Comment Macron est en train de faire perdre l’Afrique à la France, par Dominique Delfosse

Comment Macron est en train de faire perdre l’Afrique à la France, par Dominique Delfosse


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Loin du bruit médiatique, loin de ce que l’on considère en Europe comme des enjeux majeurs, les relations Afrique – France actuelles illustrent à merveille une tendance de fond qu’il convient d’analyser.

Les signaux « faibles » (mais pas que), révélateurs d’une exaspération Africaine envers la France sont nombreux.

La France chassée du Sahel

La France se fait jeter des pays Sahéliens.

Pour le meilleur et pour le pire pour les pays concernés, mais c’est un fait, le Mali, le Burkina-Faso, le Niger s’en prennent directement à la France et la chassent de leur territoire.

Sur les réseaux sociaux, de plus en plus d’intellectuels charismatiques s’en prennent à la France, à son gouvernement, ouvertement et font de l’audience dans tout le monde Francophone Africain.

Les intellectuels Africains ici ou là n’hésitent plus à s’afficher sur les réseaux sociaux et trouvent des soutiens dans des forums internationaux renforçant ainsi leur visibilité internationale. On peut citer ainsi Nathalie Yamb ou Kemi Seba, militants pour la cause Africaine et pour l’émancipation de l’Afrique vis-à-vis des anciens colonisateurs et tout particulièrement la France, qui, exaspérée du développement de cette montée anti-Française, faute de montrer qu’elle a réalisé un diagnostic et une analyse des causes, s’entête dans un comportement arrogant et clientéliste comme elle sait si bien le faire depuis des décennies, comme l’interdiction d’entrer sur le territoire pour Nathalie Yamb.

On ajoutera une tentative d’invisibilisation des militants panafricanistes en utilisant les bonnes vieilles ficelles que la macronie sait si bien manœuvrer : médias aux ordres, censure, mécanismes d’invisibilisation ou de diabolisation dans les médias qu’elle contrôle, comme F24, RFI, Jeune Afrique…

Ces techniques de communication,  plus personne n’en est dupe, et surtout pas sur le continent. Cette arrogance a plutôt pour effet de contribuer à faire de ces militants des héros et à renforcer leur crédibilité et leur caractère de résistant.

Poussée du Commonwealth

Le Togo et le Gabon intègrent le Commonwealth (juin 2022). C’est à la fois un succès diplomatique de la couronne Britannique, libérée de la lourdeur de l’UE et un avertissement du Togo et du Gabon à la France.

Pendant que M. Barnier amusait la galerie avec des négociations interminables et complexifiées par une diplomatie britannique en apparence incompréhensible, cette dernière travaillait à la négociation et à la mise en place d’accords commerciaux et de partenariats bilatéraux avec la plupart des pays Africains. En intégrant le CMW, les pouvoirs à Lomé et Libreville envoient également ainsi un avertissement à la France : vous n’êtes plus, ni nos premiers fournisseurs, ni nos premiers clients. Si vous voulez préserver ce qu’il vous reste comme intérêts (Bolloré, Total, Eramet…), veuillez ne pas vous ingérer dans les prochaines élections que nous organiserons.

Le Gabon préside le Conseil de sécurité de l’ONU actuellement. Le Gabon s’est abstenu lorsqu’il a été question de soutenir un vote proposé par la France pour soutenir les sanctions contre la Russie. Le Gabon, habituellement si obéissant à son ancien colonisateur se permet d’exprimer publiquement son désaccord.

La France perd la République Centrafricaine

Tout dernièrement, et de manière symbolique venant cette fois-ci de la République Centrafricaine où le contingent Français n’est désormais plus le bienvenu (la RCA accueillait l’un des plus gros contingents français en Afrique et constituait un pivot stratégique pour Paris qui pouvait intervenir dans toute l’Afrique Centrale à partir de Bangui).

La RCA vient de retirer le « décanat » à la France. Ce privilège diplomatique accordé à la France plaçait l’ambassadeur de France au rang de « doyen » dans le rang protocolaire. La France en RCA avait ce poste depuis « l’indépendance » de la RCA. En cause officielle, la personnalité arrogante et ingérente de l’ambassadeur de France. L’arrogance, on s’y était hélas habitué de la part des représentants du Quai d’Orsay, mais le fait nouveau, c’est qu’un Etat Africain prend conscience de sa souveraineté et pose un acte de lèse-France, ou de lèse-Macronie, facilité par le fait que le prési-roi de l’Elysée, par son langage, par son comportement arrogant et méprisant envers le continent donne tous les arguments pour couper les liens.

Le bide africain du Forum sur la Paux

Seulement trois chefs d’Etat Africains se rendront au forum sur la paix organisé par le Président Français. Les Sassou-Nguesso, Kagame, Museveni, Ouattara, seront absents. La France n’attire plus, son président ne séduit plus, l’affligeante arrogance élyséenne et les discours creux répugnent.

Il suffit également de voir l’audience présente lors du discours de presque trois quarts d’heure (pour dire des platitudes ou des inepties d’ailleurs), de Macron à l’AG de l’ONU. Un camouflet que notre triste sire, tel un mauvais acteur de théâtre amiénois ne semble pas avoir pris en compte puisqu’il continue de pérorer à l’envi devant tout ce qui est micro, caméras.

Las, les Africains en ont soupé. A l’instar de nombreux Français, il ne veulent plus qu’on leur inflige tel supplice et le boycottent.


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