Scandale au DOGE: un proche de MUSK accusé de conflit d’intérêt après avoir torpillé le Bureau de protection des consommateurs

Scandale au DOGE: un proche de MUSK accusé de conflit d’intérêt après avoir torpillé le Bureau de protection des consommateurs


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Figurant parmi les « DOGE Kids » – la garde rapprochée d’Elon Musk au DOGE – Gavin Kliger,  jeune ingénieur de la génération Z occupant le poste clé d’assistant du Département de l’efficacité gouvernementale (DOGE) a vivement contribué au démantèlement du Bureau de protection financière des consommateurs (CFPB). Pourtant, l’employé fédéral en question détient des actions dans des entreprises qui pourraient tirer profit de la disparition de cette agence, ce qui constitue une violation potentielle des lois sur l’éthique.  Les lois éthiques fédérales interdisent aux employés de l’exécutif de travailler sur des dossiers affectant leurs intérêts financiers personnels.

Gavin Kliger, un cadre de 25 ans de la garde rapprochée d’Elon Musk au sein  du Département de l’efficacité gouvernementale (DOGE), a joué un rôle clé dans les licenciements massifs de plus de 1 400 employés du Bureau de la protection financière des consommateurs (CFPB). Selon une enquête de ProPublica, Kliger détient jusqu’à 365 000 dollars d’actions dans quatre sociétés – Apple, Tesla, Bitcoin et Solana – dont deux figurent sur la liste des participations interdites du CFPB. Ces investissements soulèvent des préoccupations, car les experts estiment que le démantèlement du CFPB pourrait bénéficier financièrement à ces entreprises en réduisant les coûts de conformité et les risques réglementaires.  Les employés du CFPB doivent également se conformer à des règles strictes, incluant la cession d’actions dans des entreprises régulées par l’agence, comme Apple et Tesla. Les cryptomonnaies, bien que non listées explicitement, sont également concernées par les recommandations de l’agence.

Une supervision controversée des licenciements

Le Consumer Financial Protection Bureau (CFPB) ou Bureau de la protection financière des consommateurs est chargé de superviser les entreprises proposant des services financiers comme des prêts hypothécaires, des cartes de crédit, du financement automobile et des applications de paiement.  Les employés de cette agence sont soumis à des règles strictes afin d’éviter tout risque de conflit d’intérêts. Il leur est par exemple interdit d’investir dans des sociétés soumises à la réglementation, à la supervision et à l’examen du CFPB.

Selon des archives judiciaires, Gavin Kliger a enfreint cette règle. Il occupe le poste d’assistant au sein du CFPB. Selon des employés de l’agence, il a contribué à son démantèlement, notamment à la mise en œuvre des licenciements de masse. Pourtant, dans son rapport financier public, Kliger détient des actions dans 2 sociétés réglementées par le bureau, dont Apple et Tesla. Il a également investi dans  Bitcoin et Solana.

Selon un employé du CFPB qui a préféré utiliser le pseudonyme d’Alex Doe par peur des représailles, Kliger aurait maintenu ses collègues « éveillés pendant 36 heures d’affilée pour garantir la diffusion des avis » de licenciements massifs par courriel. Il « hurlait sur ceux qui, selon lui, ne travaillaient pas assez vite et les qualifiait d’incompétents ».

Tous les licenciements suspendus

Notons que les employés syndiqués du CFPB ont lancé une poursuite judiciaire contre le directeur par intérim de l’agence, Russell Vought,  afin de stopper ces procédures de licenciements. Fin mars, un juge d’un tribunal de district a statué en leur faveur. Il a suspendu l’application des mesures. Mais la suspension a été levée partiellement par une cour d’appel de Washington le 11 avril dernier. La commission a toutefois indiqué que les dirigeants du CFPB devaient réaliser une « évaluation détaillée » avant de licencier du personnel.

Ayant examiné l’ordonnance du tribunal, le directeur juridique du bureau, Mark Paoletta, et deux autres avocats ont déclaré dans un document que l’administration œuvrait à créer un Bureau « rationalisé et de taille adaptée ». Il envisageait donc de ne conserver que 50 employés dans la division de l’application de la loi et 50 autres dans celle de la supervision. La semaine passée, la cour d’appel a décidé de faire marche arrière. Les 1400 employés du CFPB licenciés ont donc été informés de l’annulation de leurs licenciements. Un nouveau procès est en cours.

Réactions et implications éthiques

Les experts en éthique ont dénoncé l’existence d’un conflit d’intérêts. Selon, eux, le fait que Kliger a investi dans ces sociétés tout en supervisant les licenciements de plus de 1.400 employés du CFPB constitue une « violation potentielle des lois fédérales en matière d’éthique ». Ils estiment que la suppression des régulateurs gouvernementaux signifie élimination de la surveillance. Les entreprises seront libérées des coûts de conformité.

Selon l’expert en éthique gouvernementale au Campaign Legal Center, Delaney Marsco, l’implication de Kliger dans le démantèlement de l’agence peut amener « le public à se poser des questions ». Ils vont penser que les responsables gouvernementaux ne pensent qu’à défendre leurs propres intérêts.  Il  ajoute que ces agissements érodent la confiance du public envers les fonctionnaires.

Kathleen Clark, une experte en éthique gouvernementale à l’Université de Washington à Saint-Louis, a déclaré que « détruire le CFPB aura probablement un effet direct et prévisible sur sa valeur financière ». Elle estimen que les actions de Kliger constituent une violation potentielle des lois fédérales. Clark souligne que la suppression de la supervision réglementaire pourrait directement augmenter la valeur des actions des entreprises concernées, renforçant le conflit d’intérêts.

La Maison Blanche a défendu Kliger, niant qu’il ait « géré » les licenciements et qualifiant les accusations de tentative de discréditer la mission du DOGE. Cependant, elle n’a pas clarifié son rôle exact ni répondu aux questions sur les délais de cession de ses actions.


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