L'administration Trump a approuvé la construction d'une route de 340 km au cœur d'un parc national en Alaska. Justification officielle : gagner la « course aux armements de l'IA » face à la Chine. Une décision qui pourtant menace un écosystème fragile ainsi que les communautés autochtones, au nom la « course à l’intelligence artificielle ».
Le projet de route Ambler n'est pas nouveau. Long de 340 km, il doit traverser la chaîne de Brooks et s'enfoncer sur 40 km dans les terres sauvages du parc national de Gates of the Arctic, un des derniers sanctuaires de nature intacte aux États-Unis. Sous l'administration Biden, le Bureau of Land Management (BLM) l'avait rejeté en 2024, invoquant des impacts environnementaux dévastateurs et des conséquences culturelles pour les communautés autochtones.
Pourtant, le lundi 6 octobre 2025, le président Donald Trump, entouré de ses secrétaires à l'Intérieur et à l'Énergie, a officialisé son feu vert. La raison: les minerais situés au bout de cette route sont jugés indispensables pour que les États-Unis conservent leur suprématie dans la course mondiale à l'intelligence artificielle.
La « guerre de l’IA » contre la Chine comme justification
Au cœur de cette décision se trouve un minerai en apparence banal : le cuivre.
« Nous devons exploiter nos ressources pour rester numéro un », a déclaré Trump depuis le Bureau ovale.
Selon le secrétaire à l’Intérieur Doug Burgum, la région recèle des réserves de cuivre, de zinc, de plomb et de gallium — autant de métaux essentiels à l’industrie numérique et à la défense.
Le cuivre est un composant essentiel des centres de données, ces usines numériques qui consomment des quantités colossales d'électricité et dont le besoin explose avec le développement de l'IA. Il est crucial pour l'alimentation et le refroidissement de ces infrastructures. Selon le rapport Global Critical Minerals Outlook 2025, l'offre en cuivre sera inférieure de 30% à la demande d'ici 2035.
Announcing The Stargate Project
— OpenAI (@OpenAI) January 21, 2025
The Stargate Project is a new company which intends to invest $500 billion over the next four years building new AI infrastructure for OpenAI in the United States. We will begin deploying $100 billion immediately. This infrastructure will secure…
L’objectif : alimenter le projet Stargate, un programme de 500 milliards de dollars dirigé par OpenAI, Oracle et SoftBank pour bâtir un réseau national de centres de données. Ces infrastructures, énergivores et gourmandes en eau, exacerbent pourtant la crise environnementale que Trump prétend ignorer au nom du progrès.
« La Chine contrôle 85 à 100% de toute l'exploitation minière et le raffinage de tous les 20 principaux minéraux critiques »
a alerté Burgum.
Pour l'administration Trump, le district d'Ambler, riche en cuivre, zinc, gallium et germanium, est présenté comme un trésor national pour s'émanciper de Pékin.

Un projet aux lourdes conséquences écologiques et humaines
Cette décision balaie nombreuses mises en garde environnementales. Le propre dossier du BLM, qui avait justifié le refus du projet un an plus tôt, listait pêle-mêle :
- L'impact dévastateur sur l'habitat des poissons et la qualité de l'eau.
- La perturbation du troupeau de caribous de l'Arctique de l'Ouest, déjà en déclin critique depuis 2017.
- La modification à jamais de la culture et des pratiques de subsistance des communautés autochtones de l'Alaska.
La route traverserait plus de 3 000 cours d'eau, nécessitant jusqu'à 50 ponts, et modifierait de manière irrémédiable l'hydrologie et les paysages de cette région reculée.
Après avoir annulé la « règle sans route » de 2001, Donald Trump a rouvert 45 millions d’acres à la construction et à la déforestation. En Arizona, il a soutenu un projet minier sur le site sacré d’Oak Flat, un lieu de culte Apache, au mépris des injonctions judiciaires.
La route Ambler s’ajoute donc à une série d’initiatives qui traduisent une même logique : sacrifier l’environnement et les peuples autochtones sur l’autel du capitalisme extractif. Le gouvernement fédéral prendra même une participation de 10 % dans la société canadienne Trilogy Metals, bénéficiaire directe du projet.

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