronautique ou l’automobile, ainsi que le tourisme. Elle a favorisé le secteur médical et – divine surprise – allégé la facture pétrolière de quelques 20 milliards.

Un problème ? Une taxe !

Selon les étatistes de gauche et de droite, le déficit commercial est sans conséquence. Pour que tout rentre dans l’ordre, il suffit de recourir au protectionnisme, à la dévaluation et à la grande pompe taxations-subventions dont seuls quelques contribuables lucides déplorent les fuites et le rendement lamentable.

Selon que les propositions émanent du RN, de LFI, des Républicains, du PS ou d’En Marche, le dosage entre le recours au protectionnisme ou au mode taxation-subvention change. Les écologistes-pastèques eux sont désormais hors course : ils prônent le retour à l’économie de subsistance. L’ensemble de l’échiquier politique ne contestant plus l’euro, la dévaluation (qui consiste à brader à l’étranger la valeur ajoutée nationale) n’a plus la cote.

Ce qu’indique le déficit commercial

Raisonnons d’abord à l’échelle individuelle. Vous vivez en autarcie donc forcément à la campagne. Votre but est de vous nourrir, de vous chauffer, de vous vêtir. Vous n’échangez rien. Votre balance commerciale est nulle.

Par votre talent d’observation de la nature, votre acharnement au travail, et une météo clémente vous arrivez à produire un peu plus que les besoins de votre famille. Vous voici en mesure de vendre, d’exporter !

Du coup, vous vous laissez tenter par des chaussures fabriquées par un chasseur-tanneur-cordonnier qui sont nettement plus confortables que vos galoches en bois taillées  à la faveur d’une chute d’arbre. Vous achetez pour moins cher de chaussures que votre excédent agricole. On n’est jamais trop prudent et jamais à l’abri de mauvaises récoltes. Votre balance commerciale est donc positive.

Votre ferme autarcique prospère. Toute votre famille est désormais bien nourrie. Vos enfants portent des chaussures. Vous succombez au charme de chandails en cashmere produits par une vieille qui tricote au coin du feu la laine de ses chèvres qui viennent d’un pays bizarre. C’est cher mais c’est doux, chaud et moelleux. Vous tapez dans vos réserves. Votre balance commerciale devient négative, vous êtes en déficit commercial.

En principe, c’est une situation transitoire. Car une fois que votre épargne sera épuisée, il va bien falloir ressemeler vos chaussures, ravauder vos cashmeres et vous remettre au boulot. Sauf bien sûr si vous vous endettez…

En réalité, l’économie en autarcie n’existe pas. Cela conduit à une situation misérable. Voir l’URSS, la Corée du Nord et même la République Démocratique Allemande. Oui : même les Allemands n’ont pas réussi à faire fonctionner le communisme, c’est dire !

Pour qu’une économie soit prospère, il faut que chacun puisse échanger avec les autres ce qu’il fait de mieux. Plus les échanges sont fluides (sans taxe, barrières douanières, normes protectionnistes) plus l’économie se développe. La mondialisation a permis à des centaines de millions de personnes de sortir de la pauvreté.

L’idéologie, le nationalisme, la lutte des classes n’ont jamais développé l’économie. Pire l’idéologie entrave comme le montre la différence de stratégie entre les industries automobiles allemandes et françaises.

Le déficit commercial récurrent et installé de la France prouve simplement que nous sommes incapables de produire en quantité suffisante des biens et services au bon prix que des étrangers souhaitent nous acheter. Si nous importons trop depuis des années sans exporter suffisamment, avec quoi payons-nous nos importations ? De la dette !

Notons que les pays avec lesquels nous sommes les plus déficitaires sont la Chine et l’Allemagne.

Le danger du double déficit

Nous devons donc à titre collectif affronter deux déficits : le déficit public dont le cumul est la dette publique et le déficit commercial qui n’est pas financé par l’épargne puisque l’État s’endette. Le discours selon lequel la dette est remboursable par la croissance est par conséquent inepte. L’arithmétique est d’ailleurs implacable, un pays qui est endetté à 100 % de ce que produit son économie et qui paie 2% d’intérêt sur sa dette doit dégager plus de 2% de croissance pour seulement stabiliser sa dette (on ne parle pas de rembourser mais de ne plus creuser le trou).

Avec l’Allemagne, nos déficits commerciaux s’entassent au sein du dispositif TARGET 2, sorte de trou noir de créances douteuses au sein de l’Eurozone, créances comptabilisées par les banques centrales nationales et la Banque centrale européenne.

Voici ce que cela donne.

Source Eurocrismonitor

En dessous de l’horizontale, les pays déficitaires et au-dessus les pays excédentaires.

Pour la France, la situation n’est pas encore dramatique, comparée à celles de l’Italie ou l’Espagne. De quoi recadrer les discours du style « salauds de Teutons qui profitent de l’euro pour nous écraser »… Dit autrement, l’Allemagne a plus de 1 000 milliards d’euros de créances douteuses sur l’Eurozone mais très peu avec la France.

C’est plus avec la Chine que ça risque de coincer. La solution serait évidemment la réindustrialisation. Mais pour cela, il faudrait renoncer au merveilleux modèle social (que personne ne copie vu qu’il est ruineux), taxer un peu moins le secteur productif et travailler un peu plus comme le font tous ceux qui nous entourent. Car figurez-vous que nous vivons dans un monde cruel : à talent égal, celui qui bosse le plus gagne.

Hélas, Bruno Le Maire ne semble pas l’avoir compris « Les entreprises vont rendre ce qu’elles ont réussi à obtenir grâce à la protection de l’État[…] c’est une solution juste et efficace qui mérite en tout cas d’être étudiée. »

En Marche donc vers plus de misère, plus d’impôts, plus de privations de liberté. Sauf à changer d’idéologie : les entreprises ou les individus n’obtiennent rien de l’État. Les salariés, les patrons, les individus payent l’État pour avoir en retour des services régaliens, c’est-à-dire la protection de leur propriété, de leur liberté et de leur sûreté. Services qui aujourd’hui sont de plus en plus mal assurés et nous coûte de plus en plus cher. C’est pour cela que même notre prétendument fabuleux modèle social ne s’exporte pas !


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