Armée vs Banlieues : les banlieues gagnent

Armée vs Banlieues : les banlieues gagnent


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L’armée s’inquiète pour la « survie de notre pays », la montée de la violence et l’enracinement du « communautarisme ». Ce dernier néologisme désigne une organisation tendant à privilégier une communauté- en général minoritaire- par rapport aux individus. Le communautarisme est contraire à notre constitution qui repose sur le principe de la stricte égalité en droit. Dans les faits, l’armée dénonce un envahissement du territoire par les banlieues.

Et voilà une nouvelle guerre qui s’ouvre : l’armée contre le gouvernement et les banlieues. Deux déclarations nous l’apprennent, la première émanant de militaires retraités, la seconde de militaires d’active.

Nous avons tellement de guerres en ce moment qu’on ne sait plus dans quel coin de notre bunker se confiner. Pensez-donc : guerres contre le chômage, les inégalités, le climat, la précarisation et le Covid…

Un des problèmes de toutes ces fausses guerres  – outre qu’elles sont interminables – c’est le nerf de la guerre : l’argent. Celui que l’État emprunte ou prend à ses contribuables.

Où en sommes-nous sur ce dernier front, armée contre banlieues ?

Banlieues : 100 Mds€ déversés depuis trente ans                                                                      

Les premières émeutes de Vénissieux datent de 1981. Depuis, les « plans » se succèdent.

  • Zone d’Éducation prioritaires crées en 1981.
  • Ministère de la Ville et du Droit au logement (comprenez : ministères des banlieues et des logements sociaux) qui commence avec 1 Md€
  • Plan banlieue de Lionel Jospin : 8 Mds€ pour les quartiers difficiles.
  • Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine en 2003 dotée de 47 Mds€ (budget À l’époque supérieur à celui de l’Éducation nationale)
  • En tout, donc 100 Mds€. Retour sur investissement ? Nul comme en témoigne l’explosion de l’insécurité à Paris et les émeutes récurrentes.

En 2016, le général de gendarmerie Bertrand Soubelet témoigne devant une commission parlementaire. Son témoignage déplait. Il sera finalement limogé en 2016 après avoir publié un livre, Tout ce qu’il ne faut pas dire.

Notre état obèse et notre bureaucratie réagissent depuis des décennies de la même façon : si le problème persiste, c’est que nous n’en avons pas fait assez. Continuons (avec l’argent des autres ou celui qu’on emprunte).

Le témoignage de Soubelet ayant vaguement ému, Emmanuel Macron a vite promis plus d’argent pour l’armée.

Armée : dépenses en hausse mais pour quoi faire ?

Le budget de l’armée pour 2021 est de 39,2 Mds€ et elle a été récemment dotée d’un plan quinquennal jusqu’en 2025. 300 Mds€ pour que la « Grande Muette » ferme sa gueule.

Le Monde nous indique que « depuis 2017, la progression est significative : 7 milliards de plus. Après vingt ans de renoncements dans les équipements et de réductions d’effectifs, les crédits de 2021 sont toujours destinés à « réparer » et « moderniser » la défense. Ils permettront notamment d’acquérir trois avions tankers multirôles supplémentaires (MRTT), d’admettre le nouveau sous-marin Suffren au service actif, d’accroître les moyens cyberoffensifs des armées (201 millions d’euros) ou encore d’acheter 440 missiles air-sol AASM dans le cadre de la reconstitution des stocks de munitions. »

Pas sûr que le sous-marin soit adapté à la reconquête du sol national.

L’Usine Nouvelle nous dit que les recrutements porteront sur la cyberdéfense, le renseignement et le spatial.

Pas sûr que les effectifs du spatial soit formés à la reconquête du sol national.

En réalité, le budget militaire de notre pays est important Nous arrivons en sixième position mondiale derrière les États-Unis, la Chine, l’Inde, la Russie, l’Arabie Saoudite. Nous y consacrons 1,9% de notre PIB contre 1,8% en moyenne de l’UE. Le SIPRI (Stockholm International Peace Research Institute) écrit dans son YearBook 2020 « En Europe occidentale, France enregistre les plus hautes dépenses militaires à 50,1 milliards USD ».

Comme d’habitude, tout gouvernement dans ce pays calme la moindre grogne en déversant des milliards qu’il n’a pas ou qu’il prend aux contribuables. Peu importe l’efficacité de ces dépenses qui n’est jamais mesurée pour remettre en cause lesdites dépenses.

Le premier rôle de l’armée est d’assurer la sécurité du territoire face à une agression extérieure. Personne ne nous a envahi contre notre gré jusque-là. Ce n’est d’ailleurs que si nous étions confrontés à une vraie guerre que nous pourrions mesurer le retour sur investissement de nos dépenses militaires. La sécurité du territoire intérieure est, en principe, l’affaire de la police et de la gendarmerie (corps spécial de l’armée).

Si nous avons aujourd’hui perdu des pans de notre territoire (devenus zones de non droit), ce n’est pas faute de moyens. N’est-ce pas plutôt parce que nos gouvernements successifs ont légalisé l’invasion ?

Les deux tribunes de nos militaires permettent de conclure que l’État faillit à ses missions régaliennes. Il déclare beaucoup de guerres factices mais ne nous protège plus tout en nous demandant de plus en plus d’efforts.                                                                      


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