Ce 16 décembre 2025 restera sans doute gravé dans les annales de l'histoire européenne non pas comme le jour où l'Union a sauvé l'Ukraine, mais comme le moment précis où elle a décidé de sacrifier ce qui lui restait de principes fondateurs — la liberté d'expression, la sécurité juridique, et la souveraineté nationale — sur l'autel d'une guerre qu'elle ne peut plus gagner, mais qu'elle s'interdit de perdre.

La machine bruxelloise, cette formidable créatrice de normes devenue une machine à broyer les réalités nationales, est entrée dans une phase terminale de fuite en avant. Face à l'échec patent de sa stratégie militaire et économique contre la Russie, l'Union Européenne ne cherche plus à convaincre, ni même à vaincre sur le terrain ; elle cherche à punir. Punir l'ennemi extérieur, certes, avec une inefficacité qui confine au grotesque, mais surtout punir l'ennemi intérieur : le citoyen qui réfléchit, l'analyste qui dissèque, le Premier ministre qui doute.
Dans cette chronique, nous allons plonger dans les entrailles de ce naufrage annoncé. Nous décortiquerons la mécanique totalitaire qui conduit l'UE à sanctionner un citoyen suisse (Jacques Baud) pour ses écrits, l'acharnement thérapeutique des dix-neuf paquets de sanctions, le hold-up juridique sur les avoirs russes qui menace de ruiner la Belgique, et enfin, la résistance inattendue de Bart De Wever, l'homme qui a osé dire que le roi était nu.

I. L'affaire Jacques Baud : quand l'Europe criminalise l'intelligence
Certains silences sont des aveux. Le 15 décembre 2025, dans l'indifférence quasi générale des grandes chancelleries et des médias subventionnés, le Conseil de l'Union Européenne a franchi un Rubicon moral et juridique en inscrivant sur sa liste noire Jacques Baud, ancien colonel de l'armée suisse et analyste du renseignement stratégique.

Le délit d'analyse
Qui est Jacques Baud? Pour ceux qui lisent encore des livres plutôt que des fils Twitter, il est l'auteur de plusieurs ouvrages de référence sur le conflit ukrainien. Ancien membre du Service de renseignement stratégique suisse, il a servi l'OTAN sur le terrain, notamment en Ukraine après 2014, pour lutter contre la prolifération des armes légères. Il n'est ni un agent du FSB, ni un oligarque, ni un propagandiste rémunéré. C'est un technicien du renseignement, un homme qui a passé sa vie à lire des cartes et des rapports d'état-major.

Pourtant, la décision du Conseil (PESC) 2024/2643, amendée ce 15 décembre, le qualifie de « porte-parole de la propagande pro-russe ». Son crime? Avoir diffusé des « théories du complot », notamment en « accusant l'Ukraine d'avoir orchestré sa propre invasion pour rejoindre l'OTAN ».
Analysons froidement cette accusation. L'Union Européenne sanctionne ici une thèse. Jacques Baud, dans ses travaux, soutient que l'intensification des bombardements sur le Donbass en février 2022, documentée par les rapports quotidiens de l'OSCE (qu'il cite abondamment), constituait une préparation d'offensive qui a précipité l'intervention russe. Que l'on adhère ou non à cette lecture des faits, elle relève du débat historique et géopolitique. Elle s'appuie sur des données. En la qualifiant de « désinformation » justifiant une mort civile et économique (gel des avoirs, interdiction de territoire), l'UE ne combat pas une menace : elle institue une vérité d'État.

L'extension totalitaire de la « menace hybride »
Cette sanction s'inscrit dans le cadre juridique nouveau et effrayant des « mesures restrictives eu égard aux activités de déstabilisation de la Russie », communément appelé régime « menaces hybrides ». Ce texte est un chef-d'œuvre de flou artistique juridique. Il permet de cibler quiconque « mine ou menace la stabilité, la sécurité ou l'indépendance » de l'Ukraine ou de l'UE.
Mais qu'est-ce qu'une « menace hybride » dans l'esprit de Bruxelles? Jusqu'ici, cela désignait des cyberattaques, des sabotages d'infrastructures ou l'instrumentalisation de migrants. Avec l'inscription de Jacques Baud et de Xavier Moreau (autre analyste, certes plus engagé, mais dont le traitement relève de la même logique), la définition s'étend désormais à la production intellectuelle.

L'UE considère donc qu'un livre ou une interview sur une webradio constitue une menace équivalente à un sabotage de gazoduc. C'est la militarisation de la censure. En plaçant des intellectuels sur la même liste que le « 142e bataillon de guerre électronique » russe ou les agents du GRU, Bruxelles efface la distinction fondamentale en démocratie entre l'acte de guerre et l'expression d'une opinion dissidente.


L'extraterritorialité et le mépris de la souveraineté suisse
Le cas Baud soulève une autre question gravissime : celle de la souveraineté. Jacques Baud est un citoyen suisse résidant en Suisse. La Suisse n'est pas membre de l'Union Européenne. En quoi la Commission de Bruxelles est-elle compétente pour juger de la liberté d'expression d'un citoyen helvétique sur son propre sol?
L'UE applique ici une extraterritorialité agressive, calquée sur le modèle américain qu'elle prétendait jadis combattre. Elle dit à la Suisse : « Vos citoyens doivent penser comme nous, ou nous les traiterons comme des ennemis ». Berne, dans une tentative de sauver les apparences de sa neutralité (déjà bien écornée), a fait savoir via le SECO qu'elle ne reprendrait pas automatiquement cette sanction spécifique, n'ayant pas adhéré au régime « menaces hybrides ». Mais la réalité bancaire est tout autre : quel banquier suisse prendra le risque de garder les comptes d'un homme listé par Bruxelles, sachant que l'UE menace de couper l'accès au marché unique aux complices de la « désinformation »? Jacques Baud est désormais un paria financier en Europe, condamné sans procès, sans débat contradictoire, pour délit d'opinion.
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II. L'échec des sanctions : une fuite en avant bureaucratique
Si la répression contre les individus est le signe de la fébrilité idéologique, l'avalanche de sanctions économiques est la preuve de l'impuissance stratégique. Nous en sommes au dix-neuvième paquet. Le chiffre lui-même a quelque chose de pathétique, évoquant ces séries télévisées qui s'étirent en saisons inutiles faute de savoir conclure.
La mécanique de l'escalade : Du 1er au 19ème paquet
Faisons le point sur cet empilement législatif qui étouffe l'Europe plus qu'il n'étrangle la Russie. Depuis février 2022, l'UE a tout essayé.
● Les premiers paquets (1-5) visaient le secteur financier (SWIFT), la Banque Centrale, et les élites politiques. L'idée était de provoquer un effondrement immédiat du rouble et une panique bancaire. Le rouble s'est redressé en trois mois.
● Les paquets médians (6-11) se sont attaqués à l'énergie (embargo pétrolier, charbon) et aux technologies. L'objectif était d'assécher les revenus du Kremlin. Résultat? La Russie a réorienté ses exportations vers l'Inde et la Chine, vendant son pétrole au-dessus du plafond du G7 grâce à une flotte fantôme que nous n'arrivons pas à contrôler.
● Les paquets récents (12-18) sont tombés dans le symbolique et le harcèlement : interdiction des diamants (qui tue Anvers plus que Alrosa), interdiction d'exporter des toilettes ou des machines à laver (soupçonnées de fournir des puces pour les missiles), et traque obsessionnelle du contournement.

Le 19ème paquet : le suicide énergétique final
Adopté formellement en octobre et renforcé en décembre 2025, ce 19ème paquet est l'aveu d'un échec cuisant. Que reste-t-il à sanctionner quand on a déjà tout interdit? L'UE s'attaque désormais aux reliquats vitaux de sa propre économie.

La mesure phare est l'interdiction d'importation du Gaz Naturel Liquéfié (GNL) russe. C'est une décision d'une stupidité économique rare. Après avoir perdu le gaz de pipeline bon marché (Nord Stream), l'Europe s'était tournée vers le GNL, y compris russe, pour éviter le black-out. En interdisant cette source, l'UE se livre pieds et poings liés aux fournisseurs américains et qataris, qui vendent leur gaz trois à quatre fois plus cher qu'en Russie.
Cette décision condamne l'industrie allemande et belge à une perte de compétitivité structurelle et définitive. L'aciérie, la chimie, le verre : tous ces secteurs énergivores sont poussés à la délocalisation, non pas par la guerre, mais par la réponse de Bruxelles à la guerre.
Le paquet s'attaque également à la « Flotte Fantôme » en sanctionnant 27 navires supplémentaires et des entités comme Eiger Shipping DMCC. C'est le mythe de Sisyphe : pour chaque navire sanctionné, la Russie en achète deux vieux tankers qui naviguent sous pavillon gabonais ou camerounais, sans assurance occidentale, augmentant le risque de marée noire sur nos côtes sans réduire d'un baril les exportations russes.

Enfin, l'UE étend l'interdiction des logiciels d'entreprise et des services cloud. On empêche SAP ou Oracle de vendre en Russie. Résultat? La Russie développe ses propres solutions ou adopte des logiciels chinois, accélérant son découplage technologique et rendant tout retour en arrière impossible. Nous ne punissons pas la Russie, nous l'émancipons.
III. Le casse du siècle : la question des avoirs russes et le piège belge
Mais le véritable cœur du réacteur, le sujet qui fait trembler les murs du 16 rue de la Loi à Bruxelles, ce n'est pas le gaz ou Jacques Baud. C'est l'argent. Le stock colossal d'avoirs russes gelés.
À la date du 16 décembre 2025, la situation est la suivante : environ 260 à 280 milliards d'euros d'actifs de la Banque Centrale de Russie sont immobilisés dans les pays du G7. Mais la répartition est tragiquement inégale. La Belgique, petit pays par la taille mais géant par la finance, détient via la chambre de compensation Euroclear environ 190 milliards d'euros de ces actifs. Les États-Unis? À peine 4 ou 5 milliards.

La tentation du vol et la mécanique du « Prêt Réparations »
Washington et Londres, qui n'ont rien à perdre, poussent l'Europe à la faute. L'idée géniale du G7, reprise par la Commission von der Leyen, est de transformer ces actifs en machine de guerre pour l'Ukraine.

Le mécanisme proposé est tordu : on accorde un prêt massif à l'Ukraine (jusqu'à 45 milliards d'euros), et ce prêt sera remboursé non pas par l'Ukraine, mais par les « profits exceptionnels » générés par les avoirs russes gelés chez Euroclear. C'est ce qu'on appelle pudiquement le « Prêt Réparations ».
Pour que cela fonctionne, il faut une condition absolue : que les actifs restent gelés pour toujours, ou du moins jusqu'à ce que la Russie paie des réparations de guerre (ce qu'elle ne fera jamais volontairement). Si les sanctions sont levées, le flux d'argent s'arrête, et le prêt n'est plus remboursé.

Le coup d'État juridique de l'Article 122
C'est ici que l'UE viole ses propres traités. Normalement, les sanctions (PESC) doivent être renouvelées à l'unanimité tous les six mois. Cela donne un pouvoir de véto à chaque État, notamment à la Hongrie de Viktor Orbán, qui menace régulièrement de tout bloquer.
Pour contourner ce véto et garantir aux marchés financiers que l'argent sera gelé indéfiniment, la Commission a décidé d'utiliser l'Article 122 du Traité sur le Fonctionnement de l'Union Européenne (TFUE). Cet article est conçu pour les « situations d'urgence » économique, comme une catastrophe naturelle ou une pénurie grave d'approvisionnement.

Ursula von der Leyen détourne cet article pour imposer le gel des avoirs à la majorité qualifiée, privant la Hongrie (et potentiellement la Belgique) de leur droit de véto. C'est un précédent gravissime. « Où est l'urgence? » a demandé le Premier ministre belge au Parlement. « L'urgence est en Ukraine, mais l'Ukraine n'est pas dans l'UE ». En utilisant une clause de solidarité interne pour mener une politique étrangère offensive, la Commission détruit l'État de droit européen de l'intérieur.

La bombe à retardement judiciaire : Euroclear menacé de mort
Pourquoi la Belgique résiste-t-elle? Parce qu'elle est assise sur une bombe atomique financière. Euroclear n'est pas une banque classique, c'est la clé de voûte du système financier international.
La Banque Centrale de Russie a déjà déposé plainte devant les tribunaux russes, réclamant l'intégralité de ses avoirs (plus de 200 milliards en incluant les intérêts).

La justice russe condamnera inévitablement Euroclear. Une fois le jugement rendu, Moscou pourra chercher à saisir les actifs d'Euroclear partout dans le monde, dans toutes les juridictions "amies" ou neutres (Dubaï, Hong Kong, Chine, Brésil).
Or, Euroclear ne possède en fonds propres qu'environ 40 milliards d'euros. Une condamnation à 200 milliards signifie la faillite immédiate de l'institution. Et qui devra payer la note pour éviter un effondrement du système financier mondial? L'État belge.
Le contribuable belge se retrouverait garant d'une dette équivalente à 30 ou 40 % de son PIB, simplement pour satisfaire les ambitions géopolitiques d'Ursula von der Leyen.

IV. La citadelle belge : Bart De Wever contre l'illusion européenne
Dans ce paysage de somnambules, une figure se dresse pour crier au fou : Bart De Wever, le Premier ministre belge. Leader de la N-VA (nationalistes flamands), conservateur et réaliste, il incarne aujourd'hui la résistance de la raison d'État face à l'idéologie supranationale.

« La Russie ne perdra pas » : le crime de lèse-majesté
Bart De Wever a osé prononcer les mots interdits. Dans une série d'interventions médiatiques et parlementaires début décembre, il a brisé le tabou :
« Croire que la Russie est en train de perdre est un conte de fées, une illusion complète. La Russie ne perd pas. Et il n'est d'ailleurs même pas souhaitable qu'elle perde totalement, car l'instabilité dans une puissance nucléaire serait catastrophique. »
Cette déclaration a provoqué une onde de choc. À Bruxelles, dire que la Russie ne perd pas est assimilé à du défaitisme, voire à de la trahison. Pourtant, De Wever ne fait qu'énoncer une évidence militaire partagée par la plupart des généraux en privé : l'Ukraine manque d'hommes, manque d'obus, et perd du terrain chaque jour. Continuer à financer cette guerre avec de l'argent volé, sans stratégie de sortie, est une folie.
Le refus du suicide belge
Au-delà de l'analyse géopolitique, De Wever défend les intérêts vitaux de son royaume. Il refuse que la Belgique soit le seul pays à porter le risque de la saisie des avoirs russes.
Il a posé trois conditions sine qua non pour accepter le mécanisme européen :
1. Mutualisation totale des risques : si Euroclear est attaqué en justice et perd de l'argent, l'Union Européenne tout entière doit payer, pas seulement la Belgique. Il exige un mécanisme de solidarité « juridiquement contraignant, inconditionnel et irrévocable ».
2. Protection de la liquidité : la BCE doit garantir qu'Euroclear ne sera jamais à court de cash en cas de crise.
3. Partage du fardeau : Lls autres pays détenant des avoirs (comme la France ou l'Allemagne, même pour des montants moindres) doivent accepter les mêmes règles.
Face à ces demandes, les partenaires européens, Berlin et Paris en tête, font la sourde oreille. Ils veulent bien utiliser l'argent russe, mais ils refusent de partager le risque de la facture. Ils demandent à la Belgique de sauter dans le vide sans parachute, au nom de la « solidarité européenne ».

De Wever a été clair : « Je ne laisserai jamais la Belgique assumer seule les risques. Si une décision est prise que je juge manifestement illégale, je n'exclus aucune action, y compris judiciaire contre l'UE ».
V. Vers une purge politique? L'UE va-t-elle sanctionner Bart De Wever?
Nous arrivons ici au point de bascule prospectif de notre analyse. La question peut sembler provocatrice : l'UE oserait-elle sanctionner le chef de gouvernement d'un État membre fondateur, siège de ses propres institutions?
La réponse, hélas, n'est plus un « non » catégorique. La mécanique mise en place avec l'affaire Jacques Baud et le règlement sur les menaces hybrides crée un précédent redoutable.
Le Premier ministre belge coche toutes les cases de la « menace hybride »
Reprenons les critères utilisés pour sanctionner Jacques Baud :
1. « Porte-parole de la propagande russe » : en affirmant que la Russie ne perdra pas et que la saisie des avoirs est du « vol » (terme utilisé par le Kremlin), De Wever reprend objectivement, aux yeux de la Commission, les narratifs de Moscou.
2. « Menacer la stabilité de l'Ukraine » : en bloquant le « Prêt Réparations » vital pour le budget ukrainien de 2026, De Wever met en danger, factuellement, la capacité de résistance de Kiev.
3. « Activités de déstabilisation » : en menaçant l'unité européenne lors du sommet du 18 décembre, il affaiblit la position de l'UE sur la scène internationale.
Bien sûr, Bart De Wever bénéficie d'une immunité politique et diplomatique que n'a pas un ex-colonel suisse. On ne gèle pas les avoirs d'un Premier ministre en exercice du jour au lendemain. Mais l'UE dispose d'autres armes pour briser les récalcitrants.
Le précédent hongrois et l'arme de l'Article 7
Regardons ce qui arrive à Viktor Orbán ou Robert Fico. Ils sont diabolisés, isolés, et privés de fonds européens. Des procédures au titre de l'Article 7 TUE (risque de violation grave des valeurs de l'UE) sont brandies comme des épées de Damoclès.
Si la Belgique persiste dans son véto au sommet des 18-19 décembre, nous assisterons à une campagne de dénigrement orchestrée. On accusera la N-VA d'être le cheval de Troie de Poutine à l'Ouest. On utilisera la presse internationale pour peindre De Wever en extrémiste dangereux (ce que le Guardian et Politico ont déjà commencé à faire). On menacera peut-être de suspendre certains financements ou de remettre en cause le siège de certaines agences européennes en Belgique.
L'UE est entrée dans une logique de purge intérieure. Quiconque s'oppose à la marche vers la guerre totale est désormais suspect. Bart De Wever est le dernier rempart avant l'alignement total.













