L’IA devient un outil clé pour identifier les épidémies du futur

L’IA devient un outil clé pour identifier les épidémies du futur


Partager cet article

Un nouvel outil d’intelligence artificielle pourrait révolutionner la prévention des pandémies en identifiant les réservoirs animaux susceptibles d’héberger et de propager des virus dangereux pour l’homme. Développé par des chercheurs de l’Université de l’État de Washington, ce modèle d’apprentissage automatique permet de déterminer les zones géographiques où de nouvelles épidémies pourraient émerger.

Les professeurs adjoints de l’USSU, Stephanie Seifert, à gauche, un expert en émergence virale et transmission d’espèces croisées,et Pilar Fernandez, écologiste de la maladie et professeur assistant à l’école Allen.

Une équipe de chercheurs de l’Université d’Etat de Washington a créé un nouvel outil d’intelligence artificielle pouvant limiter, voire même prévenir, les pandémies. Ils ont publié une étude sur leurs travaux concernant l’utilisation de modèle d’apprentissage automatique dans la revue Communications Biology. Elle permettrait aux scientifiques d’identifier rapidement les menaces zoonotiques émergentes.

Une méthodologie innovante

Une équipe de recherche a mis au point un outil pour prévenir les nouvelles épidémies. Elle inclut notamment la professeure adjointe à l’Ecole de biosciences moléculaires, Heather Koehler ; Daniel J. Becker de l’Université d’Oklahoma ; Rory Gibb de l’University College London et Collin Carlson de l’Université Yale.  Le projet a été dirigé par Stephanie Seifert, une experte en émergence virale et en transmission interspécifique. Elle est aussi professeure adjointe à la Paul G. Allen School for Global Health de la faculté de médecine vétérinaire de l’Université d’Etat de Washington (WSU).

Les chercheurs ont en réalité créé un modèle d’apprentissage automatique capable d’identifier les espèces animales pouvant transporter des virus susceptibles d’infecter les humains ainsi que les zones géographiques qui pourraient être des foyers d’épidémies. L’atout de cet outil d’intelligence artificielle, c’est qu’il peut également analyser les caractéristiques de l’hôte et la génétique des agents pathogènes.

Le modèle se concentre sur les orthopoxvirus, une famille virale qui inclut la variole et le mpox. En analysant les caractéristiques génétiques des virus et les spécificités des hôtes animaux, les chercheurs sont en mesure d’anticiper les risques de transmission à l’homme. Cette approche constitue une avancée majeure par rapport aux modèles précédents qui se basaient uniquement sur les facteurs écologiques des hôtes.

« Les trois quarts des virus émergents proviennent des animaux, » explique Stephanie Seifert, experte en transmission interespèces et co-directrice du projet. « Si nous pouvons mieux prédire quelles espèces présentent le plus grand risque, nous pourrons mettre en place des mesures préventives pour limiter les pandémies. »

Grâce à cette étude, les chercheurs ont pu localiser les foyers potentielles d’épidémies d’orthopoxvirus.  Il s’agit de l’Asie du Sud-Est, l’Amazonie et l’Afrique équatoriale. Ils ont identifié de nombreux hôtes potentiels dans ces régions. Pourtant, le taux de vaccination antivariolique y était faible, ce qui favoriserait la propagation rapide du virus. Notons en effet que depuis l’éradication de la variole en 1980,  les campagnes de vaccination dans ces zones ont été arrêtées.

Une précision  dans l’identification des réservoirs de virus animaux

Les chercheurs ont également réussi à déterminer quelles familles d’animaux sont les plus susceptibles d’être des hôtes pour le mpox. Parmi elles, on retrouve :

  • Les rongeurs
  • Les chats
  • Les canidés (chiens et espèces apparentées)
  • Les mustélidés (comme les loutres et les belettes)
  • Les ratons laveurs

L’intelligence artificielle a également confirmé que certaines espèces, comme les rats, étaient résistantes au virus, une donnée corroborée par des études en laboratoire.

Vers une meilleure surveillance des épidémies

L’identification précoce des réservoirs animaux est cruciale pour anticiper les « retombées » virales vers l’homme. Jusqu’à présent, ces recherches se faisaient principalement par des échantillonnages de terrain, une méthode coûteuse et fastidieuse. L’utilisation de l’IA pourrait ainsi révolutionner la manière dont les scientifiques surveillent la faune et les virus.

« Si nous cherchons le réservoir du mpox en Afrique centrale, nous nous retrouvons dans une zone à la biodiversité extrême. Par où commencer ? » interroge Seifert. « L’apprentissage automatique nous aide à cibler nos efforts de surveillance et à mieux comprendre les risques viraux. »


Partager cet article
Commentaires

S'abonner au Courrier des Stratèges

Abonnez-vous gratuitement à la newsletter pour ne rien manquer de l'actualité.

Abonnement en cours...
You've been subscribed!
Quelque chose s'est mal passé
Fin de l'Internet neutre, libre et universel, par Thibault de Varenne

Fin de l'Internet neutre, libre et universel, par Thibault de Varenne

Au milieu des années 1990, une vision utopique dominait le discours technologique et sociétal : celle d'un cyberespace sans frontières, agnostique quant aux juridictions nationales, et universellement accessible. Cette vision, immortalisée par la "Déclaration d'indépendance du cyberespace" de John Perry Barlow en 1996, postulait que l'Internet serait une force inarrêtable de démocratisation, une "civilisation de l'esprit" où l'information circulerait librement, contournant les censures étatiques


Rédaction

Rédaction

Audit numérique des touristes : Trump est-il ou non déjà entré dans la dérive totalitaire? par Thibault de Varenne

Audit numérique des touristes : Trump est-il ou non déjà entré dans la dérive totalitaire? par Thibault de Varenne

Il fut un temps où traverser l'Atlantique exigeait un passeport, un billet d'avion et, peut-être, une dose de patience à la douane de JFK. Ce temps est révolu. En cette fin d'année 2025, l'Amérique de Donald Trump ne demande plus seulement de voir vos papiers ; elle exige de voir votre âme numérique. La transformation du rapport de force entre l'État américain et le visiteur étranger vient de franchir un Rubicon que beaucoup croyaient infranchissable dans une démocratie libérale. Mais sommes-nou


Rédaction

Rédaction

Le gouvernement obéit-il à la FNSEA lorsqu'il ordonne l'abattage des troupeaux en Ariège ?  par Elise Rochefort

Le gouvernement obéit-il à la FNSEA lorsqu'il ordonne l'abattage des troupeaux en Ariège ? par Elise Rochefort

C’est la question qui brûle les lèvres dans les campagnes, alors que les gaz lacrymogènes se dissipent à peine en Ariège et dans le Doubs. Pour y répondre, il faut dépasser la simple caricature d'un ministère aux ordres pour plonger dans les mécanismes de la "cogestion" à la française, une machine bien huilée qui semble aujourd'hui se gripper face à la réalité biologique de la Dermatose Nodulaire Contagieuse (DNC). Une communauté de destin économique À première vue, la réponse est oui, ou du


Rédaction

Rédaction

Une étude Stanford confirme : les injections ARNm déclenchent bien des myocardites

Une étude Stanford confirme : les injections ARNm déclenchent bien des myocardites

Les cas de myocardite post-vaccination ARNm ne sont plus un secret. Des chercheurs de Stanford ont décrypté le mécanisme biologique derrière cette inflammation cardiaque, confirmant ce que les données suédoises, norvégiennes et autres suggéraient déjà. Malheureusement, ces effets secondaires n’ont eu aucune incidence sur la suite de la campagne de vaccination. Les autorités sanitaires ont continué de naviguer entre minimisation des risques et poursuite d'une campagne massive, interrogeant la lib


Lalaina Andriamparany

Lalaina Andriamparany