Dans quoi entreprendre à l’heure de l’intelligence artificielle ? Par Eric Lemaire

Dans quoi entreprendre à l’heure de l’intelligence artificielle ? Par Eric Lemaire


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Jamais il n’a été aussi facile — ni aussi risqué — d’entreprendre. L’intelligence artificielle bouleverse les chaînes de valeur, redistribue les marges, redéfinit les métiers. Elle abaisse les barrières techniques tout en relevant le niveau d’exigence. En quelques lignes de code, on peut désormais automatiser ce qui demandait jadis une équipe entière.

a person holding a cell phone in their hand
Photo by Solen Feyissa / Unsplash

Mais cela ne signifie pas que tout le monde réussira. L’IA ne change pas la nature de l’entrepreneuriat : elle en accélère seulement les cycles. La question n’est plus “faut-il entreprendre ?” mais “dans quoi entreprendre aujourd’hui ?”

Pour les kamikazes : l’industrie

J’ai participé à de nombreuses aventures industrielles. Une seule a survécu — péniblement — et grâce à des capitaux américains.

La France industrielle reste un champ de mines pour les entrepreneurs. Les dispositifs publics, centrés sur la R&D, aident à inventer mais pas à produire. Le vrai défi n’est pas de créer une innovation, mais de scaler, c’est-à-dire de financer l’optimisation du coût unitaire jusqu’à la compétitivité internationale.

Et là, le système s’effondre : nos dispositifs de soutien s’arrêtent au bord de la vallée de la mort.

Résultat : on conçoit des prototypes brillants, qu’on finit par céder ou délocaliser.
Pour ceux qui persévèrent, c’est souvent un chemin de croix, fait de trésoreries tendues, de délais de paiement et d’administrations paralysantes.

Bref, l’industrie reste l’affaire des kamikazes : de ceux qui acceptent de brûler du capital et de l’énergie pour construire du tangible dans un pays qui ne sait plus très bien comment le valoriser.

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Évidemment, Sébastien Lecornu a sauvé sa tête. Il fallait s’y attendre : le garçon n’a jamais eu à se lever à 5 h du matin pour ouvrir un rideau de fer, jamais eu à supplier un banquier, jamais eu à choisir entre payer l’Urssaf ou nourrir ses gosses. Sa seule expérience du « privé », c’est le badge d’accès au parking réservé des ministères. Mais pour conserver le volant de la limousine avec chauffeur, il excelle. Et là, il a été magistral. Le deal est simple, et délicieusement pourri : on au


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Rédaction

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