Renseignement israélien: un fondateur du festival Nova accusé de participation indirecte au génocide de Gaza

Renseignement israélien: un fondateur du festival Nova accusé de participation indirecte au génocide de Gaza

Lors du festival de musique Coachella en Californie du Sud, le groupe de hip-hop irlandais Kneecap a projeté un slogan pro-palestinien pendant son set. Ce geste a provoqué la colère des organisateurs du festival israélien Supernova Music. Ils ont exigé une excuse de la part des rappeurs. Pourtant, l’un de ses fondateurs, Nimrod Arnin, s’est lui-même présenté comme acteur clé dans les opérations de renseignement israélien ayant soutenu le siège meurtrier de Gaza.

L’apparition du groupe de hip-hop irlandais kneecap au festival de musique Coachella en Californie du Sud a provoqué une véritable panique médiatique. Pendant leur set, le trio a en effet projeté un slogan pro-palestinien qui disait « Fuck Israel – Free Palestine ». Les fondateurs du festival israélien Supernova ont immédiatement réagi. Ils ont déclaré être « profondément blessés » et ont exigé que les rappeurs fassent ses excuses pour cet « affront » contre la communauté rave israélienne. Pour rappel, le site du festival Supernova a été le théâtre d’un massacre orchestré par des commandos du Hamas le 7 octobre 2024.

Un membre de l’armée israélienne

Dans un message diffusé en réaction aux slogans « Fuck Israel – Free Palestine » projetés à Coachella, la Fondation Nova – organisatrice de la fête Supernova attaquée le 7 octobre – s’est dite profondément touchée. Elle appelait à la paix, au dialogue et à l’empathie.

« Notre festival était un espace de rassemblement pour des personnes de toutes cultures et de toutes croyances, pour célébrer la vie. C’est pourquoi nous pensons que même face à l’ignorance ou à la provocation, notre réponse doit être ancrée dans l’empathie, et non dans la haine ».

Cependant, un simple coup d’œil au profil LinkedIn de Nimrod Arnin, cofondateur de Nova, brosse un tout autre portrait : celui d’un opérateur central du renseignement israélien depuis les premières heures de la guerre à Gaza. Dès le 8 octobre, il cofonde le Cobalt Complex, un centre d’OSINT (renseignement open source) destiné à combler les lacunes des services israéliens, d’après les informations fournies par le chercheur indépendant « 12 Ball » sur X.

« Le centre d’opérations a fourni une solution opérationnelle à une lacune critique, car Israël manquait jusqu’à ce point de capacités OSINT », a-t-il ajouté.

Cobalt Complex : une startup de guerre absorbée par l’État

Suite au succès de l’opération de renseignement, le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a intégré Complexe Cobalt à Aman, la Direction du renseignement de Tsahal (armée israélienne), selon les affirmations d’Arnin.

Présenté comme un simple projet citoyen au départ, Cobalt Complex est rapidement intégré dans l’appareil d’État : le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, le nationalise, l’incorpore à l’unité de renseignement militaire Aman, et le dote de ressources étatiques.

Selon Arnin, cette opération « continue de servir la sécurité nationale d’Israël ». Un langage qui masque difficilement l’implication dans le ciblage de Gaza, alors que le nombre de morts civils ne cesse de grimper. L’implication du fondateur dans la création de bases de données, la coordination d’équipes sur le terrain et la communication avec des unités militaires laisse peu de place au doute sur la finalité militaire de sa démarche.

La mise en scène mémorielle : entre propagande et instrumentalisation

La Fondation Nova ne s’est pas contentée de pleurer ses morts : elle a mis sur pied un véritable théâtre de la mémoire. Tribe of Nova, expose sur son site web officiel une mosaïque mettant en avant les horreurs sur le site du festival Supernova. Installée dans plusieurs grandes villes occidentales, l’exposition Nova se présente comme une « mosaïque sacrée » de souvenirs, objets personnels et scènes de deuil.

Cette stratégie, typique de la Hasbara (propagande israélienne à l’étranger), cherche à détourner l’attention du carnage à Gaza en exhibant la souffrance israélienne – tout en passant sous silence l’usage documenté de la directive Hannibal, qui a pu causer la mort de civils israéliens lors de l’attaque du 7 octobre.

Dans un podcast enregistré peu après le début du conflit, Arnin revient sur la nuit du festival Supernova : « Nous voulions sauver des vies ». Pourtant, en endossant un rôle aussi actif dans les opérations militaires, il a très probablement contribué à en ôter bien plus encore.

Les informations sur les activités du Complexe Cobalt sont rares et il est difficile de définir son implication dans le génocide de Gaza. Toutefois, Arnin s’est vanté de son rôle au sein du conseil consultatif de Dot Saga, une start-up technologique basée à Tel-Aviv fondée par un ancien officier des renseignements israéliens. L’entreprise produit des logiciels pouvant « transformer n’importe quel téléphone en un appareil de communication haut de gamme ».

Autrement dit, Arnin a contribué à la mise en œuvre de la Directive Hannibal. Elle consistait à repérer et à massacrer des civils et soldats israéliens dans le sud de Gaza afin d’éviter qu’ils ne soient pas capturés par des groupes de résistance palestiniens. Les responsables militaires israéliens ont orchestré cette opération dans le but d’étouffer la souffrance des Palestiniens, victimes d’un massacre à grande échelle. Via Dot Saga, Arnin a fourni des informations aux forces armées israéliennes afin qu’elles puissent mener à bien les attaques à Gaza.