New-York: contre l’insécurité, la police abuse de la surveillance par IA

Pour renforcer la sécurité du métro new-yorkais, la Metropolitan Transportation Authority (MTA) va déployer des systèmes d’intelligence artificielle capables de repérer les comportements jugés suspects en temps réel. Cette technologie permettrait d’intervenir plus rapidement face à un comportement suspect, avant même qu’un crime ne soit commis. Un principe qui n’est pas sans rappeler le film de science-fiction « Minority Report » sorti en 2002. Si les autorités promettent l’absence de reconnaissance faciale, l’idée de prédire les actes criminels avant qu’ils ne se produisent suscite de vives inquiétudes chez les défenseurs des libertés civiles.

La Metropolitan Transportation Authority (MTA) de New York prévoit de recourir à la technologie de l’intelligence artificielle (IA) pour renforcer la sécurité dans le métro selon son directeur de la sécurité, Michael Kemper. Il a révélé sa collaboration avec des entreprises d’IA. L’objectif est d’installer des caméras dotées d’IA pour détecter les « comportements problématiques » et identifier ainsi les criminels.
L’IA signale les « comportements suspects »
L’entreprise publique en charge de la gestion des transports publics de la ville, la MTA, a annoncé son plan d’utiliser l’IA pour renforcer la sécurité des usagers. Le chef de la sécurité de la Metropolitan Transportation Authority (MTA), Michael Kemper, a annoncé son plan ambitieux : équiper les stations de métro d’une IA de « prévention prédictive ». Objectif ? L’agence veut se servir de cette technologie pour détecter « des problèmes potentiels ou des comportements problématiques sur nos quais de métro », et alerter automatiquement la police new-yorkaise (NYPD).
En réalité, la MTA veut déployer un logiciel IA capable d’analyser en temps réel les images fournies par caméras de surveillance du métro. « Si quelqu’un agit de manière irrationnelle », l’application devrait également envoyer des alertes automatiques aux forces de l’ordre.
Lors d’une réunion du comité qui a eu lieu lundi, Kemper a déclaré que « l’IA est l’avenir ». Il s’agit d’une technologie de « prévention prédictive ». Selon Kemper, cette technologie permettrait d’intervenir plus rapidement face à un comportement suspect, avant même qu’un crime ne soit commis.
Kemper a révélé qu’environ 40% des caméras du réseau font désormais l’objet d’une surveillance en temps réel. Face aux préoccupations sur la vie privée, le porte-parole de la MTA, Aaron Donovan, a assuré que la technologie se concentrerait sur les comportements et non sur l’identification des individus. « La technologie explorée par la MTA est conçue pour identifier les comportements, pas les personnes », a-t-il déclaré, excluant l’usage de la reconnaissance faciale.
Une réponse à l’insécurité… et risques de surveillance de masse

Depuis son entrée en fonction en 2021, la gouverneure Kathy Hochul a voulu renforcer la sécurité dans le métro. Sous sa recommandation, la MTA a donc installé des caméras de surveillance sur chaque quai et à l’intérieur de chaque wagon de train. Les données du NYPD (New York City Police Département) révèlent une baisse des crimes graves commis dans le métro. Toutefois, le nombre d’agressions signalées est encore très élevé.
Selon la MTA on a relevé une série d’attaques dans le système de métro au cours de ces dernières années. Plusieurs passagers auraient été par exemple poussés sur les voies. L’an dernier, dix personnes ont été tuées dans le métro selon le bilan de la police. Le recours à l’IA a été la réponse rapide de la MTA et de la gouverneure Kathy Hochul pour améliorer la sécurité des usagers.
Mais l’annonce faite par Michael Kemper constitue également une réponse à la menace de suspension du financement fédéral de l’agence annoncé par le secrétaire américain aux transports, Sean Duffy, il y a un mois. Ce dernier a exigé que la MTA présente un plan de réduction de la criminalité et du sans-abrisme dans le métro.
Ce projet de la MTA de recourir à l’IA a été critiqué par les organismes de surveillance de la justice pénale. Ils estiment que l’entreprise est allée un peu trop loin dans son désir d’améliorer la sécurité des usagers du métro. Le conseiller principal en politique de l’Union des libertés civiles de New York, Justin Harrison, a démontré son opposition à ce plan de la MTA dans un communiqué.
« Utiliser l’intelligence artificielle, une technologie notoirement peu fiable et biaisée, pour surveiller nos métros et envoyer des policiers risque d’exacerber ces disparités et de créer de nouveaux problèmes »
a-t-il écrit. Il a ajouté que « vivre dans un Etat de surveillance généralisée ne devrait pas être le prix à payer pour être en sécurité. La véritable sécurité publique repose sur l’investissement dans nos communautés, et non sur une surveillance omniprésente ».
Ces craintes font écho à la situation française, où les Jeux olympiques de Paris ont servi de justification à l’introduction controversée de la vidéosurveillance algorithmique, malgré les promesses de ne pas recourir à la reconnaissance faciale. Par ailleurs, selon le quotidien britannique The Guardian, qui cite un rapport de l’ONG Statewatch, le gouvernement britannique travaillerait actuellement au développement d’un outil de prédiction des crimes, inspiré de technologies similaires.
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