Breucq : « Comment le capitalisme patrimonial s’adapte mieux que le capitalisme managérial »

Que le capitalisme patrimonial soit plus agile et malléable que le capitalisme managérial qui domine le monde est une idée peu courante. Elle montre que la bonne vieille possession des moyens de production tant décriée par Marx est finalement un rempart pour la survie des entreprises et la protection in fine du salariat. C’est en tout cas le propos que nous tient Cyrille Breucq, fondateur d’un cabinet de conseil dédié à l’adaptation des entreprises à l’ère du numérique. Un constat qui réhabilite la propriété privée et met en question la domination managériale contemporaine.
https://youtu.be/VA5wwjZr6bU
Dans cette interview, je ne m’attendais pas à recevoir un éloge du capitalisme patrimonial (celui où ce sont les fondateurs ou les propriétaires personnels de l’entreprise qui la dirigent directement), ni une telle mise en question du capitalisme managérial où la direction de l’entreprise est confiée à des salariés qui ne l’ont pas créée. Et pourtant, Cyrille Breucq, qui a créé The Why Factor Company, agence de conseil en transformation numérique des entreprises, n’a pas hésité à le dire.
Quels dirigeants pour quel capitalisme ?
Ma question de base était de savoir quelle compétence principale un dirigeant d’entreprise doit déployer prioritairement pour faire face à la crise. La question n’est pas sans importance quand on songe au mythe français du patron issu d’une grande école comme Polytechnique ou HEC.
Cyrille Breucq a eu la bonne idée (très hayekienne !) de répondre à cette question en mettant en relief l’ouverture d’esprit des dirigeants comme arme majeure pour faire face à la crise. Au fond, la force d’une entreprise, c’est d’abord la qualité personnelle de ses dirigeants, et leur capacité à briser les cadres ou les concepts établis pour aller chercher la bonne idée qui va marcher.
Foin des CV, donc, et de ces « statuts » qui sont réputés armer le détenteur d’un diplôme prestigieux contre les avanies de l’existence. La réponse se trouve ailleurs, dans la capacité à s’ouvrir au monde.
Et comme le souligne Cyrille Breucq, cette capacité est grandement stimulée par la détention personnelle d’une entreprise, c’est-à-dire par la prise de risque du dirigeant dans les résultats de son activité. Une réhabilitation de la propriété privée et de ses vertus collectives (notamment de protection contre la précarité économique), qui mérite d’être soulignée et mise en avant.

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