Chez Peugeot, Le Maire et l’extrême gauche zombifient les relocalisations industrielles


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La volonté de Peugeot de se réorganiser, au sortir du confinement, en créant des pôles ou des clusters européens a suscité une vive réaction de l’extrême gauche française à laquelle Bruno Le Maire, jamais en retard d’un choix absurde, a consciencieusement emboîté le pas. Le gouvernement s’est opposé à ce projet de modernisation. Les relocalisations industrielles seront donc bien synonymes de zombification de nos champions par la CGT et par Bercy.

Peugeot avait présenté aux partenaires sociaux de son établissement de Sevelnord, les 9 et 11 juin, son intention d’y créer une équipe de nuit pour 3 mois avec 500 salariés polonais de Gliwice. L’objectif était de rattraper le retard dans les commandes d’utilitaires Peugeot. Les salariés polonais sont actuellement en chômage partiel dans leur usine Opel. Mais la CGT a fait du raffut, officiellement pour défendre l’emploi des intérimaires laissés sur le carreau au moment du confinement. L’objectif à plus long terme est de bloquer les gains de productivité entre Peugeot et Opel. Bruno Le Maire et Muriel Pénicaud ont suivi : la zombification de Peugeot est en marche.

Peugeot veut dégager des synergies avec Opel

La stratégie de Peugeot pour sortir de la crise du confinement n’est pas absurde. Alors que la demande de véhicules individuels s’est effondrée ces deux derniers mois, le marché de l’utilitaire est resté dynamique, et Peugeot a 30.000 véhicules à produire dans son usine de Sevelnord, à Hordain.

L’entreprise a donc eu l’idée de constituer une équipe de nuit avec des salariés polonais d’Opel en chômage partiel. C’était une bonne occasion de dégager des synergies entre les différents sites du groupe, ce que la CGT appelle du prêt de main-d’oeuvre entre sites PSA.

En l’espèce, on comprend bien le projet, assez bien décrit par Franck Théry, le délégué CGT de PSA Hordain : il s’agit de créer une sorte de nomadisme ouvrier entre sites de l’usine pour équilibrer les plans de charge et lisser l’activité. Peugeot appelle ce type d’organisation des pôles ou des clusters.

L’ambition de l’entreprise est donc d’éviter les erreurs de Renault, qui n’a guère fait travailler ses équipes avec Nissan. Mais cette idée d’une synergie européenne, voire mondiale, au sein du groupe, bouscule les habitudes. La CGT n’a pas tardé à hurler au loup, suivie par le PCF. Et assez curieusement, le gouvernement a suivi le mouvement au nom de la défense de l’emploi en France.

Carlos Tavares a donc dû admettre qu’il revenait en arrière et qu’il recruterait des intérimaires français plutôt que de faire venir pour 3 mois ses salariés polonais. Au moment où la France plaide pour une solidarité européenne et une mutualisation des dettes, le choix n’est pas passé inaperçu en Pologne…

Bercy allié aux vieilles lunes marxistes-léninistes

Il fallait suivre la prestation du délégué syndical de PSA, Jean-Pierre Mercier, sur LCI, reprise sur le site « Révolution permanente », pour comprendre la stratégie de Bercy dans ce dossier : alors, comme ça, PSA voudrait améliorer sa rentabilité et sa compétitivité en dégageant des complémentarités entre Peugeot et Opel ? Mais c’est pas bien ça ! Si le gouvernement français accepte de garantir un prêt lever par Peugeot pour éviter la faillite, c’est bien entendu en contrepartie d’une plongée de l’entreprise dans le formol, et en contrepartie du grand remplacement des cadres de Peugeot par les technocrates du Bercy, qui savent mieux que tout le monde comment développer une entreprise, puisqu’ils ont fait l’ENA !

Et voilà comment la start-up nation finit par confier les manettes du pays à des bureaucrates assistés par de vieux marxistes-léninistes qui prétendent que l’internationale des travailleurs est notre meilleur antidote pour préparer l’avenir.

Le Maire pris en flagrant délit d’égoïsme nationaliste

Au passage, on attend avec impatience l’Eurogroupe de ce mercredi où la France donnera des leçons de solidarité aux pays de nord et de l’est de l’Europe. On se souvient ici des incessantes leçons de solidarité données par Emmanuel Macron aux pays du groupe de Visegrad, qu’il accuse volontiers de vouloir profiter de l’Europe sans payer. Le même Macron ne s’est jamais gêné, « en même temps », pour dire tout le mal qu’il pensait des plombiers polonais qui venaient travailler en France. Son ministre de l’Économie s’est empressé cette semaine de dire combien était critiquable la venue en France pour trois mois de salariés polonais en chômage partiel.

Ce sens de la solidarité que la France a, vraiment… ça vaut son pesant de cacahuètes.

« Je veux redire la solidarité de la France avec le peuple polonais face à ceux qui veulent nier la réalité »   

Emmanuel Macron, 4 février 2020

La relocalisation, c’est la nationalisation sans la responsabilité

On s’amuse, en tout cas, de voir quel sens le mot « relocalisation industrielle » qui tourne en boucle dans les allées du pouvoir, peut avoir dans les prochains mois. Il s’agit tout simplement de prendre des décisions de gestion interne à une grande entreprise depuis Bercy, sans débourser un euro pour rentrer dans le capital.

En ce sens, la relocalisation sera beaucoup plus divertissante que la nationalisation, puisqu’elle permettra aux conseilleurs bercyens de décider sans payer les pots cassés. À ce rythme-là, les mêmes erreurs que celles de Renault devraient rapidement être démultipliées dans l’ensemble de notre tissu industriel : décisions politiques à courte vue qui bloquent l’avenir de l’entreprise, politisation de la gestion, interférences avec un management qu’on casse consciencieusement pour être sûr que Bercy soit tout puissant… et ruine les groupes avec la constance des castors qui détruisent une forêt pour construire leurs barrages.

Protectionnisme : emploi d’intérimaires aujourd’hui, faillite des groupes demain

Donc, pour les jours qui vont venir, Bercy et sa troupe d’anciens de l’Armée Rouge ont gagné : des intérimaires du Nord de la France vont retrouver un emploi pour trois mois. Mais la zombification de Peugeot est en marche. Peu à peu, l’État va casser les reins de toute réorganisation destinée à améliorer la rentabilité de l’entreprise. On veut bien aider les entreprises, à condition de les dévorer puis de les équarrir !

Une réalité est incontournable : les rapprochements et les fusions conduisent à réduire l’emploi. Dans le cas de Peugeot, on voit bien où seront les premiers perdants sur le sol français. Ce seront les intérimaires. C’est évidemment un tabou, que l’État préfère maintenir tel quel quitte à affaiblir l’entreprise et à l’appauvrir.

Une fois de plus, le protectionnisme va démontrer ses vices : il est un outil en trompe-l’oeil qui retarde l’adaptation des entreprises aux standards de la concurrence internationale. Les quelques emplois qu’il crée immédiatement se paient au centuple dans les mois qui suivent. Cette règle que Bastiat avait très bien décrite dans les années 1840 n’a pas changé. Et Bercy, avec Bruno Le Maire à sa tête, s’apprêtent à l’enfreindre comme si de rien n’était.

Mais les mêmes causes produiront invariablement les mêmes effets.


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