L’Egypte propose un plan de reconstruction de Gaza avec les Palestiniens mais sans le Hamas

L’Egypte a proposé et fait adopter par la Ligue Arabe un plan de reconstruction de Gaza qui permettrait à la population palestinienne de rester. C’est bien entendu l’essentiel, par comparaison avec le plan Trump – Washington a rejeté le plan du Caire d’emblée. Notons que ce plan se ferait sans que le Hamas soit associé au gouvernement du territoire, ce qui rend peu probable sa réussite ultime, vu la popularité du mouvement nationaliste palestinien chez les habitants de Gaza.

Lors d’un sommet tenu mardi au Caire, les États arabes ont approuvé un plan égyptien de reconstruction de la bande de Gaza. Une version détaillée du plan égyptien obtenue par le média russe Sputnik (on remarquera que l’Egypte ne le transmet pas « off the record » à un média d’un pays de l’UE ou d’un pays anglophone) prévoit de mettre de côté 53 milliards de dollars pour reconstruire la bande de Gaza et de former un comité chargé de la gérer pendant six mois en vue du retour de l’Autorité palestinienne (AP). Mais le Hamas ne devrait pas y siéger.
Une conférence internationale pour la reconstruction de Gaza se tiendra au Caire d’ici la fin du mois de mars. Parallèlement, un fonds sera créé pour recevoir les contributions des pays donateurs. Le projet de plan ajoute que « la mise en œuvre de la reconstruction nécessite des dispositions pour une gouvernance transitoire et pour assurer la sécurité de manière à préserver les perspectives d’une solution à deux États ».
Le plan égyptien prévoit que la phase de relèvement précoce durera six mois et nécessitera 3 milliards de dollars, tandis que la première phase de reconstruction durera deux ans et coûtera 20 milliards de dollars. La deuxième phase de reconstruction devrait durer deux ans et demi et coûter 30 milliards de dollars. C’est donc un plan devant permettre de rendre Gaza habitable à nouveau en cinq ans.
La proposition de l’Égypte rejette catégoriquement tout déplacement de Palestiniens. Bien qu’apparemment exclu de la future gouvernance de Gaza, le Hamas a salué le plan dans une déclaration mercredi 5 mars.
La réaction de Washington est négative
Donald Trump avait annoncé début février que Washington avait l’intention de prendre le contrôle de Gaza et d’en expulser les habitants. Il a affirmé que l’initiative visait à trouver un endroit plus sûr pour les Palestiniens pendant que des équipes de développement internationales se chargeraient de reconstruire la bande de terre.
Le président américain a depuis lors fait apparemment marche arrière, affirmant fin février qu’il ne souhaitait pas imposer le plan par la force mais qu’il le recommanderait.
Sans que l’on puisse dire que cela vienne de Donald Trump, Washington a rejeté la proposition égyptienne.
« La proposition actuelle ne tient pas compte du fait que Gaza est actuellement inhabitable et que les habitants ne peuvent pas vivre dans des conditions humaines sur un territoire couvert de débris et d’engins non explosés », a déclaré le porte-parole du Conseil national de sécurité américain, Brian Hughes, dans un communiqué le 4 mars.
« Le président Trump maintient sa vision de la reconstruction d’une Gaza libérée du Hamas. Nous attendons avec impatience la poursuite des pourparlers pour apporter la paix et la prospérité dans la région », a ajouté le communiqué.
Un plan qui écarte le Hamas est-il de toute façon condamné?
Bien entendu, la question que l’on doit se poser, ce sont les chances de réussite d’un plan qui se passerait de la présence du Hamas dans le comité de pilotage. Au printemps 2024, Russes et Chinois ont posé les bases d’un futur gouvernement palestinien. On devine que la Ligue Arabe est désireuse d’échapper à des pressions de Washington, en excluant le Hamas du futur gouvernement de Gaza.
Cependant, les événements depuis octobre 2023 ont montré la capacité de survie du Hamas – et des autres milices palestiniennes; et, surtout, leur légitimité renforcée dans la population, du fait de leur engagement au combat contre l’armée israélienne. Il est peu probable qu’un plan quelconque pour Gaza réussisse en excluant les mouvements combattants palestiniens.
Et c’est bien la raison pour laquelle le gouvernement israélien, de son côté, essaie de faire traîner les choses, en prolongeant la phase 1 du cessez-le-feu et en refusant de commencer la phase 2 des négociations. A Tel-Aviv, on sait que le Hamas a gagné la guerre, derrière les apparences de la destruction par l’aviation israélienne de 70% du bâti de la Bande de Gaza. Le gouvernement Netanyahou essaie d’user l’accord de cessez-le-feu par un pourrissement de la situation – qui repousserait d’autant le début de la reconstruction.
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