L'affaire Shein a soudain permis de toucher du doigt notre soumission industrielle à l'Asie en matière textile. Mais comment la France, pays historique de la mode, a-t-elle pu en arriver là ? J'ai interrogé Mourad Rahbi, ancien secrétaire général de la CGT Textile et Habillement, sur l'origine de ce naufrage.
Il est des instants de vérité qui traversent le brouillard de la propagande médiatique avec la violence d’un uppercut. La vidéo qui motive cette chronique n’est pas un simple reportage ; c’est une pièce à conviction pour le procès futur de notre époque. Elle expose, avec une crudité insoutenable, la disparition physique de notre souveraineté textile. Ce n’est pas une question de nostalgie ou de folklore pour cartes postales. C’est une question de survie élémentaire : un peuple qui ne sait plus se vêtir par lui-même est-il encore un peuple libre?
Pour comprendre ce drame, il faut d’abord briser les idoles du théâtre politique contemporain. On nous vend une opposition dramatique entre le "macronisme", cercle autoproclamé de la raison, et le "mélenchonisme", grimé en alternative radicale. C'est une farce. Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon se tiennent, en réalité, par la barbichette. Ils participent du même projet globaliste : pour les uns, la France est un hôtel d'étape dans le village global de Davos ; pour les autres, une zone de transit sans frontières. Entre le banquier d'affaires qui délocalise pour le profit et l'idéologue qui refuse la protection douanière par principe, il y a une convergence objective : la mort du producteur local.
Ce que nous vivons n'est pas une fatalité économique, mais un crime prémédité. La désindustrialisation n'est pas un échec de nos élites ; c'est leur projet. C'est la condition de leur maintien au pouvoir et de leur enrichissement, dans ce que nous devons appeler une "soviétisation" rampante de notre économie.


La trahison des clercs : le désarmement unilatéral
L'histoire de notre défaite s'enracine dans les choix stratégiques des années 1990-2000. Le pivot de cette tragédie porte un nom barbare, inconnu du grand public mais gravé dans la chair de nos vallées ouvrières : les Accords Multifibres (AMF).
