Donc voilà, 10 ans déjà que Paris a connu son 11 septembre, des attaques d’une barbarie inouïe, tout est encore si vivace dans notre esprit, et les images actuelles ravivent bien sûr les émotions. Et bien entendu, le souvenir des bévues, des incuries, des négligences, inactions, mauvais choix. Comment a-t-on pu cumuler autant d’erreurs ?

En ce funeste anniversaire, nous prenons le parti de vous rappeler les bévues qui posent le plus question.
Menaces sur le Bataclan depuis 2009
Le Bataclan, une salle de spectacle historique à Paris, avait fait l'objet de menaces récurrentes bien avant les attentats de 2015, souvent liées à son utilisation pour des événements pro-israéliens ou communautaires juifs.
Dès 2009, une enquête judiciaire avait été ouverte après des menaces explicites de groupes radicaux pro-palestiniens, qui avaient promis des "attaques sanglantes" lors d'un gala de l'association Migdal (soutien à la sécurité d'Israël). Ces intimidations incluaient des manifestations violentes et des appels en ligne à boycotter ou attaquer le lieu, forçant des annulations d'événements en 2008-2009. L'enquête a abouti à un non-lieu en 2011, car "la réalité d’un tel projet n’ayant pu être établie", selon le tribunal administratif de Paris en 2018. Cependant, ces antécédents étaient connus des services de renseignement, et des articles post-attentats ont révélé que le magazine de propagande de Daesh (Dar al-Islam) avait mentionné des cibles comme le Bataclan dans les mois précédents novembre 2015, qualifiant les salles de concert de lieux "dépravés" à viser.
Nous insérons l’extrait d’un article paru dans le Figaro (pas vraiment un journal de niche….) le 13 février 2015 :
« Les djihadistes consacrent un numéro spécial aux attentats de Paris. Ils y exhortent leurs partisans à «frapper l'ennemi sur sa propre terre».
Un mois quasiment jour pour jour après l'élimination des tueurs de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher de Paris, l'État islamique crie vengeance. Placardant en couverture la photographie crépusculaire d'un militaire devant la tour Eiffel, son magazine Dar al-Islam(la Maison de l'islam) consacre un numéro spécial aux attentats avec ce titre évocateur, «Qu'Allah maudisse la France». » . Plus clair, c’est difficile. Après Charlie Hebdo, les prenait-on encore pour des guignols ?? Ou cet article aurait échappé aux « Services », en admettant qu’ils ne suivaient pas les publications de DAESH ? Nous ironisons, bien entendu…
Les anciens propriétaires (juifs) ont vendu la salle en septembre 2015, mais ces antécédents soulèvent la question : pourquoi pas une surveillance accrue, surtout après Charlie Hebdo en janvier 2015 ? Manque de moyens ? Pensez-vous que c’est une explication plausible ?

Juge Trevidic : prévenu par des jeunes radicalisés que quelque chose d’énorme se préparait, vraisemblablement dans une salle de spectacle
Marc TREVIDIC, juge antiterroriste jusqu'en septembre 2015, plutôt médiatisé, avait été alerté dès 2014 par des suspects radicalisés auditionnés, qui évoquaient des projets d'attentats massifs en France, incluant des "salles de spectacle" ou "concerts rock" pour maximiser les victimes civiles. Dans une interview récente pour les 10 ans, TREVIDIC confirme : "On était sûrs que ça allait exploser", décrivant un "paroxysme" prévisible dès 2014 avec le retour massif de jihadistes de Syrie et d’Irak, débordant les services.

Citons-le, juste après « Charlie » en janvier 2015 :
« (…) La menace est à un niveau maximal, jamais atteint jusqu’alors. D’abord, nous sommes devenus pour l’EI l’ennemi numéro un. La France est la cible principale d’une armée de terroristes aux moyens illimités. », avait-il déclaré dans un entretien accordé à Paris Match, relayé dans l’article des « Observateurs ».
Mais il posait la question clé : sommes-nous à la hauteur de la menace ? Il rappelait que le débordement a commencé dès 2014, avec le retour massif d'individus, et que les services n'étaient plus dimensionnés pour y faire face. Ces avertissements, issus d'interrogatoires, pointaient vers des attaques coordonnées, mais après son départ (transfert à Versailles), les dossiers n'ont pas été suivis avec la même vigilance, comme il l’a souligné lui-même lors de ses dépositions au procès des attentats (2021-2022). Il critiqua la "culture cloisonnée" des services (concurrence plutôt que collaboration), qui amplifia le débordement.