La Commission des Finances de l'Assemblée Nationale a rétabli hier l'indexation du barème de l'impôt sur le revenu pour la première tranche, histoire d'éviter aux 100.000 ménages aux revenus les plus faibles de payer l'impôt. Une belle mesure démagogique que Veerle Daens dénonce.

Le coup est parti, non pas dans la transparence d’un débat public, mais dans l’ombre feutrée de la Commission des finances. L’adoption de l’amendement modulant l'indexation du barème de l'impôt sur le revenu pour le budget 2026 est bien plus qu’une manœuvre comptable. C’est un acte politique d’une perversité rare, une nouvelle démonstration du mépris de l’État pour le contribuable, et un pas de plus vers notre asservissement fiscal.
Le mécanisme est insidieux, et la décision prise hier en commission en révèle le cynisme profond. Il ne s'agit pas d'un gel total, mais d'une manœuvre sélective : l'indexation adoptée ne concerne que la première tranche du barème, celle des revenus les moins élevés. Sous couvert de protéger les plus modestes de l'entrée dans l'impôt, l'État organise le matraquage furtif des classes moyennes. Alors que les salaires tentent de suivre la hausse des prix – une inflation souvent alimentée par l'impéritie budgétaire de l'État lui-même –, les seuils des tranches supérieures, eux, restent fixes. Mécaniquement, ceux qui travaillent et produisent basculeront dans une tranche supérieure sans s'être enrichis d'un centime. C’est le racket par l’illusion monétaire.

Mais au-delà de l'injustice économique, cette mesure est profondément liberticide. Elle révèle la préférence maladive de la bureaucratie pour l'opacité. Pourquoi choisir le vol furtif plutôt que l’augmentation assumée des taux ? Parce qu’il s’agit d'anesthésier le citoyen et de diviser pour mieux régner.
Un État obèse, incapable de maîtriser ses dépenses abyssales, a un besoin vital que ses sujets ignorent le coût réel de son existence. Ce gel sélectif du barème vise précisément cela : en garantissant, par l'indexation de la première tranche, que les moins fortunés restent majoritairement hors de l'impôt direct, on leur dissimule totalement le prix exorbitant des services publics qu'ils consomment, tout en faisant payer la facture aux autres.
Cette anesthésie fiscale est désastreuse, car elle sape le fondement même de la responsabilité individuelle : la conscience du coût des choses. Elle entretient l’illusion mortifère de la gratuité. Lorsque le prix de l’État-providence est rendu invisible pour une partie de la population, la demande pour ses prestations devient infinie.

Le citoyen est ainsi maintenu dans une infantilisation délibérée, déresponsabilisé face à la dépense publique. On l’encourage dans l'avachissement du "toujours plus" : toujours plus d'aides, toujours plus de subventions, toujours plus d'interventions étatiques. Pourquoi se soucier de l'inefficacité bureaucratique si l’on n’en ressent pas personnellement la morsure fiscale ?
Ce gel ciblé n'est pas un moyen de combler un déficit ; c'est un outil de déresponsabilisation massive. Il vise à nous faire accepter l'inacceptable en nous suggérant que nous pouvons bénéficier de l'État sans en payer le prix.
Une société libre exige des individus souverains, pleinement conscients des conséquences de leurs choix collectifs. Face à ce Léviathan qui avance masqué pour mieux nous contrôler, nous devons exiger non pas des ajustements techniques, mais une transparence radicale et une réduction drastique du périmètre de l’État. Le chemin vers la liberté commence par la vérité des prix.
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