C’est un document de trente-trois pages qui a l’effet d’une déflagration silencieuse dans les chancelleries du Vieux Continent. Publiée en ce mois de décembre 2025, la nouvelle Stratégie de Sécurité Nationale (NSS) des États-Unis ne se contente pas de redéfinir les priorités militaires de l’Amérique. Elle opère une rupture anthropologique avec quatre-vingts ans de diplomatie transatlantique.

Pour la première fois, la Maison Blanche ne diagnostique pas les faiblesses de l'Europe en termes de PIB ou de capacités militaires, mais en termes de survie ethnique et culturelle. Le terme clé, martelé au cœur du document, est celui d’« effacement civilisationnel » (civilizational erasure).
Pourquoi Donald Trump et son administration, emmenée par le vice-président J.D. Vance, utilisent-ils ce vocabulaire apocalyptique? Il ne s’agit pas d’une simple rhétorique de campagne, mais de la fondation théorique d'une nouvelle doctrine étrangère : le désengagement moral et stratégique vis-à-vis d'une Europe jugée « perdue ».

Le diagnostic : l'Europe, un continent en voie de disparition?
La lecture du document révèle une vision du monde où les alliances ne sont plus fondées sur des valeurs démocratiques abstraites (liberté, état de droit), mais sur des affinités ethno-culturelles. L'administration Trump postule que l'Europe est confrontée à une menace existentielle immédiate : devenir « majoritairement non-européenne » d'ici quelques décennies.

