Lorsqu’un ordre politique et moral entre en agonie, il ne se contente pas de mourir ; sa décomposition, tel un venin lent, corrompt tout ce qu’il approche, et en premier lieu la langue et le droit, ces deux piliers de toute civilisation. Nous assistons aujourd’hui, sous le masque blafard de la légalité européenne, à l’un de ces spectacles funèbres où les principes qui ont fondé la prospérité et la stabilité de l’Occident sont méthodiquement dépecés sur l’autel d’une cause lointaine et d’une idéologie fébrile. L’affaire des avoirs russes gelés, et la machination ourdie à Bruxelles pour en détourner les fruits au profit de l’Ukraine, n’est pas une simple décision de politique étrangère. C’est le symptôme achevé d’une décadence profonde, la manifestation clinique d’un corps politique qui a perdu le sens de ses propres fondements.

Au cœur de cette entreprise se trouve une violation flagrante du principe le plus sacré des sociétés ordonnées : le droit de propriété. Ce droit, socle de la confiance, condition de l’investissement et rempart contre l’arbitraire du pouvoir, est ici bafoué avec une désinvolture qui trahit la nature même du régime qui préside à nos destinées. Car pour justifier ce qui s’apparente à un vol d’État, les juristes et les technocrates de l’Union Européenne ont dû s’adonner à un exercice de sophistique dont la subtilité n’a d’égale que la malhonnêteté. Ils nous expliquent, avec le sérieux des théologiens byzantins discutant du sexe des anges tandis que les barbares martèlent les portes de la cité, qu’il ne s’agit point d’une confiscation du capital, mais d’une simple saisie des « revenus » et des « bénéfices » générés par ce capital. Le bien, nous dit-on, reste la propriété de la Fédération de Russie, bien que gelé ; seuls les fruits en sont cueillis. C’est là une distinction spécieuse, une fiction juridique conçue pour endormir les consciences timorées et donner une apparence de droit à une pure spoliation. Car la propriété d’un bien ne se résume pas à un titre nominal ; elle consiste essentiellement en la jouissance de ses fruits, l’usus et le fructus des anciens. Priver un propriétaire des revenus de son bien, c’est le déposséder de sa substance même.
Cette contorsion intellectuelle est la marque d’un pouvoir faible, non d’un pouvoir fort. Une autorité souveraine, sûre de son droit et de sa puissance, agirait avec la clarté et la franchise que commande la majesté de l’État. Elle confisquerait, et assumerait son acte comme une mesure de guerre. Mais l’Union Européenne, cette entité hybride, ce « gouvernement d’opinion » et de comités que Maurras aurait dénoncée comme l’antithèse de la véritable politique, est incapable d’une telle résolution. Elle est, par nature, le règne de la demi-mesure et du compromis boiteux. La complexité même du mécanisme financier mis en place – ce « prêt jumbo » adossé à une « Accélération des Revenus Extraordinaires » (ERA) – n’est pas un signe de sophistication, mais un aveu de couardise. C’est la manœuvre de celui qui veut s’emparer du trésor sans oser hisser le pavillon noir du pirate. C’est la politique de la note de bas de page et de la clause dérogatoire, non celle du sceptre et de l’épée. En cela, l’Union se révèle fidèle à sa nature profonde : une machine bureaucratique « sans cœur ni cerveau » , mue par des abstractions idéologiques et incapable de la décision nette qui caractérise le véritable pouvoir politique. Elle est le produit de cette maladie libérale et parlementaire qui, étendue au corps de l’État, paralyse la volonté et dissout l’action dans un verbiage juridique sans fin.
La mécanique de la spoliation : anatomie d'un prêt usuraire
Pour saisir l’ampleur de la forfaiture, il convient de disséquer avec la froideur d’un chirurgien la mécanique de ce montage financier. Dépouillé de ses oripeaux humanitaires et de son jargon technocratique, le plan du G7 et de l’Union Européenne se révèle pour ce qu’il est : une forme inédite d’usure d’État, bâtie sur un acte de prédation initial et conçue pour perpétuer une dépendance financière inextricable.
Les faits, dans leur brutalité, sont les suivants. Les puissances occidentales, réunies au sein du G7, se sont accordées pour octroyer à l’Ukraine une série de prêts, baptisés « Extraordinary Revenue Acceleration Loans for Ukraine » (ERA), pour un montant total avoisinant les 50 milliards de dollars, soit environ 45 milliards d’euros. L’originalité de ce montage ne réside pas dans le prêt lui-même, mais dans son mécanisme de remboursement. En effet, il est explicitement stipulé que le service de cette dette colossale – principal et intérêts – ne sera pas assuré par l’Ukraine, mais sera couvert par les « revenus extraordinaires » générés par les quelque 210 milliards d’euros d’actifs souverains de la Banque Centrale de Russie, gelés sur le territoire de l’Union depuis le début du conflit. Ces revenus, estimés entre 2,5 et 3 milliards d’euros par an, deviennent ainsi la garantie et la source unique de remboursement du prêt.
La destination de ces fonds ne laisse aucune place à l’ambiguïté quant à la nature de l’opération. Le plan adopté prévoit que 90 % des sommes saisies seront affectées à la « Facilité européenne pour la paix » (FEP), un instrument qui, malgré son nom orwellien, sert principalement à financer l’achat et la livraison d’armements. Les 10 % restants sont destinés à renforcer les capacités de l’industrie de défense ukrainienne. Nous sommes donc bien en présence d’un mécanisme visant à financer, par le détournement de fonds souverains, une guerre par procuration, confirmant ainsi l’analyse la plus élémentaire de la situation.
Au centre de cette toile d’araignée financière se trouve une institution et un pays : la chambre de compensation Euroclear, et le royaume de Belgique. Sur les 210 milliards d’euros d’actifs russes immobilisés dans l’Union, une part écrasante – environ 191 milliards d’euros – est détenue par cette société basée à Bruxelles. Cette concentration géographique n’est pas un détail anecdotique ; elle fait de la Belgique le pivot involontaire de toute l’opération, la clé de voûte fragile d’un édifice juridique et financier périlleux, et expose ce petit État à des risques démesurés, comme nous le verrons.
L’intelligence véritable ne s’arrête pas à la description d’un mécanisme ; elle en perçoit les conséquences logiques et les finalités cachées. Or, ce montage est bien plus qu’un simple soutien financier. Il instaure une dépendance structurelle et un intérêt objectif à la prolongation du conflit. En liant le remboursement d’un prêt occidental massif à la captation continue des revenus d’actifs russes, l’Union et ses alliés créent une situation financière qui ne peut se dénouer que par la capitulation totale de la Russie, contrainte de « payer pour les dommages » qu’elle a causés, condition sine qua non posée pour un éventuel dégel des avoirs. Cette boucle financière est un chef-d’œuvre de perversité. Les nations occidentales prêtent de l’argent, mais se font rembourser par un tiers dont elles contrôlent les biens. Le risque est ainsi externalisé, et la structure même du prêt présuppose un état d’hostilité durable, voire permanent. Ce n’est pas là l’œuvre d’hommes d’État cherchant une paix rapide et juste, mais bien celle de financiers internationaux et de bureaucrates pour qui la politique n’est qu’une gestion de flux et d’intérêts complexes. Ils ne cherchent pas la résolution, mais la perpétuation d’un processus qu’ils peuvent administrer et dont ils tirent profit. Cette « guerre par l’usure » est un monument élevé à la gloire de l’Argent-Roi, triomphant de la politique et du bien des peuples.
Le droit bafoué : quand la contre-mesure devient démesure
L’édifice de la spoliation repose sur des fondations juridiques si fragiles qu’elles s’effondreraient au premier souffle de la raison si la volonté politique ne s’acharnait à les étayer. Pour justifier leur forfait, les architectes de ce plan ont dû tordre les principes les plus fondamentaux du droit international et du droit de la propriété, transformant des concepts protecteurs en armes de guerre.
La première et la plus grossière des manipulations consiste, comme nous l’avons vu, à jouer sur la distinction entre le « gel » des avoirs et leur « confiscation ». Le gel, nous rappelle-t-on, est une mesure politique, temporaire, qui bloque l’usage d’un bien sans en transférer la propriété. La confiscation, elle, est un acte judiciaire définitif qui opère ce transfert. En prétendant ne s’emparer que des revenus, l’Union se targue de rester dans le cadre du gel. C’est un sophisme. Le droit de propriété n’est pas une abstraction ; il est la jouissance concrète d’un bien et de ses produits. Saisir les revenus revient à vider le droit de propriété de sa substance, ne laissant au propriétaire qu’une coquille vide, un titre nu. C’est une confiscation qui n’ose pas dire son nom.
Plus grave encore est l’atteinte portée au principe de l’immunité souveraine des États. Ce principe, pierre angulaire des relations internationales, est fondé sur l’égalité souveraine des nations : par in parem non habet imperium, un égal n’a pas de juridiction sur un autre égal. Il en découle une immunité de juridiction, qui empêche un État d’être poursuivi devant les tribunaux d’un autre, et une immunité d’exécution, qui met ses biens à l’abri de toute saisie forcée. Si le droit a évolué pour restreindre cette immunité dans le cas d’actes commerciaux (acta jure gestionis), il l’a toujours maintenue avec la plus grande fermeté pour les actes relevant de la puissance publique (acta jure imperii). Or, les réserves d’une banque centrale, qui garantissent la stabilité monétaire et économique d’une nation, relèvent sans conteste de cette seconde catégorie. En s’arrogeant le droit de saisir les revenus de ces réserves, l’Union Européenne ne commet pas seulement un acte hostile ; elle dynamite un des fondements de l’ordre international.
Face à cette objection massive, les juristes de Bruxelles avancent un dernier argument, celui de la « contre-mesure ». L’agression russe étant un fait internationalement illicite, les États lésés seraient en droit de prendre des contre-mesures, comme le gel ou la saisie des avoirs de l’agresseur, pour l’obliger à cesser son action et à réparer les dommages. Mais cet argument est un cheval de Troie juridique. Le droit des contre-mesures est strictement encadré : elles doivent être proportionnées, temporaires, et viser à ramener l’État fautif au respect du droit. Elles ne sauraient en aucun cas devenir une mesure punitive permanente ou, plus inouï encore, un mécanisme de financement de l’effort de guerre d’un tiers. En détournant ce concept de sa finalité, l’Union le transforme en un instrument d’arbitraire, une justification commode pour suspendre le droit au gré de ses intérêts politiques.
Cette dérive n’a pas manqué d’alerter les esprits les plus prudents au sein même du système. La Banque Centrale Européenne et plusieurs gouvernements, dont ceux de la France et de l’Allemagne, ont exprimé leurs plus vives craintes quant aux conséquences d’une confiscation, même déguisée. Ils redoutent une tempête sur les marchés, une perte de confiance des investisseurs internationaux dans la zone euro et une déstabilisation de la monnaie unique. Le Fonds Monétaire International lui-même a mis en garde contre toute action qui ne reposerait pas sur un « soutien juridique suffisant ». Ces avertissements ne sont pas ceux d’alliés de la Russie ; ce sont les cris d’alarme de gardiens de l’ordre financier qui voient des apprentis sorciers jouer avec le feu.
Ce qui se joue ici est une mutation funeste du droit international. Nous passons d’un droit des gens, fondé sur le respect mutuel des souverainetés et des règles stables, à un droit des idéologies, où un camp autoproclamé du « Bien » s’autorise à suspendre toutes les règles à l’encontre de ceux qu’il désigne comme faisant partie du camp du « Mal ». C’est la logique même de la Révolution, qui remplace la tradition et la loi par la volonté arbitraire du moment, justifiée par des appels à une justice abstraite et vengeresse. Quand le droit devient un simple instrument au service d’une faction politique, il cesse d’être le droit pour devenir une arme. Et un monde où le droit n’est plus qu’une arme est un monde promis au désordre universel et à la guerre de tous contre tous. C’est le chemin que l’Europe, dans son aveuglement, est en train d’emprunter.
La Belgique ou le sursaut de l'instinct de conservation
Dans ce concert d’imprudence et de ferveur idéologique, une voix discordante s’est fait entendre, non pas celle du principe abstrait, mais celle, bien plus précieuse, de la réalité concrète. La position de la Belgique, réticente et anxieuse, ne doit pas être interprétée comme un acte de haute vertu philosophique. Elle est quelque chose de plus rare et de plus solide : une manifestation de ce que Maurras nommait l’« empirisme organisateur », cette sagesse pratique qui naît non des nuées de la théorie, mais du contact rugueux avec les faits, les intérêts et les périls. En hésitant à suivre les doctrinaires de Bruxelles dans leur folle équipée, l’État belge, contraint par sa situation, agit en gardien involontaire des principes que les idéologues sont si prompts à sacrifier. Il sauve l’honneur, non par héroïsme, mais par un sain instinct de conservation.
La position de Bruxelles est claire : la confiscation pure et simple des avoirs russes « n’est pas une option », car le pays « ne peut pas se le permettre ». Cette prudence, partagée à des degrés divers par l’Allemagne et la France, n’est pas le fruit d’une sympathie pour Moscou, mais d’une évaluation lucide des conséquences catastrophiques qu’une telle mesure entraînerait pour la Belgique elle-même. Les risques sont de trois ordres, et leur accumulation dessine le portrait d’un désastre potentiel.
Le premier risque est juridique. La Belgique redoute, à juste titre, de s’exposer à des décennies de contentieux internationaux intentés par la Russie. Si les tribunaux venaient à donner raison à Moscou, l’État belge pourrait être condamné à verser des dédommagements colossaux, un ministre avertissant que la facture pourrait s’élever à « l’équivalent de son budget annuel ». C’est un risque existentiel pour les finances d’un État déjà lourdement endetté.
Le deuxième risque, plus diffus mais encore plus grave, est financier. Euroclear n’est pas une simple banque belge ; c’est une institution pivot de la finance mondiale. Sa réputation repose entièrement sur la confiance, sur la certitude pour les investisseurs du monde entier que les actifs qui lui sont confiés sont en sécurité, à l’abri de l’arbitraire politique. Saper cette confiance en se faisant l’instrument d’une spoliation politique serait un acte suicidaire. Cela pourrait provoquer une fuite massive des capitaux, non seulement russes, mais aussi chinois, moyen-orientaux, et de tous les États qui ne s’alignent pas sur la doxa occidentale. Une telle panique déstabiliserait Euroclear, ébranlerait la place financière de Bruxelles et, par contagion, menacerait la stabilité de l’euro en tant que monnaie de réserve internationale.
Le troisième risque, enfin, est physique et sécuritaire. La réalité de la menace est attestée par un fait brutal : le dirigeant d’Euroclear vit désormais sous « protection rapprochée », cible de menaces directes. Voilà où mènent les abstractions des stratèges en chambre : elles font peser un danger mortel sur des individus concrets.
Le Premier ministre belge a résumé la situation avec une métaphore d’une grande justesse, celle de la « poule aux œufs d’or ». Les avoirs gelés, par les impôts prélevés sur leurs revenus, rapportent en effet des sommes considérables au trésor belge (1,7 milliard d’euros pour la seule année 2024), argent qui est d’ailleurs déjà en grande partie reversé à l’Ukraine. La question, dit-il, est de savoir s’il faut « manger la poule » pour satisfaire l’appétit immédiat de ses alliés. Son pragmatisme va plus loin : si l’on doit prendre ce risque, alors il doit être partagé. Soulignant que 162 milliards d’avoirs russes se trouvent hors de Belgique, il lance à ses partenaires : « Mangeons toutes les poules », pas seulement celle qui se trouve dans mon poulailler. C’est le langage d’un homme qui défend les intérêts de son pays, non celui d’un idéologue prêt à sacrifier sa nation pour une cause étrangère.
Cette situation est une illustration parfaite de la distinction maurrassienne entre le « pays légal » et le « pays réel ». Le pays légal, c’est la construction artificielle et idéologique de l’Union Européenne, la bureaucratie de Bruxelles, le monde des « symboles puissants » et des grandes déclarations sans prise sur le réel. Il peut se permettre de prôner des politiques aventureuses dont les conséquences seront diffuses et lointaines. Le pays réel, c’est la nation belge, avec son économie, son budget, sa population, ses intérêts tangibles et ses vulnérabilités spécifiques. Ses dirigeants, parce qu’ils sont au contact de cette réalité, sont contraints à la prudence. Leur sagesse n’est pas une qualité morale supérieure ; elle est la conséquence directe de leur responsabilité. En défendant sa propre survie, la Belgique défend malgré elle un principe de civilisation. C’est ainsi que l’ordre, parfois, se maintient : non par le sacrifice des saints, mais par l’égoïsme intelligent des hommes qui ont quelque chose de concret à perdre.
Pays réel contre pays légal
Au terme de cette analyse, l’affaire des avoirs russes apparaît comme bien plus qu’une péripétie diplomatico-financière. Elle est un cas d’école, une démonstration presque pure de la fracture mortelle qui sépare désormais, au cœur de l’Europe, le pays légal du pays réel. D’un côté, une construction supranationale, abstraite et idéologique, qui, au nom de principes moraux fluctuants, s’arroge le droit de démanteler les fondements juridiques de l’ordre international. De l’autre, la réalité têtue des intérêts nationaux, des lois de l’économie et de la prudence politique, qui resurgit là où l’on s’y attend le moins, dans la résistance pragmatique d’un petit État placé en première ligne.
L’action de l’Union Européenne est la conséquence logique de sa nature. Elle est ce que Maurras avait diagnostiqué avec une prescience cruelle : un régime électif et parlementaire, un « gouvernement de partis », fatalement divisé et diviseur, « superposé comme un masque grotesque et répugnant à l’être réel du pays ». Sa politique n’est pas le fruit de la force et de la décision d’un véritable souverain, mais le produit chaotique de tractations laborieuses entre des intérêts divergents, le tout enrobé dans un discours moralisateur qui peine à masquer l’incurie et la faiblesse. En choisissant la voie de la spoliation déguisée, l’Union ne fait pas preuve d’audace, mais d’une incapacité à agir clairement, préférant les labyrinthes juridiques à la confrontation directe.
L’abandon du principe de propriété, même sous des prétextes jugés nobles, est un acte suicidaire pour une civilisation. Une société se définit bien plus par les devoirs qu’elle impose que par les droits qu’elle proclame. Le premier devoir d’un État digne de ce nom est de garantir l’ordre, la stabilité des contrats et la sécurité des biens, car c’est sur ce socle que reposent toute prospérité et toute confiance. En organisant le vol légal, en transformant le droit en une arme au service d’une cause, l’Union Européenne devient elle-même l’agent du désordre qu’elle prétend combattre. Elle scie la branche sur laquelle elle est assise.
Face à ce spectacle de décomposition, le sursaut de la Belgique, motivé non par la morale mais par l’intérêt, offre une lueur d’espoir paradoxale. Il nous rappelle que la réalité a des droits imprescriptibles et qu’elle finit toujours par se venger des chimères idéologiques. Tout désespoir en politique est une sottise absolue, disait Maurras. Non que l’optimisme soit de mise, mais parce que la lucidité sur la nature du mal est le premier pas vers le remède. L’avenir de nos nations ne se jouera pas dans les couloirs de Bruxelles, au milieu des comités d’experts et des fabricants de règlements. Il dépendra de la capacité du pays réel – des peuples, de leurs traditions, de leurs intérêts vitaux – à se réaffirmer face aux abstractions mortifères du pays légal. Le choix est simple, et il est tragique : c’est le sol ferme de la réalité ou l’abîme d’une politique sans principes, sans mémoire et sans avenir.
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