1 000 milliards de mille Bitcoin !

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Le bitcoin peut-il saborder le système monétaire ? L’introduction en bourse record de Coinbase, courtier en bitcoin et cryptomonnaies, braque les projecteurs sur les cryptomonnaies. Quel est l’avenir de cet objet monétaire non identifié (Omni) ? Pour le moment faute d’usage, le bitcoin reste encore un outil spéculatif. Mais il fait de l’ombre aux manœuvres des banquiers centraux.

En lançant Coinbase en 2012, Brian Armstrong et Fred Ehrsan veulent démocratiser le bitcoin qui vaut alors 15 $. En 2021, Coinbase s’introduit en Bourse et recueille 20 Mds$ de capitalisation.

Avant Coinbase, le réseau Bitcoin et sa mystérieuse monnaie bitcoin étaient restés entre les mains de quelques geeks qui avaient entendu le message du mythique fondateur Satoshi Nakamoto : seul un système monétaire « basé sur une preuve cryptographique plutôt que sur un tiers de confiance », énonçait-il en exposant son projet, peut résister à la censure et « échapper au risque d’inflation arbitraire des devises centralisées ».

Le bitcoin, dans la mesure où personne ne peut se l’approprier ni le multiplier, est apte à devenir un refuge contre l’arbitraire et l’inflation voulus par les pouvoirs (gouvernements et banques centrales). Pour pouvoir démocratiser le bidule, il faut pouvoir le négocier (en acheter et vendre) simplement.

Profession de foi de Brian Armstrong en écho à celle de Nakamoto :

« Je ne pense pas que la cryptographie soit là pour résoudre tous les problèmes du monde […] Mais c’est là pour résoudre un méta-défi très important, qui est la liberté économique. »

Tout le monde a compris que, pour le moment, la création monétaire débridée mise en œuvre par les Banques centrales, a conduit à une gigantesque inflation des actions, obligations et de l’immobilier partout dans le monde.

Ironiquement, le bitcoin, est l’actif financier qui a atteint le plus rapidement la barre des 1 000 milliards de dollars de capitalisation. Il a donc lui aussi profité de l’inflation des grandes devises.

Capitalisation du Bitcoin
Durée en années pour atteindre 1 000 Mds$ de capitalisation

Source : Visual Capitalist

Il a fallu au bitcoin seulement 12 ans pour atteindre ce seuil fatidique contre une quarantaine d’année pour Microsoft et Apple, et une vingtaine d’années pour Amazon et Google. Pour le moment, l’Omni bitcoin défie la pesanteur financière et a bien réussi en tant qu’actif.  Mais en tant que monnaie ?

Jusqu’à présent peu de gens échangent concrètement en bitcoin dans le monde. La valeur d’usage du bitcoin reste donc insignifiante. Il y a deux interprétations possibles. L’une consiste à dire que le bitcoin restera un truc de geek (discours déjà entendu au début d’Internet). L’autre interprétation parlera à ceux qui se sont penchés un peu sur l’histoire monétaire : si les gens stockent du bitcoin sans l’utiliser c’est parce que « la mauvaise monnaie chasse la bonne ». C’est le principe de Nicolas Oresme, auteur du Traité sur l’origine, la nature, le droit et les mutations des monnaies, paru en 1535. Ce qui voulait dire qu’on préférait faire circuler la monnaie qu’on soupçonnait d’avilissement pour conserver celle qu’on estimait la plus saine.

Quoiqu’il en soit, plus le bitcoin connaîtra du succès plus il sera dans le collimateur du pouvoir qui ne saurait tolérer une monnaie privée et perdre son monopole étatique ou supra-étatique dans le cas de l’euro.

Comme je l’explique dans mon dernier livre, Money, Monnaie, Monnaies -Du sumérien au bitcoin : dettes et crises monétaires, nous devons comprendre que tout ce que nous considérons comme de l’argent, notre argent, ne sont en réalité que des dettes dont de plus en plus risquent de ne pas être honorées.

Retrouver une vraie monnaie qui ne soit la dette de personne (le bitcoin s’achète comptant) représente un enjeu considérable. Cela permettrait aux épargnants de ne pas voir leur épargne financière engloutie dans un Great Reset, la remise à zéro des compteurs de dettes, le jubilé du XXIème siècle, la crise monétaire mondiale qui couve. Or, argent, bitcoin : peu importe. La concurrence se chargera de faire le tri.


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