Nomination d'un gouvernement:  Lecornu prouve l’inutilité des ministres

Nomination d'un gouvernement: Lecornu prouve l’inutilité des ministres


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Près de quinze jours après sa nomination, le Premier ministre Sébastien Lecornu n’a toujours pas formé son gouvernement. Un record de lenteur qui en dit plus long sur les priorités des politiciens que sur les besoins réels du pays. Derrière les tractations, c’est toujours le même théâtre : les ambitions personnelles passent avant l’intérêt des citoyens.

Voila près de deux semaines que Sébastien Lecornu a pris la place de François Bayrou à Matignon. Pourtant, les membres de son gouvernement restent toujours inconnus. C’est le délai de nomination le plus long. Qu’attend le nouveau Premier ministre alors que le temps presse ?Pourtant, il devra présenter le projet de loi de finances devant le Parlement, au plus tard le 7 octobre.  

Un délai de nomination record

Jusqu’à présent,le nouveau Premier ministre n’a toujours pas dévoilé les membres de son gouvernement. Le successeur de François Bayrou a battu le record de 9 jours de Michel Barnier et le record de 8 jours de Georges Pompidou en matière de délai de nomination. Cela dit, l’ancien ministre des Armées devrait se décider bientôt, car le temps presse.

En effet, la présentation du budget devant le Parlement doit se faire au plus tard le 7 octobre. Les ministres démissionnaires ne sont pas en mesure de défendre le projet de loi de finances de l’Etat et de la sécurité sociale. Le secrétariat général du gouvernement a déclaré dans une note datant du mois de juillet 2024 que les députés et les sénateurs « ne sont pas censés légiférer sans gouvernement de plein exercice ». Il a ajouté que « la question de la possibilité juridique d’une activité législative » avec des ministres démissionnaires est « inédite et d’une résolution délicate ».

Dans sa note, le secrétariat général du gouvernement a souligné que le Premier ministre doit d’abord présenter le budget au Conseil d’Etat. Un Conseil des ministres est donc censé avoir lieu à l’Elysée. Les ministres démissionnaires ne sont pas censés assister à une telle réunion, surtout lorsque le sujet à discuter est d’une importance capitale.

La situation agace déjà certains, comme un député LR, aussi ex-ministre de Michel Barnier.

« J’entends bien qu’on prend le temps des négociations mais il va falloir trancher. On ne doit pas s’habituer comme les Espagnols à ne pas avoir de gouvernement pendant des mois et on a une Constitution qui le rappelle »

a-t-il déclaré.  

La politique comme un jeu de poker

Le Premier ministre a, semble-t-il, de "bonnes raisons" d'attendre. Il ne s'agit pas d'efficacité ou de bien-être public, mais de manœuvres politiques, de marchandages de couloir pour tenter d’arracher un soutien improbable de la part des socialistes. L’enjeu n'est pas de gouverner, mais de survivre. C'est la politique réduite à sa plus simple expression : un jeu de pouvoir pour le pouvoir.

La lenteur de Lecornu révèle une vérité que peu osent dire : les gouvernements ne se forment pas pour répondre aux besoins des Français, mais pour satisfaire les équilibres internes d’une caste politique.

Les ministres « démissionnaires »

Ils continuent à voyager, signer des décisions, donner des ordres, comme si de rien n’était. Le lundi 22 septembre par exemple, le ministre des affaires étrangères Jean-Noël Barrot a accompagné Emmanuel Macron à New York. Le président va mettre en exécution son projet de reconnaître l’Etat de Palestine devant les Nations-Unies.

Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, vient également de demander aux préfets de saisir la justice administrative dans le but d’interdire les pavoisements du drapeau palestinien sur les frontons de quelques mairies.

Le citoyen paie, mais ne décide rien. Voilà la démonstration parfaite que l’État est une machine qui fonctionne indépendamment du peuple – et souvent contre lui.

Les opposants complices

Les socialistes, qui jurent vouloir censurer le gouvernement, négocient déjà pour arrondir les angles. Les stratèges de Matignon tentent de séduire la CFDT pour ensuite influencer les socialistes, dans une alchimie politique qui confine à la chimère. Une telle attente est le symptôme d'un système qui a oublié pourquoi il existe. Tout ce petit monde vit de tractations, pas de responsabilité.

Ce calcul froid expose les priorités réelles d'une classe dirigeante pour qui la stabilité d'une coalition l'emporte sur l'urgence des affaires de la nation.

La lenteur de Sébastien Lecornu n'est pas un signe de prudence, mais révèle une politique déconnectée, qui agit selon son propre calendrier et ses propres logiques, ignorant les impératifs de la nation.

Cette attente est une preuve de plus que l'urgence pour les politiciens n'est pas de gouverner, mais de maintenir leur pouvoir.


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