Le point sur l'échec du plan de paix de Trump, par Elise Rochefort

Au 29 octobre 2025, la situation au Proche-Orient connaît une escalade majeure. Un cessez-le-feu récent à Gaza, négocié par l'administration américaine de Donald Trump, est sérieusement compromis par d'intenses frappes israéliennes, tandis que la pression militaire s'accroît au Liban.

La situation militaire est extrêmement tendue sur les deux fronts, marquée par une violation significative de la trêve à Gaza et une intensification stratégique au Liban.

À Gaza : un cessez-le-feu gravement compromis

Un cessez-le-feu était en vigueur depuis le 10 octobre 2025, suite à l'acceptation du plan proposé par le président Trump. Cependant, les 28 et 29 octobre, cet accord a été largement violé.

Des bombardements israéliens ont frappé la bande de Gaza, causant un lourd bilan humain. Selon Le Vif, au moins 91 personnes ont été tuées, dont 24 enfants. L'Orient-Le Jour rapporte un bilan similaire d'au moins 90 morts. Des frappes ont été signalées notamment près de l'hôpital Al-Awda de Nuseirat, ainsi que dans le quartier de Shujaiya et à al-Zawayda, visant des maisons et des tentes de déplacés.

Le Hamas a dénoncé ces actions, affirmant qu'Israël "est en train de bombarder Gaza [...] en dépit du cessez-le-feu".

Toutefois, après ces opérations, l'armée israélienne a annoncé qu'elle "a repris l'application du cessez-le-feu", suite à ce qu'elle a décrit comme une "série de frappes significatives en réponse aux violations du Hamas".

Au Liban : intensification et guerre d'usure

Au Liban, il ne s'agit pas tant d'une "reprise" de la guerre que d'une intensification continue des opérations israéliennes, dans le cadre d'une stratégie d'attrition.

Une revue de presse de Libnanews du 25 octobre fait état d'une "intensification des frappes israéliennes" et d'une "offensive militaire aux contours élargis". La stratégie israélienne est décrite comme une "campagne d'usure" visant à "déstructurer le tissu militaire et social des zones tenues par le Hezbollah", tout en maintenant l'affrontement sous le seuil de la guerre totale.

Cette stratégie inclut une "logique d'assassinat tactique" et une dispersion géographique des frappes pour empêcher le Hezbollah d'anticiper les mouvements israéliens.

Les raisons de ce durcissement

Les raisons de ce durcissement combinent des réactions immédiates à des incidents à Gaza et des objectifs stratégiques à long terme au Liban.

À Gaza : Violations alléguées et crise des otages

Israël a justifié ses frappes massives comme des représailles nécessaires. L'armée israélienne avait annoncé la mort de deux soldats à Rafah le dimanche 26 octobre, et a déclaré qu'elle agirait pour "éliminer toute menace immédiate" contre ses troupes.

Par ailleurs, de vives tensions entourent la mise en œuvre de l'accord sur les otages. Israël accuse le Hamas de violations, notamment d'avoir "mis en scène la récupération d'un corps d'otage". Sur les 28 dépouilles que le Hamas s'était engagé à rendre, Israël n'en a récupéré que 15. Le Hamas affirme avoir besoin de plus de temps et de matériel pour les retrouver dans les décombres, et a annoncé reporter les remises prévues en raison des frappes israéliennes.

Au Liban : Objectifs stratégiques et sécuritaires

Au Liban, le durcissement s'inscrit dans une volonté israélienne de modifier le statu quo. L'objectif affiché par Tel-Aviv est de "forcer l'État libanais à désarmer le parti [Hezbollah]", considéré comme une "condition préalable à tout cessez-le-feu durable".

Cette stratégie vise également à "briser la cohésion interne autour de la résistance" et à affaiblir le soutien populaire au Hezbollah. Selon Libnanews, Israël exploite la fragilité économique et diplomatique du Liban pour le forcer à accepter une "nouvelle architecture régionale sécuritaire". L'objectif fondamental reste de sécuriser la frontière nord pour permettre le retour des citoyens israéliens déplacés.

S'agit-il d'un échec du plan de paix de Trump ?

Le plan stipulait explicitement que la guerre prendrait fin immédiatement et que "toutes les opérations militaires, y compris les bombardements aériens et d'artillerie et les opérations de ciblage, seront suspendues". Les frappes massives des 28 et 29 octobre constituent une violation majeure de cette clause centrale.

Un échec de facto, malgré le maintien diplomatique

Bien que l'administration américaine insiste sur le fait que l'accord est toujours valide, la reprise des hostilités à cette échelle, moins de trois semaines après son entrée en vigueur, représente un échec de facto de sa capacité à maintenir le calme.

L'accord était déjà fragile. Avant même ces événements, entre le 10 et le 20 octobre, 89 personnes avaient été tuées dans des attaques israéliennes à Gaza. L'IRIS note que la situation reste "très volatile" et que la phase de désarmement prévue risque d'impacter les rapports de force.

Si les efforts diplomatiques ne parviennent pas à contenir cette escalade, le plan sera caduc.

Position de l'administration américaine

L'administration Trump, architecte de l'accord de Gaza, est fortement impliquée dans la gestion de cette crise et tente de sauver son initiative diplomatique.

Minimiser la crise pour sauver l'accord

Face à l'escalade, la réaction américaine a été de défendre la pérennité de l'accord. Le président Trump a assuré que le cessez-le-feu était "toujours en vigueur" après les frappes israéliennes.

Sa stratégie semble être de minimiser la responsabilité de la direction du Hamas pour éviter une rupture officielle. Il a suggéré que les dirigeants n'étaient peut-être pas impliqués dans les violations présumées (que le Hamas nie), blâmant plutôt "certains rebelles au sein du mouvement". Il a ajouté que la situation serait gérée "fermement, mais correctement".

Surveillance et objectifs régionaux

Les États-Unis surveillent activement la situation, notamment via des drones au-dessus de Gaza. Cette surveillance suggère que la "confiance absolue" n'existe pas entre Israël et les États-Unis, et que Washington cherche à "éliminer toute possibilité de malentendu".

L'administration poursuit également des objectifs régionaux plus larges, notamment la relance des Accords d'Abraham et la normalisation avec l'Arabie Saoudite.

Concernant le Liban, la politique américaine met fortement l'accent sur le désarmement du Hezbollah. Les États-Unis semblent soutenir une approche ferme sur cette question. Le gouvernement libanais a d'ailleurs affirmé sa détermination à achever le désarmement au sud du fleuve Litani avant la fin de l'année.